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17 mars 2015 2 17 /03 /mars /2015 21:23

http://1.bp.blogspot.com/-2N6MdMLwOlY/VHdp4t9dsJI/AAAAAAAAEJE/5ezB6B_RPDM/s1600/temps_sauvage.jpg

 

 

« Oyun n'avait pas souvenir de tels dzüüd dans son enfance. Le premier dont elle se souvenait était celui de 2001. Un hiver si rude et si long que sept millions de bêtes étaient mortes à travers le pays. Elle gardait en mémoire l'image de ces milliers de nomades encore fiers et solides quelques mois plus tôt, venus s'échouer pour mendier et mourir en silence, transis, dans les égouts d'Oulan-Bator. Les hommes avaient perdus tous leurs chevaux, les femmes tous les yacks et toutes les chèvres, et les enfants tous les agneaux et jusqu'à leurs petits chiots. Cet hiver-là avait tué en Mongolie plus d'âmes que les avions des tours de Manhattan ».

 

 

Bon et bien voilà, après la lecture du 2e tome des aventures du commissaire mongol Yeruldegger, « Les Temps Sauvages », je suis définitivement, irrémédiablement conquise par l’écriture de Ian Manook… et j’aime ces grands espaces, cette atmosphère qui oscille entre la violence parfois à l’état pur, et la poésie des paysages, des traditions, de l’humain.

J’aime comme Ian Manook, tout en nous emmenant tambour battant dans des intrigues où il vaut mieux, bien s’accrocher, nous parle de la Mongolie… celle éternelle des grands guerriers, des nomades libres sur la steppe, mais aussi de la Mongolie polluée, violente, pauvre, dénaturée par les traces de l’occupation soviétique, se cherchant désespérément un avenir.

J’aime ses personnages, avec leurs qualités, leurs forces mais aussi leurs défauts… et franchement Yeruldelgger n’est pas le dernier à ce petit jeu là… il en accumule quelques uns de défauts et perd les pédales à de nombreuses reprises… sa collègue et amie, l’inspecteur Oyun collectionne elle aussi dans un autre genre quelques belles conneries… J’ai aimé aussi son flic arménien vivant en France, baroudeur au grand cœur, Zarza, nouveau dans la galerie de personnages.

Je ne vous parle pas de l’histoire…. impossible à résumer. Ça part dans tous les sens et il ne faut pas s’endormir entre les lignes si on veut comprendre… mais que c’est bon, ça se tient… incroyable !

Dans mon billet sur le 1er tome, « Yeruldelgger », je vous avais dit que Ian Manook devait aimer passionnément la Mongolie. Ça transpire à chacun de ses mots… Confirmation dans ce livre, et je voudrais rajouter juste pour l’anecdote… que cet auteur doit être aussi très gourmand. Il nous parle encore assez souvent de la nourriture mongole, avec une gourmandise, une délectation qu’on ressent de manière incroyable (ceci dit, les spécialités mongoles ne m’attirent absolument pas… non non, rien que le thé salé au beurre de Yack, non merci !)… mais je crois qu’il est gourmand tout simplement, car il faut le lire nous parler de la gastronomie normande et on comprend ! lol

Bref, c’est un vrai plaisir de lire Ian Manook, et j’attends avec grande impatience le 3e volet des aventures de Yeruldelgger (ça y est, j’arrive à l’écrire sans trop réfléchir !).

 

 

« Mais ce qu’elle essayait d’imaginer de lui, c’était ce soldat seul dans son poste perdu au cœur de la steppe, sous un soleil de canicule déchiré par les orages secs de l’été. Par quoi est-ce qu’on commence à démonter jusqu’à la dernière vis un tracteur de mortier modèle 1939 de l’armée soviétique ? Quel caractère d’homme pouvait volontairement s’attaquer à une tâche aussi inutile ? Elle repensa à un roman italien que lui avait recommandé Yeruldelgger pendant une planque. Le Désert de je-ne-sais-quoi. Des Tartares peut-être. Des hommes perdus aux frontières de quelque part à attendre quelque chose. C’est ainsi qu’elle imaginait le jeune soldat, démontant et remontant son engin pour tromper l’ennui. Avec de temps à autre un regard inquiet vers l’horizon pour confirmer que rien n’arriverait jamais, comme un désir qu’on retient… »

 

 

Résumé éditeur :

Après le sujet des terres rares, ce nouvel opus des aventures de Yeruldelgger aborde la question des relations troubles de la Mongolie avec les pays voisins, ses affaires d’état, d’espionnage et de contrebande internationale.

Afin d échapper à un complot dont il est la cible, Yeruldelgger enquête sur la mort d’une prostituée et la disparition de son fils adoptif, tandis que ses équipiers cherchent à élucider deux morts très étranges. Leurs recherches les mènent aux confins de la Mongolie, de la Russie et de la Chine, ainsi qu’au Havre, où la découverte des cadavres de 6 jeunes garçons dans un container va donner à cette affaire une toute autre dimension.

 

 

« Il leur fallut plusieurs heures de marche et de romantisme français pour rejoindre le musée. Le professeur avait eu bien besoin de l’esprit des Lumières et de l’écoute de Grandgousier pour conjurer sa peur. Il se laissa glisser le long du pelage rêche incrusté de givre, enserra encore le cou du yack, puis le regarda disparaître dans la nuit d’un pas nonchalant mais sans hésitation. Il rentrait chez lui, et chez lui c’était n’importe où dans la steppe. Quand il eut disparu, le professeur aussi rentra chez lui. Il se laissa tomber dans son vieux fauteuil et la terreur de ce qu’il venait de vivre le secoua soudain de sanglots puissants.

Quand il parvint à se reprendre, après une longue gorgée d’artz, il chercha son portable et laissa un message à ce drôle de Yeruldelgger ».

 

 

Lien de la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Manook-Les-Temps-Sauvages/664908

 

 

« Le matin déjà, un brouillard jaune avait étouffé la ville… La deuxième ville la plus polluée du monde… même devant Mexico… une seule ville digne de ce nom au pays des steppes aux herbes ondoyantes, des troupeaux libres et sauvages et des lacs aux eaux pures et elle était plus dangereuse que Tchernobyl… Devait-il vraiment continuer à aimer ce pays qui courait à sa perte, avec la même arrogance qu’il avait chevauché, des siècles plus tôt, à la conquête de civilisations qui lui étaient cent fois supérieurs ? »

 

 

« Ce qui inquiétait le policier à mesure qu’ils approchaient du but, c’était la froidure et la noirceur du paysage autour d’eux. L’Otgontenger était un massif austère en hiver, mais plus que ses murailles de granit tailladées de failles et de ravines, plus que ses calottes glacées fracturées de séracs grisâtres, un air immobile et gris figeait aujourd’hui le décor dans une humeur funeste. Les lieux semblaient imprégnés à jamais du souvenir des victimes de l’Iliouchine et de leurs ultimes terreurs. Yeruldelgger en était intimement persuadé, tout comme il se convainquit assez vite que la montagne, ce jour-là, pleurait en silence un autre malheur. Peut-être était-ce ce qui rendait le Kazakh si taciturne. Lui aussi semblait devenir perméable à cette sensation étrange que la roche et la glace s’endeuillaient d’un tragique devoir. La première de se faire caveau, la seconde de devenir le linceul ».

 

 

« Méfie- toi d’un homme désespéré, mais tremble devant un homme désabusé. Surtout un flic désabusé ».

 

 

« Autour de la mine, à vingt kilomètres d'ici, la teneur en radon est cent fois plus élevée que les normes admises. En ville, on ne mesure plus depuis vingt ans, histoire de ne pas savoir. Mais je peux te dire qu'ici, on mange de l'uranium, on boit de l'uranium, et on respire de l'uranium. Et je ne te parle pas des métaux lourds et des boues toxiques dans laquelle tu patauges dès que tu descends du trottoir ».

 

 

http://culturebox.francetvinfo.fr/sites/default/files/styles/tvc_mea_1280_720/public/assets/images/2015/02/dans-quelle-eta-gere-ian-manook.jpg?itok=2lJ9NQq2

 

 

« La puissance soviétique a été capable, tu te rends compte ? Construire toute une ville et deux cents bornes de voies ferrées pour y amener jusqu'à cinquante mille Russes. Tu vois ce qu'il a fallu d'immeubles, de commerces, d'infrastructures pour exploiter cette putain de mine et leur piller leur uranium ? Enfin, je veux dire, ton uranium. Garder cette zone secrète, en virer les Mongols, l'effacer des cartes, l’interdire aux voyageurs. Pas étonnant qu'en retour, vous ayez été capables de vous venger comme ça ».

 

 

« Yeruldelgger s’assit à la table en bois, les pieds dans la neige au bord de la route, devant l’échoppe du vieil homme. Le bol de raviolis de mouton à la vapeur, gras et moelleux à souhait, fumait dans l’air glacé entre ses mains emmitouflées. Il tournait le dos à la bicoque du grand-père, une petite guérite de bric et de broc tout enturbannée de fumées d’huile des kuushuurs et de vapeurs des buzz. Quelques bières locales, des cannettes de Coca et des cigarettes de contrebande traînaient sur la planche qui faisait office de comptoir. Les buzz promettaient d’être délicieux. Il se souvint soudain de la dernière fois qu’il avait vu Colette et des kuushuurs savoureux qu’ils avaient partagés. C’était juste avant qu’il n’aille abandonner aux ours dans la forêt le corps blessé d’un salaud qui avait massacré une petite famille. Et maintenant Colette était morte elle aussi ».

 

 

« Les rares promeneurs le voyaient de loin, debout sur la plage face à la mer, immobile contre le vent puissant. Ils le prenaient pour un original d’abord, puis pour un fou et s’en moquaient entre eux, mais quand ils s’en approchaient, ils pressaient soudain le pas en silence, terrorisés par la force et la violence qui émanaient de cet homme au visage de barbare. Lui ne les regardait pas. Il devinait leur approche, sentait leur peur et les laissait passer derrière lui sans leur prêter attention. Il ne regardait que la mer impérieuse et immense et laissait monter en lui cette idée qu’il aimerait lui ressembler. Ne jamais renoncer, tout briser jusqu’à tout réduire en poudre de pierre, être trop grand pour être pris, pouvoir tout engloutir ».

 

 

"– On dirait qu’on lui a brisé la nuque, murmura Soulniz qui les avait rejoints et observait le corps du pêcheur.

– Et celui qui a fait ça a aussi brisé les reins de son chien, mais il avait une bonne raison.

– Comment ça ? s’inquiéta le flic.

Zarza s’agenouilla près du corps du labrador et lui ouvrit la gueule du bout des doigts.

– Ce n’est pas sa gueule qui saigne, c’est ça !

Il tira d’entre les crocs un petit bout de chair sanguinolente et le montra aux autres.

– Nom de Dieu, tu crois que…

– Oui. Le type attaque le marin, le chien défend son maître et mord l’agresseur. L’autre lui brise alors les reins pour se dégager, mais le chien ne lâche rien et le type part avec un bout de mollet en moins.

– Cette brute a vraiment fait ça ?

– C’est évident, client. Un témoin voit ce type plonger dans le port, et voilà que de l’autre côté du bassin quelqu’un massacre un marin et son chien. Ce n’est pas une coïncidence".

 

 

Interview de Ian Manook

 

 


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commentaires

L
<br /> coucou Fred<br /> <br /> <br /> tu verras, tu ne seras pas déçu ! un vrai plaisir cette lecture... :)<br />
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L
<br /> Coucou Lilou.<br /> C'est le prochain sur ma liste, j'ai hâte de retrouver Yeruldelgger ! <br />
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P
<br /> coucou du mercredi ma Véro .. je me motive pour ouvrir dans peu de temps .. un rhume en prime et du coup la tête de travers ... sauvage je suis aussi !! GRRRR !!! bizz ma belle<br />
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