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27 juillet 2014 7 27 /07 /juillet /2014 12:06

http://carotte.takaweb.org/wp-content/uploads/2014/01/7768894125_reparer-les-vivants-de-maylis-de-kerangal-verticales.jpg

 

« Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps. Que subsistera-t-il, dans cet éclatement, de l’unité de son fils ? Comment raccorder sa mémoire singulière à ce corps diffracté ? Qu’en sera-t-il de sa présence, de son reflet sur Terre, de son fantôme ? »

 

 

Ce roman, j’en avais vu la présentation à la Grande Librairie, bien sûr… et les prix littéraires ont afflué… Grand prix RTL-Lire 2014 - Prix des lecteurs l'express-BFMTV 2014 - Prix littéraire Charles-Brisset 2014 - Prix orange du livre 2014 - Prix Paris Diderot-esprits libres 2014 - Prix Relay des voyageurs avec « Europe 1 » 2014 et Roman des étudiants France Culture-Télérama 2014. Rien que ça… Bon pour être honnête avec vous, je ne me fie pas vraiment aux prix littéraires… parfois je m’en méfie même un peu… mais là, certaines personnes que j’estime me l’avaient conseillé… donc j’avais envie de lire ce phénomène de l’année et me faire mon propre avis… chance, on me l’a prêté ! Donc voilà, je viens de le terminer.

Le début m’a déconcerté… une écriture spéciale avec des phrases à rallonge (ce que je n’aime pas particulièrement), des termes assez techniques sur le surf (Simon est un passionné de surf), activité dont je ne connais rien à part les images de vagues que l’on voit parfois à la télé… Cela m’a un peu refroidi, et j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire… et puis Maylis nous prend par la main, les sentiments, les émotions, comme ça, l’air de rien… et on fait connaissance avec Simon… c’est singulier car on sait que Simon va mourir et donner son cœur pour que vive une autre personne… on fait connaissance aussi peu à peu avec son entourage… ses parents, sa petite sœur, ses copains, sa petite amie… on fait connaissance aussi avec le médecin qui va le réceptionner dans le service de réa et constater sa mort cérébrale (état très particulier de décès, mais avec toutes les apparences de la vie grâce aux appareillages médicaux modernes), avec le médecin chargé des transplantations, etc. On fait des allers et retours entre toutes ces personnes et d’autres, dans leurs vies, leurs sentiments, leurs passions… et les moments clés de cette journée et de cette nuit si particulières où tout se joue, s’entrechoque… on alterne émotions, humanité et techniques… peu à peu on passe du drame absolu de la mort d’un jeune homme, Simon, à un début d’acceptation de la réalité de sa mort et à la possibilité de donner quelques uns de ses organes pour que d’autres personnes vivent… on va accompagner toutes ces personnes jusqu’au moment où le transfert aura été effectué et que la vie reprend ses droits et continue. J’ai été particulièrement touchée par les parents de Simon. Maylis a su parler de tout ce qui peut se bousculer dans leurs têtes, leurs cœurs dans ce moment si dur et contre nature, où des parents doivent vivre et survivre à la mort de leur enfant.

Livre très fort, délicat, dur… Les angles pris pour le traiter sont vraiment bien vus… perso donc, juste un peu gênée par son écriture, parfois… mais cela n’enlève rien à sa force et je vous conseille vivement de le lire.

 

 

« Que deviendra l'amour de Juliette une fois que le cœur de Simon recommencera à battre dans un corps inconnu, que deviendra tout ce qui emplissait ce cœur, ses affects lentement déposés en strates depuis le premier jour où inoculé ça et là dans un élan d'enthousiasme ou un accès de colère, ses amitiés et ses aversions, ses rancunes, sa véhémence, ses inclinations graves et tendres ?

Que deviendront les salves électriques qui creusaient si fort son cœur quand s'avançait la vague ? »

 

 

Résumé éditeur :

"Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps". Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.

 

 

« Car ce que Goulon et Mollaret sont venus dire tient en une phrase en forme de bombe à fragmentation lente : l'arrêt du cœur n'est plus le signe de la mort, c'est désormais l'abolition des fonctions cérébrales qui l'atteste. En d'autres termes : si je ne pense plus, alors je ne suis plus. Déposition du cœur et sacre du cerveau - un coup d’État symbolique, une révolution ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

 

http://www.babelio.com/livres/Kerangal-Reparer-les-vivants/554621

 

 

« Elle réalise soudain qu'elle ne veut pas retourner chez elle, il n'est pas temps encore de revoir Lou, d'appeler sa mère, de prévenir les grands parents de Simon, les amis, il n'est pas temps de les entendre paniquer et souffrir, certains crieront dans le combiné, non, mon dieu, merde, putain c'est pas vrai, certains éclateront en sanglots quand d'autres la harcèleront de questions, prononceront des noms d'examens médicaux qu'elle ne connaîtra pas, lui citeront le cas d'une connaissance qui s'en est sortie quand on la croyait perdue.... »

 

 

« Sean soudain prend la parole : qu'est-ce qu'on va lui faire, concrètement ? il a dit "concrètement" - n'a pas émis ce balbutiement étranglé mais a tendu sa question, courageux en cet instant, soldat qui monte au feu, poitrail offert à la mitraille quand Marianne sert les dents sur la manche de son manteau. Ce qui aura lieu cette nuit dans l'enclave du bloc, l'idée qu'ils s'en font, ce morcellement du corps de Simon, sa dispersion, tout cela les épouvante mais ils veulent savoir. Rémige inspire longuement avant de répondre : on incise le corps, on prélève, on referme. Des verbes simples, des verbes d'action, des informations atonales pour contrecarrer la dramatisation liée à la sacralité du corps, à la transgression de son ouverture ».

 

 

« Ils vont s'éloigner mais Marianne se retourne une dernière fois vers le lit et ce qui la fige sur place est la solitude qui émane de Simon, désormais aussi seul qu'un objet, comme s'il était délesté de sa part humaine, comme s'il n'était plus relié à une communauté, inséré dans un réseau d'intentions et d'émotions mais errait, métamorphosé en une chose absolue, Simon est mort, elle se prononce ces mots pour la première fois, épouvantée soudain, cherche Sean qu'elle ne voit pas, se précipite dans le couloir, le découvre prostré accroupi contre le mur, lui aussi irradié par la solitude de Simon, lui aussi certain de sa mort à présent. Elle s'accroupit devant lui, cherche à soulever sa tête en plaçant ses mains en coupe sous sa mâchoire, viens, viens, partons d'ici - ce qu'elle voudrait lui dire c'est : c'est fini, viens, Simon n'existe plus ».

 

 

« (…) elle les voit qui passent devant elle, le père et la mère, (…) elle suit des yeux leur marche lente vers les hautes portes de verre ; s'adosse contre un pilier pour mieux les voir : la verrière est devenue miroir à cette heure, ils s'y reflètent comme se reflètent des fantômes à la surface des étangs les nuits d'hiver ; ils sont l'ombre d'eux-mêmes aurait-on dit pour les décrire, la banalité de l'expression relevant moins de la désagrégation intérieure de ce couple que soulignant ce qu'ils étaient encore le matin même, un homme et une femme debout dans le monde, et à les voir marcher côte à côte sur le sol laqué de lumière froide, chacun pouvait saisir que désormais ces deux-là poursuivaient la trajectoire amorcée quelques heures auparavant, ne vivaient déjà plus tout à fait dans le même monde que Cordélia et les autres habitants de la Terre, mais effectivement s'en éloignaient, s'en absentaient, et se déplaçaient vers un autre domaine, qui était peut-être celui où survivaient un temps, ensemble et inconsolables, ceux qui avaient perdu un enfant. »

 

 

« Ce qui la tourmente, c'est l'idée de ce nouveau cœur, et que quelqu'un soit mort aujourd'hui pour que tout cela ait lieu, et qu'il puisse l'envahir et la transformer, la convertir -histoires de greffes, de boutures, faune et flore ».

 

 

 

« Surtout, elle ne pourra jamais dire merci, c'est là toute l'histoire. C'est techniquement impossible; merci, ce mot radieux chuterait dans le vide. Elle ne pourra jamais manifester une quelconque forme de reconnaissance envers le donneur et sa famille, voire effectuer un contre-don ad hoc afin de se délier de sa dette infinie, et l'idée qu'elle soit piégée à jamais la traverse ».

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 13:07

http://cache.20minutes.fr/illustrations/2013/06/02/mort-quatre-tombeaux-1332627-616x0.jpg

 

« – ... Bon Dieu, Macleod, vous êtes une foutue tête de mule d’Écossais.

– C’est un trait de caractère national. Nous n’aimons pas qu’on nous dise ce que nous devons faire. Les Anglais essayent depuis des siècles ».

 

 

Premier roman que je lis de Peter May (un Ecossais) découvert également grâce à François Busnel et ses carnets de route de la Grande Librairie. Le mort aux quatre tombeaux est un polar qui se lit très bien, une sorte de chasse aux trésors avec des énigmes. Ici, les trésors sont des parties d’un cadavre avec des objets à côté, qui sont tous des indices pour trouver le lieu d’une autre cache. Et à chaque fois, le nom de l’un des meurtriers est révélé. Et permet ainsi de résoudre le mystère d’un crime non résolu d’une dizaine d’années.

C’est un Ecossais, Enzo MacLeod qui vit en France et ancien médecin légiste de la police écossaise, qui suite à un pari idiot, se lance dans cette aventure non dénuée de risques.

Divertissant, avec des énigmes qui nous emmènent aux 4 coins de la France, dans le dédale de l’Histoire de France, ce n’est pas le roman du siècle mais est bien agréable à lire.

 

 

« On est tous stressés quand on passe un examen. Heureusement, en général, on ne tue pas ses professeurs. Difficile d’imaginer un groupe d’étudiants devenant catathymiques tous en même temps ».

 

 

Résumé éditeur :

Un pari lors d’une soirée trop alcoolisée amène Enzo MacLeod, ancien légiste de la police écossaise établi en France, à entreprendre une enquête autour de la mystérieuse disparition de Jacques Gaillard, ancien conseiller du Premier ministre devenu star de la télévision et dont on n’a plus aucune trace depuis le mois d’août 1996. Cette affaire énigmatique va le conduire de surprise en coup de théâtre d’un bout à l’autre de la France, dans un macabre jeu de piste imaginé par des esprits aussi brillants que machiavéliques.

 

 

« – Certains observateurs politiques estiment que « le peuple » n’est pas particulièrement qualifié ni assez bien informé pour prendre des décisions.

– Oh, c’est vrai, j’avais oublié que pour vous, les Français, l’État ne peut être dirigé que par une élite intellectuelle. D’après ce que j’ai compris, il est normal que le Président, le Premier ministre et la moitié du gouvernement sortent de l’ENA. Ah ! Les énarques. Ceux qui n’ont pas été choisis sont relégués en province pour administrer la populace ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

 

http://www.babelio.com/livres/May-Le-mort-aux-quatre-tombeaux/487496

 

 

« Enzo pointa l’index sur la coquille Saint-Jacques, puis sur l’abeille.

- Est-ce que ces objets vous évoquent quelque chose ?

Nicole réfléchit.

- L’abeille était l’emblème de Napoléon. Je vois des abeilles d’or brodées sur du velours bleu.

- Bien. Et la coquille ?

- Coquille Saint-Jacques… Un rapport avec les pèlerins, non ?

- Exactement. Depuis le Moyen Age, les pèlerins de toute l’Europe traversent le Sud-Ouest de la France pour se rendre en Galice, à Saint-Jacques-de-Compostelle.

- Oui, oui, dit Nicole en tapotant furieusement sur le clavier. Tenez, voilà : Compostela, de campo stella, le champ des étoiles. Le corps décapité de Jacques le Majeur y aurait été découvert en l’an 44.

Elle leva vers lui des yeux brillants d’excitation.

- Décapité ! Un autre indice ?

- Peut-être ».

 

 

« Il bondit sur ses pieds, enjamba une pile de livres, s’approcha du tableau blanc. Marqueur en main, il se retourna et, comme s’il était devant ses étudiants, commença :

- Hugues de Champagne est reparti en Palestine en l’an 1114, avec huit autres chevaliers. L’un d’eux était son vassal, Hugues de Payns, qui devint le premier Grand Maître de l’ordre des Templiers. Un autre, Geoffroy de Saint-Omer. Mais, voilà le plus beau…

Sophie et Bertrand n’avaient aucune idée de ce qu’il essayait de démontrer.

- Il y avait un autre Hugues. Hugues d’Hautvillers.

Le visage rayonnant, il leur lança :

- Vous comprenez ?

Sur le tableau, il écrivit Hautvillers, l’entoura d’un cercle et traça des flèches qui le reliaient à presque tous les autres éléments.

- Tout nous mène à Hautvillers. Le champagne, Dom Pérignon, le crucifix, saint Hugues, le pin’s, les Templiers. Tout ».

 

 

« Des gens qui s’estiment supérieurs aux autres. Des gens dépourvus d’empathie. Des gens tellement obnubilés par leurs idées grandioses qu’ils n’hésitent pas à commettre des crimes pour parvenir à leurs fins. Des gens persuadés d’être au-dessus des lois, bonnes pour les êtres inférieurs ».

 

 

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23 juillet 2014 3 23 /07 /juillet /2014 18:31

http://extranet.editis.com/it-yonixweb/IMAGES/BLF/P3/9782714443274.JPG

 

« Elle ignorait alors que harami signifiait bâtarde. De même, elle était encore trop petite pour éprouver l'injustice d'une telle injure et pour objecter que ce sont les parents d'un enfant illégitime qui sont à blâmer, et non l'enfant lui même- lui dont le seul tort est d'être né ».

 

 

Attention chef d’œuvre….

Il m’arrive parfois de pleurer quand je lis un livre, mais très rarement. Je me souviens de « Mille femmes blanches », « Ensemble c’est tout »… Et puis il y a maintenant « Mille soleils splendides » de Khaled Hosseini…

Ce livre m’a complètement bouleversé… surtout vers la fin. C’est un livre qui se déroule en Afghanistan sur plusieurs décennies : durant la monarchie, la république, l’occupation soviétique, leur chute, les moudjahidines au pouvoir, les luttes intestines des Seigneurs de guerre, l’arrivée des Talibans et finalement leur chute (livre écrit en 2007). Pays et surtout population malmenée, en guerre, en souffrance.

Ce livre est surtout le portrait, très beau et sensible, de deux femmes afghanes (Mariam et Laïla), courageuses à qui la vie ne fait vraiment pas de cadeau. Au fil des pages on suit leur vie, leur destin, leurs souffrances mais aussi leur rencontre, leur amitié…. C’est vraiment très fort, très bien écrit, sensible, très dur et violent aussi. Terrible et magnifique.

Au travers de Mariam et Laïla, c’est un témoignage émouvant et un hommage aux femmes afghanes et aux femmes en général, à leur courage et leur force qui leur permettent de vivre, d’avancer malgré toutes les embûches, les souffrances, les inégalités, les humiliations endurées car nées FEMMES.

Le destin de Mariam et de Laïla qui va finir par se rejoindre car on les marie de force au même mari, Rachid, homme brutal, inculte, méchant, m’a beaucoup touché. Je me suis attachée à ces deux femmes remarquables.

A lire, vraiment !

 

 

« Mariam regarda les flocons de neige tournoyer devant la fenêtre en se rappelant les paroles de Nana : chaque flocon est en réalité un soupir poussé par une femme accablée, quelque part dans le monde. Toutes ces plaintes silencieuses montaient au ciel et y formaient des nuages de plus en plus gros, jusqu'au moment où ils se brisaient en minuscules fragments qui tombaient sans bruit sur la terre.

"C'est pour rappeler aux gens ce que toutes les femmes comme nous peuvent endurer, avait-elle ajouté. Sans jamais se plaindre, en plus". »

 

 

Résumé éditeur :

Après l'immense succès des Cerfs-volants de Kaboul : le nouveau roman de Khaled Hosseini. Sur fond de chaos et de violence dans un Afghanistan déchiré par cinquante ans de conflits, l'histoire bouleversante de deux femmes dont les destins s'entremêlent, un chant d'amour poignant à une terre sacrifiée et à une ville : Kaboul. Forcée d'épouser un homme de trente ans son aîné, Mariam ne parvient pas à lui donner un fils. Après dix-huit années de soumission à cet homme brutal, elle doit endurer une nouvelle épreuve : l'arrivée sous son propre toit de Laila, une petite voisine de quatorze ans. Enceinte, Laila met au monde une fille. D'abord rongée par la jalousie, Mariam va finir par trouver une alliée en sa rivale. Toutes deux victimes de la violence et de la misogynie de leur mari, elles vont unir leur courage pour tenter de fuir l'Afghanistan. Mais parviendront-elles jamais à s'arracher à cette terre afghane sacrifiée, et à leur ville, Kaboul, celle qui dissimulait autrefois derrière ses murs « Mille soleils splendides ? »

 

 

« - Ouvre tes oreilles en grand et retiens bien la leçon: de même que l'aiguille d'une boussole indique toujours le nord, un homme qui cherche un coupable montrera toujours une femme du doigt. Toujours. Ne l'oublie jamais, Mariam. »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Hosseini-Mille-soleils-splendides/32013

 

 

« - Voilà Shahr-e-Zohak. La "Ville rouge". C'était une forteresse autrefois. Elle a été construite il y a neuf cent ans environ pour défendre la vallée contre les envahisseurs. Le petit-fils de Gengis Khan l'a attaquée au XIII° siècle, mais il a été tué lors de la bataille. Du coup son grand-père s'est chargé en personne de la détruire.

- Voilà bien l'histoire de notre pays, les enfants, (...). Une succession d'invasions. Macédonienne. Sassanide. Arabe. Mongole. Et aujourd'hui soviétique. Mais nous, on est comme ces murs là-bas. Abîmés, pas très jolis à voir, mais toujours debout ».

 

 

« Elle avait du mal à accepter qu'il lui parle sur ce ton, qu'il la traite avec mépris, qu'il la ridiculise, qu'il l'insulte, qu'il passe devant elle comme si elle n'était qu'un animal domestique. Mais, après quatre ans de mariage, elle savait ce qu'une femme était capable d'endurer sous l'emprise de la peur. Et le fait est qu'elle avait peur. Elle vivait dans la crainte continuelle des sautes d'humeur de Rachid et des moments où même les conversations les plus anodines devenaient pour lui prétexte à un affrontement, qu'il ponctuait à l'occasion de gifles ou de coups de poing et de pied. Parfois, il tentait de se faire pardonner à grand renfort d'excuses fallacieuses - parfois non ».

 

 

« Les saisons avaient passées....Mais Mariam s'en était à peine rendu compte. Elle avait vécu toutes ces années retranchée dans un coin de son esprit, une terre aride que n'atteignaient ni les regrets ni les lamentations. Une terre éloignée de tout rêve et de toute déception aussi. Là l'avenir importait peu et le passé ne renfermait qu'une leçon de sagesse: l'amour était une erreur dangereuse et son complice, l'espoir, une illusion perfide. Chaque fois que ces deux fleurs empoisonnées germaient en elle, Mariam les arrachait et les jetait avant qu'elles ne s'enracinent.

Mais ces derniers mois avaient tout changé. Laila et Aziza...étaient devenues un prolongement de sa personne. Sans elles, cette existence qu'elle avait tolérée si longtemps lui semblait tout à coup insupportable ».

 

 

« Rachid ne la remarqua même pas lorsqu'elle revint. Il avait le regard halluciné, ses mains serraient la gorge de Laila ; Déjà, le visage de celle-ci avait commencé à virer au bleu et ses yeux à se révulser. Mariam vit qu'elle avait cessé de lutter ; Il va la tuer, pensa-t-elle. Il en a vraiment l'intention. Mais elle ne pouvait et ne voulait pas le laisser faire. Rachid lui avait déjà tant pris en vingt-sept ans de mariage. Il n'était pas question qu'il lui ôte aussi Laila ».

 

 

« Mariam n'est jamais très loin. Elle est ici même, dans les murs qu'ils ont repeints, dans les arbres qu'ils ont plantés, dans les couvertures qui tiennent chaud aux enfants, dans leurs oreilles, dans leurs livres, dans leurs crayons. Elle est présente dans les rires aussi, et dans les prières qu'Aziza murmure lorsqu'elle s'incline vers l'ouest. Mais surtout, Mariam est présente dans son cœur à elle, où elle brille avec la force et l'éclat de mille soleils splendides ».

 

 

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20 juillet 2014 7 20 /07 /juillet /2014 12:14

http://www.livredepoche.com/sites/default/files/styles/cover_book_focus/public/media/imgArticle/LGFLIVREDEPOCHE/2012/9782253045533-T.jpg

 

« "C'est donc un journal ordinaire, mon père ? Vous n'y parlez pas de votre vie spirituelle ?

- C'est cela, la vie spirituelle : ces choses ordinaires que l'on fait tout au long de la journée." »

 

 

Je n’ai pas pu résister à lire de nouveau, très vite, un P.D. James avec son commandant Adam Dalgliesh… Apparemment « Meurtre dans un fauteuil » est antérieur au volume que j’ai déjà lu, « Le Phare ». Là, on trouve AD en convalescence après une maladie qu’on lui avait diagnostiquée mortelle…. Du coup, il avait fait une sorte de bilan de sa vie… et bien que sauf grâce à une erreur de diagnostic… il avait décidé de prendre beaucoup de recul avec son ancienne vie, surtout celle de policier de Scotland Yard. Néanmoins, il se rend à l’invitation d’un très vieil ami dans un centre pour personnes handicapées, Toynton Manor. Le père Baddeley qu’il n’a pas vu depuis plusieurs décennies veut lui demander son avis de policier. Or quand il arrive, le père Baddeley est décédé d’une crise cardiaque (selon la version officielle), est incinéré et enterré. Adam est triste, déçu d’être arrivé trop tard et même un peu coupable, perturbé… et de suite, son côté policier relève des détails, (des indices ?) qui lui font douter de la véracité de cette crise cardiaque. Pourtant, le père Baddeley était un vieil homme, malade du cœur, qui rentrait d’un séjour à l’hôpital. Tout porte à croire qu’il est effectivement mort d’une crise cardiaque. Mais, il décide de rester quelques jours et de voir ce qu’il peut apprendre et essayer de découvrir pourquoi le père Baddeley avait fait appel à lui… Il fait connaissance avec la « drôle » de communauté des patients, du personnel, des invités… peu à peu les morts s’accumulent… Contre son envie, il redevient le policier qu’il a toujours été et veut savoir, comprendre…

Bien écrit, bien mené, fouillé… on ne découvre qu’au bout d’un suspens presque pesant la vérité dans la toute fin du livre. Elle est douée PD James, y a pas à dire. Au niveau qualité, juste un peu en dessous du Phare.

J’aime cette auteure !

 

 

« Ce désabusement vis-à-vis de son métier était-il simplement dû à sa maladie, au rappel salutaire de l'inéluctabilité de la mort ?

Ou bien le symptôme d'un malaise plus profond, de cette période de l'âge mûr, où l'on rencontre alternativement des zones de calme et de vents capricieux, où l'on se rend compte que les projets remis le sont définitivement, que maintenant on ne visitera plus de ports inconnus, que ce voyage, et d'autres avant lui, étaient peut-être une erreur, où l'on ne se fie même plus aux cartes maritimes et au compas ».

 

 

Résumé éditeur :

Adam Dalgliesh, un des plus fins limiers de Scotland Yard, a reçu une lettre d’un vieil ami l’invitant à lui rendre visite. Lorsqu’il arrive à Toynton Manor - l’institution pour handicapés dont son ami est l’aumônier -, Dalgliesh apprend la triste nouvelle : le père Baddeley est mort. Dalgliesh ne croit guère à une crise cardiaque. Aussi s’attarde-t-il dans cette étrange demeure. Très vite, Toynton Manor lui apparaît comme un repaire où les intrigues, les haines, les jalousies créent une atmosphère irrespirable. La série de morts mystérieuses qui s’ensuivent ne fait que confirmer ses soupçons...

 

 

Toynton Manor a été construit par le grand-père de Wilfred. Son fils l’a laissé en fidéicommis à Wilfred et à sa sœur, Millicent. Wilfred a racheté sa part à elle quand il a ouvert son centre. Il y a huit ans, il avait contracté une sclérose en plaques qui progressait très rapidement. Au bout de trois mois, il s’est retrouvé cloué dans un fauteuil roulant. Puis il a entrepris un pèlerinage à Lourdes et a réussi à guérir. Il paraît qu’il avait conclu un marché avec Dieu : « Si tu me guéris, je consacre Toynton Manor et tout mon argent à aider les handicapés ». Dieu lui a rendu le service qu’il demandait et maintenant Wilfred s’acquitte de sa promesse. Il doit craindre de retomber malade si jamais il rompait le contrat. Je le comprends. J’agirais probablement comme lui. Au fond, nous sommes tous superstitieux, surtout en ce qui concerne notre santé.

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

 

http://www.babelio.com/livres/James-Meurtre-dans-un-fauteuil/8841

 

 

« Jennie Pegram se pencha par-dessus la table et, feignant le dégoût, dit avec une moue :

« Quel drôle de métier vous faites ! Attraper des assassins et les faire pendre ! Je ne comprends pas comment cela peut vous plaire.

- cela ne me plaît pas. En outre, on ne pend plus les criminels de nos jours.

- Vous les enfermez pour la vie, n’est-ce pas pire ? Et je parie que ceux que vous avez arrêtés dans votre jeunesse ont été pendus ».

Dalgliesh décela une lueur avide, presque lubrique, dans les yeux de la jeune fille. Ce  n’était pas la première fois qu’il constatait ce phénomène.

« Cinq, très exactement, répondit-il d’un ton calme. Curieux : c’est toujours de ceux-là que les gens veulent entendre parler ». »

 

 

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13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 11:58

http://www.babelio.com/couv/cvt_Les-heures-secretes_5185.jpeg

 

« - Ma Léa, il ne vous manque que le chapeau à voilette et le face-à-main… Vous êtes parfaite !

- Mais vous, mon gendre, je vais vous faire une confidence : je ne me fais pas à votre barbouze de guérillero mexicain. Vous savez, lorsque je pense à vous, vous avez toujours seize ans, la peau douce et des culottes courtes. Le bon vieux temps, quoi… « Bon vieux temps »… vous ne trouvez pas que c’est une expression grotesque ? Tout compte fait, à y voir de plus près, vous ne me paraissez pas aussi frais que ça…

Dans cette déclaration d’affection détournée, il s’enchante d’apprendre qu’elle pense à lui parfois, perçoit des regrets voilés. Et, comme toujours, ce vouvoiement qu’il adore… Ils n’ont jamais voulu adopter le « tu », malgré la pression insistante de leur entourage. Surtout celle de Régine et Nathan. Quant à Etienne, il comprenait, lui, les beautés subtiles du « vous », il en était jaloux. C’était un romantique un peu désuet. Et il le serait resté s’il avait vécu ».

 

 

C’est un livre que j’ai lu très vite, en quelques heures… tout au long de la lecture j’ai ressenti une sorte de malaise qui ne s’est pas dissipé jusqu’à la fin (j’avais espéré une fin qui m’apaise, mais non).

Ce n’est pas tant le fait qu’il s’agisse d’un livre qui parle beaucoup de personnes décédées, de passé, de fin de vie, d’amours malheureux ou inaboutis… mais surtout le fait que le narrateur, homme de 70 ans est tombé amoureux à 16 ans de la mère de son meilleur ami, Etienne… qu’il va épouser la sœur de cet ami, Régine… l’a-t-il jamais vraiment aimé ? ou l’a-t-il épousé pour être auprès de sa belle-mère, Léa, objet de sa passion, de son amour… mais inaccessible par son âge, et aussi qu’elle soit mariée à Nathan. Amour toujours présent, alors que Régine, Etienne et Nathan sont morts… il ne reste plus que lui, 70 ans, et Léa, 90 ans… ils finissent après bien des questionnements, un mal être ambiant, par s’avouer leur amour mutuel…

Après cet aveu, Léa veut finir sa vie tranquillement sans plus revoir Pierre… Lui, comme l’adolescent qu’il a été, veut l’emmener à Venise…

Et en parallèle de tout cela qui est déjà malsain, en tout cas pour moi, une nouvelle voisine du narrateur, une jeune femme divorcée de 35 ans (âge de sa propre fille) avec un jeune enfant, fait irruption dans sa vie…

Et peu à peu, il en tombe amoureux et une relation entre eux se met en place.

Je trouve que sous prétexte de liberté, d’abandon des conventions etc., Pierre, le narrateur, transgresse beaucoup de choses, « d’interdits » auxquels je tiens.

Cette liberté se paie aussi au détriment, souvent, de l’entourage… Pourquoi Etienne s’est suicidé ? Et Régine, comment a-t-elle vécu tout cela ? Nathan ?

Et pour en rajouter, comme si cela ne suffisait pas, certains secrets douloureux, sulfureux, remontent à la surface de sa mémoire à la fin du livre sur son enfance…

Non, j’avoue que cette lecture m’a vraiment mise mal à l’aise, bien que très bien écrit.

 

 

« Dormir lui est devenu encore moins facile sans Régine. Malgré l'inévitable usure du désir, ils avaient toujours gardé le besoin de s'enrouler l'un autour de l'autre, de s'encastrer serait plus exact. Chaque nuit, leurs corps se retrouvaient, s'emboîtaient à la perfection, comme si bras, cuisses, fesses et ventres avaient gardé l'empreinte et la mémoire des gestes.

Même déjà profondément endormie, lorsqu'il venait enfin se coucher, vers trois heures du matin, Régine l'accueillait tout contre elle. Ils sombraient dans un sommeil mitoyen, dormaient serrés et dépendants du moindre souffle de l'autre, de son moindre sursaut. Pareils à des chiots, pareils à des enfants, ils ne formaient plus qu'un tout inextricable. Enchevêtrés, blottis bien au chaud, ils se sentaient rassurés jusqu'au matin. Sans doute chacun recherchait-il dans cette harmonie des corps et sans avoir jamais en besoin de le dire un tendre réconfort pour affronter ses propres ténèbres ».

 

 

Résumé éditeur :

Pierre a été libraire. Il est à la retraite, se sent vieux, rumine les occasions manquées de sa vie. Son épouse est morte brutalement dans des circonstances dont il se sent coupable.

Son fils vit aux USA. Ils communiquent par mail. Il ne voit jamais son petit-fils qui ne parle même pas français. Sa fille voudrait le prendre en main, mais ses intrusions l’embêtent.

Il y a une personne qui sauve Pierre de ses ronchonnements d’homme vieillissant : c’est Léa, sa belle-mère. Elle a 90 ans et vit dans sa maison de repos en province. Il va lui rendre visite en moto.

Léa a gardé sa grâce féminine. Elle est drôle, dit tout haut, avec provocation, ce que d’ordinaire on ne dit pas. Pierre est tombé amoureux d’elle quand il avait 16 ans. Il était le meilleur ami de son fils, et il a fini par épouser sa fille.

Le roman met en scène les relations entre Pierre et Léa, la découverte progressive et l’aveu, finalement, de leur amour.

Car Léa aussi a aimé Pierre quand elle était encore jeune et lui un adolescent. Cette passion réprimée qui s’avoue trop tard est bouleversante. Parallèlement, Pierre, que Léa incite sinon à refaire sa vie, du moins à la continuer (« Secouez-vous, mon p’tit ») fait la connaissance d’une voisine de 35 ans, divorcée avec un petit garçon et, ragaillardi par les leçons de Léa, accepte cette possibilité d’un second amour.

 

 

« A présent que Léa et lui viennent de mettre fin à un silence de plus de cinquante ans, il prend conscience que chaque personne, à l'instant où elle disparaît, emporte avec elle son énigme, laisse ceux qui lui survivent dans une profonde ignorance, dans d'obsédantes conjectures. Une tombe, un secret. C'est bien ainsi ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Brami-Les-heures-secretes/261735

 

 

« Il sait bien, et pour cause, que le choix des livres est personnel. A tel point que, parfois, on se sent indiscret de découvrir à la dérobée la bibliothèque d'un lecteur. C'est comme une violation, une effraction de l'intimité, un portrait chinois ».

 

 

« Depuis longtemps il se rend compte qu’il s’est souvent jeté dans le désespoir d’autrui pour étouffer le sien propre, pour sortir de la noirceur de son petit moi. Régine, fine mouche, qui qualifiait ses actes de bravoure altruiste de « pis-aller », lui avait même vanté les bienfaits d’une psychanalyse, mais ce genre de thérapie, il s’en méfiait. Il trouvait qu’il s’en sortirait toujours mieux seul qu’à s’apitoyer sur son sort, qu’à lécher les plaies de son enfance ».

 

 

 

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 12:45

http://flof13.unblog.fr/2011/03/18/files/2011/03/lephare.jpg

 

« Elle doit avoir 80 ans et des poussières. Elle enseignait l'histoire, je crois. Votre discipline Adam, n'est-ce pas ? Mais vous étiez à Cambridge vous, si je ne me trompe. Elle sera soit une alliée soit une enquiquineuse. D'après ce que je sais des femmes universitaires, je pencherais pour la seconde option ».

 

 

Bien sûr je connaissais P.D. James de nom, de réputation… ne cherchez pas à comprendre pourquoi, moi qui adore les polars, je ne l’avais pas encore lue…. C’est ainsi !

J’ai vu dernièrement une interview très instructive de cette vieille dame délicieuse, pétillante d’intelligence. C’était avec François Busnel lors de ses fameux Carnets de voyage en Grande Bretagne. Elle expliquait comment elle écrivait, avec quelle précision elle construisait son intrigue avant d’écrire le moindre mot.

Je la découvre donc avec « Le Phare » et l’un de ses « héros » récurrents, Adam Dalgliesh. Et franchement, j’ai beaucoup, beaucoup aimé ! Très belle écriture, grande capacité à créer des ambiances, à nous entraîner dans l’intimité de ses personnages. Une intrigue ciselée, un engrenage bien huilé qui nous emmène jusqu’au bout… Oui vraiment, très, très bien. Sympa AD ! Précipitez-vous…

 

 

« Mrs Burbridge prit alors la parole : « Nous ne sommes certainement pas ici pour nous fournir mutuellement des alibis. Il n’y en a pas besoin pour un suicide ».

Jago intervint : « On n’envoie pas non plus un grand ponte de la Metpar hélicoptère pour un suicide. Il y a un problème avec la police de Cornouailles ? J’aurais cru qu’elle était assez compétente pour enquêter sur un suicide ». Il s’interrompit avant d’ajouter : »Ou sur un meurtre, aussi bien ».

Tous les regards se tournèrent vers Dalgliesh. « Personne ne doute de la compétence des services de police locaux, observa-t-il. Je suis ici avec l’accord de la gendarmerie de Cornouailles. Ils sont surchargés de travail, comme presque toutes les forces de police. Et cette affaire doit être réglée le plus rapidement possible, dans la plus grande discrétion. Pour le moment, j’enquête sur une mort suspecte, c’est tout ». »

 

 

Résumé éditeur :

Au large de la Cornouailles anglaise, Combe Island abrite une Fondation destinée à permettre à des personnalités éminentes de venir jouir de la quiétude de ce lieu coupé du monde et se ressourcer à l'iode marin. Outre les résidents permanents - Emily Holcombe, dernière héritière des propriétaires de l'île, Rupert Maycroft, l'administrateur de la Fondation, Adrian Boyde, le comptable, Dan Padgett, le factotum, etc. -, Nathan Oliver, un écrivain de réputation mondiale, y séjourne régulièrement, accompagné de sa fille Miranda et de son secrétaire Dennis Tremlett. Alors que l'île accueille deux nouveaux visiteurs, l'un de ses habitants est retrouvé mort dans des conditions pour le moins suspectes. Chargé de mener une enquête aussi rapide que discrète, car Combe Island doit prochainement servir de cadre à un sommet international, le commandant Dalgliesh acquiert très vite la certitude qu'il s'agit d'un crime. Mais l'île est soudain la proie d'une autre menace, beaucoup plus insidieuse, celle-ci, et qui compromet la participation de Dalgliesh... Dans le huis clos d'une île battue par les vents se trouvent réunies toutes les qualités chères aux aficionados de la " reine du crime " : évocation vivante des lieux, incursions subtiles dans la vie des personnages, sans oublier les rebondissements d'une intrigue trépidante.

 

 

« Il s’approcha au bord de la falaise, s’arc-bouta des pieds et se pencha en arrière dans le vide. C’était la toute première étape, et elle s’accompagna du mélange de terreur et d’euphorie qui hantait encore sa mémoire. Si le point d’ancrage ne tenait pas, c’était un plongeon de vingt-cinq mètres vers la mort. Mais la corde se tendit et résista. Pendant une seconde, presque à l’horizontale, il leva les yeux vers le ciel. Les nuages filaient à toute allure dans un tourbillon de blanc et de bleu pâle et au-dessous de lui, la mer, avec un bruit mat, heurtait la façade rocheuse en vagues sonores et implacables qu’il lui semblait entendre pour la première fois ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

 

http://www.babelio.com/livres/James-Le-phare/8839

 

 

« Le moment venu, ils quittèrent les communs d’un pas rapide et silencieux et traversèrent furtivement la lande comme deux conspirateurs. La porte du Puffin Cottage était verrouillée, mais le trousseau de clés que Maycroft leur avait remis était soigneusement étiqueté. Refermant la porte et tournant la clé calmement derrière eux, Kate éprouva une impression familière de malaise, presque des scrupules. Elle n’avait jamais aimé cette partie de son travail. Elle avait mené un grand nombre de perquisitions au fil des ans, dans des taudis puants aussi bien que dans de luxueux appartements impeccablement tenus, et avait toujours éprouvé un pincement de culpabilité irrationnelle, comme si c’était sur elle que pesaient les soupçons. Elle détestait plus que tout violier l’intimité des victimes, fouiller comme un prédateur lubrique dans les vestiges souvent pathétiques des morts. Mais ce matin-là, ce sentiment de gène fut fugace, éclipsé par l’euphorie de la colère et de l’espoir ».

 

 

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 11:33

http://1.bp.blogspot.com/-4Qmo9TMbML4/TkBYP__n0bI/AAAAAAAACtA/3O64cjiM_O8/s1600/la%2Bchambre%2Becarlate.jpg 

« Les meurtriers laissent leur signature derrière eux, dis-je. Toujours, même s'ils essaient de la cacher. Parce que la signature d'un meurtre est un peu comme le sens d'un poème. Il y a le sens que le poète a voulu lui donner, mais il peut aussi y avoir un sens caché, dont le poète n'avait pas conscience. Parfois, un meurtrier croit savoir quelle signature il a laissée, mais sa vraie signature est en réalité autre chose ».

 

 

Il y avait longtemps que je n’avais pas lu un « Nicci French ». Je ne regrette pas. Bien qu’un peu lent (mais pas ennuyeux), j’ai bien aimé l’intrigue. On suit Kit, une psy qui aide ponctuellement la police. C’est lors de l’un de ses entretiens avec un criminel potentiel qu’elle se fait agresser par ce dernier, Doll, un « drôle » de pauvre gars trouble et malsain.

Lorsqu’elle revient de sa convalescence (avec une grande cicatrice sur son visage, souvenir de l’agression), elle est de nouveau mandatée par la police pour une enquête où ce fameux Doll est suspecté par la police. Les inspecteurs sont persuadés de sa culpabilité et complètement obnubilés par Doll et veulent à toute fin l’inculper et l’enfermer. Kit n’est pas de cet avis, le fait relâcher et veut absolument reprendre toute l’enquête à sa manière et reprendre tous les éléments sous un angle nouveau. Son attitude et ses conclusions ne plaisent absolument pas à la police qui lui mène la vie dure.

Petit à petit l’intrigue avance mais on est dans le brouillard comme Kit et la police.

J’avoue, je ne m’attendais pas du tout au dénouement. Bien vu !

Un bon suspens, à lire.

 

 

« - « Et si vous vous trompez, cher Docteur ? Si c’est Doll le tueur ?

- Ecoutez, dis-je, je n’ai jamais affirmé que Doll était innocent. J’ai dit qu’il n’y avait aucune preuve. Tout ce que je veux faire, c’est reprendre l’ensemble des éléments que vous avez rassemblés et les examiner comme si je ne connaissais même pas son nom ».

Quelqu’un grommela quelque chose que je ne compris pas, quelqu’un d’autre partit d’un gros rire.

- « Ça suffit, dit Orban sèchement. La réunion est terminée. Désolé, Kit ». Il regarda ses adjoints avec dédain. « J’ai envie de vous dire qu’ils sont moins bêtes et méchants qu’ils n’en ont l’air, sauf que ce n’est pas vrai. Mais je suis sûr que vous saurez vous défendre. Je vous laisse avec Guy maintenant. Ça vous convient ?

- Tout à fait ». Ça ne me convenait pas du tout ».

 

 

Résumé éditeur :

Psychiatre à Londres, Kit est appelée à participer à l’enquête de police sur l’assassinat d’une jeune fugueuse sur les bords du canal. Tous les soupçons se portent sur un certain Michael Doll et la police n’attend d’elle qu’une confirmation scientifique de sa culpabilité. Au moment de dresser son profil psychologique, Kit hésite. Dol est-il vraiment le coupable ? Seule contre tous, en butte à l’hostilité des policiers, Kit refuse de se fier aux apparences. Pour élucider cette affaire, elle devra aller plus loin, dépasser ses préjugés, au risque de réveiller ses propres démons.

Un thriller psychologique porté par une remarquable tension dramatique.

 

 

« - « Kit ! Comme je suis contente que tu sois de retour. Tu as de la visite. J’ai dit à ce monsieur que je ne savais pas à quelle heure tu rentrerais, mais il a préféré t’attendre. C’est un ami à toi ».

J’ôtai ma veste et m’avançai. J’aperçus la nuque d’un homme dépassant du sofa. Il se leva.

- « Vous aviez dit que vous reviendriez me voir », dit-il de sa petite voie aigue.

C’était Michael Doll, portant le même sinistre pantalon orange que le jour de ma visite et un très vieux maillot de coton gris, avec de grandes auréoles de sueur sous les bras.

- « Michael ! ». Je ne savais que dire. C’était comme si un cauchemar récurrent avait pris possession de mon appartement.

- « Je vous ai attendue, dit-il, plaintivement.

- Comment avez-vous su où j’habitais ?

- Je vous ai suivie dans le métro, une fois, répondit-il, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Mais vous ne m’avez pas remarqué ». »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

 

http://www.babelio.com/livres/French-La-chambre-ecarlate/9937

 

 

« « - Mais l’idée est intéressante. J’y ai réfléchi. Tu as trouvé ça quelque part ?

- Je crois t’avoir dit que c’était un rêve que j’avais depuis mon agression.

- Une chambre écarlate. C’est intéressant. Une chambre sanglante. Crois-tu que cela représente une sorte de matrice ? Ta mère est morte quand tu étais petite, non ? Crois-tu que ce rêve exprime ton désir de retourner dans l’utérus de ta mère morte ? »

Je sentis une puissante envie de saisir un gros objet dur et de lui en donner de violents coups sur la tête.

« Non, je ne crois pas, dis-je. Je crois que c’était un rêve inspiré par une grande peur, parce que, crois-le ou non, me faire attaquer et balafrer le visage m’a fait une très grande peur.

- C’est possible, dit Sebastian pensivement. As-tu écrit quelque chose sur le sujet ? Un article en prévision ?

- Non, répondis-je. Quand il m’arrive d’écrire, c’est plutôt sur les rêves des autres.

- Hmmm…. C’est très bien, dit Sebastian. Très bien ». »

 

 

 

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 16:01

 

http://www.babelio.com/couv/cvt_Lumiere-noire_5614.jpeg

« Soudain elle reprit conscience. Elle voyait. Entendait. Et le son de voix féminines, suaves, chaudes, caressantes, la mit en confiance. Elle leur répondit, mentalement et non tout haut, car elle continuait à s'accrocher à sa léthargie comme à une bouée de sauvetage ».

 

 

Je ne connaissais pas cette auteure britannique, Minette Walters. Je l'ai découverte récemment lors des Carnets de route de la grande librairie. J'ai eu envie de la lire. Et voilà et je ne regrette pas. Lumière noire est un bon thriller. Le suspense est bien mené. Jusqu'au bout plusieurs suspects me paraissaient plausibles. Bien écrit cela se lit bien. C'était tout à fait ce qu'il me fallait pour une reprise de lecture après une anesthésie. Pour les amateurs du genre, à découvrir.

 

 

« Vous dites que c’est quelqu’un de distant. Pensez-vous néanmoins qu’il ait de l’affection pour Jinx ?

- Oui, d’une façon assez bizarre. Jamais il ne la touche, il s’assoit et se met à la contempler comme si elle était un vase en porcelaine. J’ai l’impression qu’il en est baba. Il est vrai que pour un porc comme lui, avoir une fille aussi distinguée, sans compter que les deux autres rejetons sont des abrutis de première ». Il réfléchit un instant. « Affection n’est pas vraiment le terme. Je parlerais plutôt d’idolâtrie.

- Comment réagit-elle ?

- Par le mépris. Vous comprenez, ce n’est pas Jinx qu’il idolâtre, c’est une Jinx telle qu’il l’imagine. Je veux dire qu’à moins d’être gâteux, il est difficile de la prendre pour un vase en porcelaine. Un solide pot en faïence, qui rebondit quand on le laisse tomber et résiste à tous les lavages, voilà qui me paraît une meilleure comparaison ».

 

 

Résumé éditeur :

Quand Jane Kingley se réveille dans une clinique de Salisbury après son prétendu suicide, elle a tout oublié des événements qui l'ont conduite là. Pourquoi son entourage et sa famille affirment-ils qu'elle n'a pas pu supporter la trahison de Leo Wallader, cette ordure, qui a filé avec sa meilleure aime ? Dans le chaos de sa mémoire défaillante, assaillie de pressentiments horribles, Jane refuse cette explication. Avec l'aide ambiguë du docteur Proterhoe, la jeune femme tente de comprendre, d'explorer ses cauchemars, de rassembler des indices, de découvrir l'invraisemblable et sanglante vérité.

 

 

« En se jetant d’une voiture roulant à toute vitesse, elle aurait pu être défigurée. Pourquoi ne pas avoir cherché un moyen moins désagréable ?

- Parce qu’elle aime le drame ! répliqua Maddocks avec mépris. De toute façon, elle n’a pas été défigurée. Quand ses cheveux auront repoussé et que les égratignures auront disparu, il ne lui restera plus aucune trace. En définitive, elle s’en est plutôt bien tirée. Trop bien pour une tentative de meurtre ou un suicide, vous ne trouvez pas ? »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

 

http://www.babelio.com/livres/Walters-Lumiere-noire/42414

 

 

 

« Vous oubliez qu’elle a déjà connu ça avec Russel. Elle sait bien ce qui se produit lorsque l’auteur d’un meurtre n’est pas arrêté. Les proches de la victime ne peuvent s’empêcher de se sentir coupables et n’arrêtent pas de se bigorner. Le soupçon est une chose diabolique, doc. Je le sais. Je suis passé par là. Il est arrivé à mon vieux de m’accuser de choses terribles, non parce qu’il savait que je les avais commises, mais simplement parce qu’il avait peur que ce soit le cas ». 

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 16:19

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« Simon avait les pieds cloués de chaque côté d’un tronc d’olivier, les bras attachés à la traverse. Ses pouces étaient contractés : un nerf lésé par le passage du clou, enfoncé entre deux os dans les poignets… Le visage était déjà déformé par l’agonie. Le poids du corps pesait tellement sur le thorax que l’asphyxie menaçait. Les muscles étaient tétanisés.

Un centurion autorisa la femme et l’enfant à approcher.

Le père de Judas regardait en l’air comme s’il tentait de rattraper son souffle. Ciborée enlaça ses jambes, et il se pencha vers eux. Une lueur de bonheur apparut sur ses traits torturés.

Puis elle s’agenouilla devant son fils.

« Judas, n’oublie jamais cela. Ce qu’a fait ton père était juste ». »

 

 Après avoir lu l’Evangile selon Pilate d’Eric-Emmanuel Schmitt, une amie m’a prêté ce livre me disant qu’il pourrait peut-être m’intéresser. Oh que oui ! Il m’a passionné. Je pensais en le démarrant qu’il traiterait principalement de ce geste de trahison qui parait tellement terrible : ce baiser qui désigne Jésus et le mène à la crucifixion. Bien sur, le livre en parle mais traite essentiellement de tout ce qui conduit Judas à réaliser ce geste tellement important.

On suit Judas depuis ses 10 ans, environ, où il voit mourir son père sur une croix car celui-ci a résisté aux Romains. On découvre la vie des Juifs sous l’occupation romaine, leur quotidien, difficile, leur résistance mais aussi leur collaboration. Le destin de Judas se construit dans ces temps très pénibles, avec comme moteur la haine pour les Romains, son envie de vengeance et sous l’emprise de Barabbas, chef rebelle qui a combattu avec le père de Judas, qui va utiliser sa haine et sa révolte pour en faire un guerrier, un assassin. Barabbas prendra également une sorte de place « paternelle » laissée dramatiquement vacante. Judas connaitra différentes vies avec toujours le même objectif : combattre les Romains, les mettre dehors et attendre le Messie. Dans son parcours de combattant, Judas est amené à rencontrer Jésus après ses 40 jours dans le désert. Il sera parmi les premiers à le suivre. Judas veut voir en lui le chef guerrier qu’ils attendent tous, pour soulever le peuple contre les Romains. Il sera aussi son ami. Jésus a beaucoup aimé Judas et vice-versa.

Judas est un être complexe et attachant, bien loin de l’image que nous laisse entrevoir les Evangiles. Je vous laisserai lire cet ouvrage passionnant pour comprendre cet ultime geste : la trahison via ce fameux baiser.

A lire !

 

 

« Le ton de Barabbas était sans réplique.

« Nous allons couper à la base l’envie que pourraient avoir certains villages de se détourner de nous. Nous allons démarrer de nouvelles actions, et je compte sur toi Judas ».

Il s’arrêta un instant, ignorant délibérément Nathanaël.

« Il faut tuer les collaborateurs. Il faut faire suffisamment peur aux villageois pour qu’ils n’aient pas d’autres choix que de nous aider. Il faut brûler leurs maisons, emmener leurs bêtes… Ils doivent être pour nous comme des étrangers.

- Mais tous ceux qui nous ont aidés jusque-là, que vont-ils penser ? Ils nous détesteront tout autant qu’ils détestent les Romains.

- Je ne me bats pas pour qu’on m’aime, mais pour gagner. Oui ils nous détesteront. Et après ? Quand nous serons les plus forts, crois-moi, ils nous aimeront à nouveau »

Ce cynisme mit Judas très mal à l’aise.

« Je ne peux pas être d’accord avec toi, intervint Nahanaël. On ne libère pas les gens en commençant par les enchaîner ». »

 

 

Résumé éditeur :

Deux hommes. Un dieu rejoint par son destin. Un geste d'amitié cachant la trahison... Le baiser de Judas reste l'un des gestes les plus ignobles de l'histoire. L'un des plus obscurs aussi... Pourquoi l'un des Douze, l'un des intimes du Christ. A-t-il vendu son maître ? La cupidité avancée par les textes sacrés ne supporte pas l'analyse : chargé de la bourse des apôtres, donc bénéficiant de la pleine confiance de Jésus. Judas manipulait tous les jours des sommes beaucoup plus importantes que les trente deniers qui lui auraient été offerts... Or, il n'est sur la mort de Jésus qu'une certitude : il a péri sur la croix, châtiment réservé aux rebelles à l'ordre romain. Et il paraît aujourd'hui évident qu'il a eu un rôle beaucoup plus actif dans la résistance juive à l'occupation romaine que les premiers Evangiles, écrits à destination des chrétiens de Rome, ne le laissent paraître. Judas, le " méchant ", n'aurait-il pas plutôt été un compagnon de lutte fidèle et enthousiaste ? Jusqu'à ce que... En s'imprégnant des études les plus récentes sur le sujet, en envisageant la vie entière de Judas, en redonnant à des images souvent figées une véritable vie romanesque. Hubert Prolongeau a développé l'option la plus vraisemblable : véritable ami de Jésus, Judas a trahi ce dernier quand leurs conceptions sur le combat mené ensemble ont divergé. Et leur conflit pose toute la question de la révolution : doit-elle se faire par les armes, comme Judas le veut ou par l'attente, la prière et l'espérance en un au-delà qui réparera les injustices subies sur cette terre, comme Jésus le préconise ? A travers une passionnante reconstitution de la Palestine de l'époque, c'est aussi un subtil changement de perspective qui se dessine. Et peut-être une nouvelle histoire qui s'écrit sous nos yeux.

 

 

"Judas passa le reste de la nuit à tenter de prévenir les uns et les autres du piège tendu par les Romains. Il eut très peur, car il n’arriva à trouver Archépios qu’au petit matin. Quand il l’eut alerté, épuisé, il décida de rentrer chez lui, espérant que de son côté Barabbas avait mené sa tâche au mieux.

Il vit la lueur rouge dans le ciel alors qu’il n’était plus qu’à cinq minutes de chez lui. Les incendies étaient fréquents à Jérusalem et tous craignaient qu’un jour l’un d’entre eux embrase tout un quartier et ne soit plus incontrôlable.

Un vague pressentiment lui fit presser le pas.

Quand il entra dans sa rue, il vit une foule de gens qui, des seaux et des bassines à la main, faisaient la queue depuis la fontaine pour tenter de réduire un brasier énorme.

Il réalisa que le rougeoiement qui déchirait la nuit venait de sa maison.

Il s’élança, hurlant le nom de sa femme et de ses enfants.

Et quand il fut sûr que seul le crépitement des flammes lui répondrait, il s’écroula".

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

 

http://www.babelio.com/livres/Prolongeau-Le-baiser-de-Judas/119014

 

 

« « - Et tout ce que nous avons fait jusqu’alors ?

- De toute façon, j’y pensais depuis longtemps. C’est là que mon père m’attend, là, j’en suis sûr, que mon destin doit se jouer ».

La douleur était réapparue sur ses traits.

« Nous allons partir en Judée. Marcher vers Jérusalem. La tâche sera rude. Mais je nous sens maintenant assez forts. Jérusalem est le centre du judaïsme. La bataille ne peut se perdre ou se gagner que là-bas. C’est là maintenant que nous devons aller ».

Judas frémit. Jérusalem… Y retourner… D’un coup ce dont il rêvait tout en le craignant se réalisait. Jérusalem S’attaquer directement au Temple, et par lui aux Romains. Pouvoir enfin lancer Jésus dans la vraie bataille, et cela à peine plus d’un an après l’avoir rejoint… Il ne sut plus quoi dire et se sentit oppressé comme s’il avait du mal à respirer ».

 

 

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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 19:02

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« En 1882, Boucher demanda donc naturellement à Rodin de le remplacer rue Notre-Dame des Champs.

Rodin succéda ainsi à Boucher. Camille avait déjà une œuvre à lui montrer, le buste de la « Vieille Hélène », exposé au Salon de 1882, d’un réalisme presque exagéré, celui de « Paul à 13 ans » était sans doute une œuvre plus tardive. « Tout de suite, il a reconnu les dons prodigieux de Mademoiselle Camille Claudel. Tout de suite, il a constaté qu’elle tenait de sa nature même un admirable, un incomparable tempérament d’artiste ». Très vite surtout, elle lui inspira une passion violente. Mais elle ne céda pas immédiatement et l’on peut imaginer que le jeu auquel elle se livra avec lui le fit terriblement souffrir : la célèbre lettre « à ma féroce amie », la première de ces lettres dont émanent tant de passion et tant de souffrance, pourrait être située en 1886…. »

 

 

Je suis particulièrement heureuse d’avoir reçu « Camille Claudel & Rodin : Le temps remettra tout en place » d’Antoinette Le Normand-Romain dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babélio. Merci beaucoup à Babélio et aux éditions Hermann, éditeurs des Sciences et des Arts.

Je suis très touchée d’avoir pu le découvrir car je ne vous cache pas que je suis une grande admiratrice de Rodin et de Camille Claudel. J’ai eu la chance de visiter le musée Rodin à Paris et bien sur également les salles consacrées à Camille Claudel. Un vrai bonheur.

Avant d’aller plus loin, je veux vous dire que les illustrations de ce livre sont superbes. Souvent en double page, on prend plaisir à admirer les œuvres de ces 2 grands artistes… et à les voir en parallèle, pour mieux se rendre compte comment elles se répondent ou s’éloignent.

L’auteur, Antoinette Le Normand-Romain, conservateur général du patrimoine et directeur général de l’INHA (institut national d’histoire de l’art), est une spécialiste de Rodin, et du coup, elle nous permet de comprendre, un peu, l’évolution de leurs œuvres au fil de leur histoire d’amour et de désamour. Ce n’est pas une biographie, mais un essai, richement documenté… d’ailleurs, au départ, il faut s’habituer un petit peu à jongler avec les références, se reporter aux différentes photos représentant les sculptures, les lieux ou les personnages… mais on se prend au jeu très vite et la lecture devient passionnante.

Ce livre m’a beaucoup intéressé et je vous le conseille vivement, d’autant plus si vous aimez Rodin et Camille Claudel (j’ai un petit faible pour cette dernière).

 

 

« A cette période, leurs deux œuvres sont parfois difficiles à distinguer. On le sait, Rodin avait confié à Camille le soin de modeler (grande preuve de confiance de sa part) des mains et des pieds pour « La porte de l’Enfer ». Mais elle ne négligeait pas pour autant son propre travail, fortement marqué toutefois par l’admiration qu’elle éprouvait pour son maître : ainsi, d’après la description qu’en donne Morhardt, le « Nu féminin accroupi » dont il ne reste qu’un fragment, pourrait être confondu avec les figures de la « Porte » tandis que « l’Homme penché » offre une référence à Michel-Ange, signe évident de l’influence de Rodin ».

 

 

Résumé éditeur :

Beaucoup d'encre a coulé sur la relation tumultueuse qui unit, pendant près de vingt ans, Auguste Rodin (1840-1917) et Camille Claudel (1864-1943), deux des sculpteurs les plus connus au monde. Les clichés abondent : Rodin, le génie cruel et solitaire d'un côté ; de l'autre, Camille, l'artiste maudite et vilipendée, symbole pour tant de générations du génie féminin opprimé. Dans Camille Claudel & Rodin. Le temps remettra tout en place, Antoinette Le Normand-Romain invite le lecteur à revivre l'histoire passionnelle de leur amour, aussi célèbre que tragique, tout en relevant le défi d'analyser et de comparer leurs œuvres avec l'œil expert et minutieux qui la caractérise. En partant des sculptures des deux artistes, elle structure son récit en trois temps : Sakountala, ambitieux et romantique chef-d’œuvre de Camille Claudel, reflète la passion partagée de leurs débuts (1882-1891) ; cette période où tant d'un point de vue sentimental qu'artistique ils jouissaient du bonheur d'être toujours compris ! Placée sous le signe de La Parque et la convalescente, la seconde partie met en lumière des jeux de références et d'inspirations croisées à l'époque où leur relation connaît son apogée. Au cœur du dernier chapitre, La Niobide, blessée, brisée, nostalgique, symbolise l'échec de Camille à la fois comme femme et comme artiste. Cet ouvrage tire de manière objective les conséquences esthétiques du rapprochement tumultueux entre les deux sculpteurs. Il éclaire, sous un jour nouveau, la fabrique de leurs œuvres respectives dont l'amour constitua un moteur tour à tour créatif et destructif.

 

 

 

« L’existence de Camille prit alors un tournant brutal : tout en conservant son atelier du boulevard d’Italie, elle s’installa en 1892 au 11 avenue de La Bourdonnais. Elle n’avait pas rompu toutes relations avec ses parents ; toutefois alors qu’auparavant ils recevaient volontiers Rodin chez eux, ceux-ci ne voulaient plus le voir au point qu’elle prenait soin de l’avertir des visites annoncées : « Ne venez pas ici car voilà la lettre que je reçois, lui écrit-elle au dos d’un billet de sa mère lui fixant un rendez-vous pour le lendemain. Evitons les histoires. Du reste je vais mieux ». Rodin continuait à lui venir en aide quand nécessaire, mais leurs liens professionnels et sentimentaux s’étaient distendus, de par sa volonté à elle et sans que cela l’empêche de terminer « La Valse » pour le Salon de 1893 ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio :

 

http://www.babelio.com/livres/Le-Normand-Romain-Camille-Claudel-et-Rodin--Le-temps-remettra-tout-/610479

 

 

"Mais ce n’est qu’avec « Les Causeuses », exposées à la Société nationale des Beaux-arts en 1895 qu’elle présenta au grand jour sa première réalisation en ce domaine : la sculpture à caractère autobiographique cédait dès lors sa place à des œuvres à la fois plus vivantes et plus profondes car le talent d’observation de l’artiste, ce talent qui la conduisit parfois aux railleries les plus cruelles, lui permit de rejoindre au-delà d’une banale scène de mœurs (quatre commères bavardant dans une voiture de chemin de fer), une sorte de vérité primitive qu’elle restitue avec humour dans ces minuscules figurines nues où seule compte l’attitude".

 

 

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