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24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 19:27

http://www.babelio.com/couv/6424_572393.gif

 

« Je consomme autant de viande ici

en un hiver

qu’un pauvre en mange en Haïti

durant toute une vie.

Je suis passé en si peu de temps

de végétarien forcé à carnivore obligé.

 

Dans ma vie d’avant la nourriture

était la préoccupation quotidienne.

Tout tournait autour du ventre.

Dès qu’on avait de quoi manger tout était réglé.

C’est une chose impossible à comprendre

pour ceux qui ne l’ont pas vécue ».

 

 

Cela fait longtemps que j’ai dans l’idée de lire Dany Laferrière… Sa vie est entremêlée à deux pays qui me touchent… bien sûr et avant tout par le Québec, pays si cher à mon cœur… et Haïti, pays que j’ai deviné, senti quand je suis allée en République Dominicaine, toute proche… Et puis, tout de même, il est entré à l’Académie Française…. je pouvais donc imaginer qu’il écrit bien.

Et oui, il écrit bien, même très bien. Ça a été un réel plaisir de le lire, même si au début j’ai été un petit peu déroutée par sa manière de le faire… souvent à la lisière de la poésie, des paragraphes courts, entrecoupés de récits plus longs, plus classiques… mais avec un charme qui m’a envouté très rapidement. Ce n’est pas du tout comme Gabriel Garcia Marquez, mais il y a tout de même un petit quelque chose dans la manière de parler de la réalité, de façon, parfois, souvent un peu décalée… un pied dans le réel, un autre dans l’imaginaire, dans les étoiles… son écriture est parcourue par un même souffle épique, différent… il y a aussi une certaine proximité avec la mort, le passé…. j’ai beaucoup aimé me laisser embarquer dans son écriture, me laisser prendre par ses mots qui par moments sont de vraies pépites d’émotion.

Il sait très bien parler de son état d’exilé au Québec, du décalage entre l’homme du sud et les grands froids de l’hiver canadien… de son état de « choc » à l’annonce du décès de son père qu’il ne connait pas tant que ça, finalement… il se rend à son enterrement à Manhattan puis prend le chemin du retour, 33 ans après, vers son pays natal, Haïti pour annoncer le décès de son père à sa mère restée au pays. En douceur.

Retour vers ses racines, sa mère, sa sœur, sa famille, ses amis, ses souvenirs… retour étrange, ambigu,… impressions de se sentir étranger dans son propre pays. Et à l’inverse, Montréal lui manque… Où est sa véritable identité ?

Voyage intime, passionnant d’un homme à la recherche de lui-même. Eclairages également sur un pays pauvre, très pauvre, officiellement sorti de la dictature, mais dans la réalité, qu’en est-il ? La vie dans ce petit bout d’île est-elle un éternel recommencement avec son neveu qui pense à partir lui aussi et à écrire…

Un livre que j’ai lu rapidement et que j’ai beaucoup aimé. Si vous voulez découvrir Dany Laferrière je vous le conseille vivement.

 

 

« La chose la plus subversive qui soit,

et je passe ma vie à le dire,

c'est de tout faire pour être heureux

à la barbe du dictateur.

 

Le dictateur exige d'être au centre de notre vie

et ce que j'ai fait de mieux dans la mienne

c'est de l'avoir sorti de mon existence.

J’avoue que pour ce faire il m'a fallu jeter

parfois l'enfant avec l'eau du bain ».

 

 

Résumé éditeur :

Un jeune homme de vingt-trois ans a quitté son pays de façon précipitée. Un homme épuisé y retourne, trente-trois ans plus tard. Le jeune homme est passé de l’étouffante chaleur de Port-au-Prince à l’interminable hiver de Montréal. Du Sud au Nord. De la jeunesse à l’âge mûr. Entre ces deux pôles se trouve coincé le temps pourri de l’exil.

Une nuit, un coup de fil lui apprend le décès de son père à New York. Ce père qu’il n’a pratiquement vu qu’en photo. Cet événement le fait quitter la baignoire pour prendre la route. D’abord n’importe où, vers le nord; comme un adieu à cet univers de glace qui l’a tenu au frais si longtemps. Puis à New York pour les funérailles de son père, que l’exil avait rendu fou. Il compte le ramener à son village natal de Barradères, dans le sud d’Haïti. Pas le corps, qui appartient au voyage. Plutôt l’esprit. Des funérailles sans cadavre. Et le voici à Port-au-Prince, où il se terre dans une chambre à l’hôtel, n’osant regarder cette ville qu’il a tant rêvée là-bas dans sa baignoire, à Montréal.

Si, dans Je suis un écrivain japonais, Dany Laferrière s’était donné pour but de vider le concept d’identité de tout son contenu, il poursuit ici l’objectif contraire. Qu’est-ce qui fait que nous venons indéniablement d’un lieu, d’une culture ? Pourquoi sommes-nous toujours le fils de notre père ? Un roman à la forme neuve, originale, qui mêle haïku et narration. Un livre grave, poétique, onirique, réaliste. Le livre d’un très grand écrivain.

 

 

« Si on meurt plus vite qu’ailleurs,

la vie est ici plus intense.

Chacun porte en soi la même somme d’énergie à dépenser

sauf que la flamme est plus vive quand son temps pour la brûler

est plus bref ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Laferriere-Lenigme-du-retour/140933

 

 

« Chaque famille a son absent dans le portrait de groupe. Papa Doc a introduit l’exil dans la classe moyenne. Avant, un pareil sort n’était réservé qu’à un président qui venait de subir un coup d’Etat ou à un de ces rares intellectuels qui pouvait être aussi un homme d’action ».

 

 

« C’est par le bruit que la Caraïbe

est entrée en moi.

J’avais oublié ce vacarme.

Cette foule hurlante.

Ce trop-plein d’énergie.

Ville de gueux et de riches

débout avant l’aube ».

 

 

« Je note en croisant une petite foule en prière

qu’on parle ici de Jésus

sans arrière-pensée mystique,

comme s’il s’agissait

d’un type qu’on

a l’habitude de croiser

au coin de la rue.

Si on attend tout de lui,

on se contente finalement de peu.

La moindre surprise est accueillie

comme un miracle.

 

L’équilibre mental vient du fait

qu’on peut passer, sans sourciller,

d’un saint catholique à un dieu vaudou.

Quand saint Jacques refuse

d’accorder telle faveur

on va vite faire la même demande

à Ogou qui est le nom secret donné

à saint Jacques quand le prêtre a exigé

aux fidèles de renier le vaudou

pour pouvoir entrer dans l’Eglise ».

 

 

« Ce jeune homme qui nous a paru

si inquiétant avec ses cicatrices

au visage s’est révélé très doux.

Les blessures lui ont été faites

par un voleur surpris dans son champ.

Comme cela arrive bien souvent on avait

confondu victime et bourreau ».

 

 

« Nous avons deux vies.

Une qui est à nous.

La seconde qui appartient

à ceux qui nous connaissent

depuis l’enfance ».

 

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19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 06:25

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« Ma mère est une mauvaise pauvre. Une mauvaise pauvre est une pauvre qui ouvre sa gueule ».

 

 

Je vous avoue que je ne connaissais pas il y a quelques semaines Lydie Salvayre… et puis elle est passée dernièrement à La Grande Librairie sur France 5 (oui je sais, je suis fan de cette émission littéraire…) et j’ai beaucoup aimé son témoignage, sa douceur teintée d’une grande force, sa pudeur et sa révolte aussi devant les atrocités de la guerre d’Espagne. J’ai aimé comment elle a évoqué sa maman, Montse, Espagnole émigrée pendant la guerre d’Espagne. Elle évoquait avec tendresse sa maman qui avait du apprendre le français, et qui le martyrisait toujours un peu, et finalement qui s’était créé une langue bien à elle, le « fragnol » (mélange de français et d’espagnol). Et j’ai su que je lirai ce livre (bien avant qu’il ne reçoive le Goncourt) qui parlait de cette guerre que je connaissais surtout de nom et très peu dans les faits (Franco, les nationalistes, Guernica…). J’ai eu un peu peur tout de même, car elle faisait allusion à Bernanos, témoin de cette période terrible et qu’elle avait intégré à son roman. De Bernanos, je ne connaissais que le film avec Gérard Depardieu, tiré de l’un de ses livres « Sous le soleil de Satan ». Et le souvenir que j’en ai, n’est pas excellent du tout… Mais bon, je suis ouverte d’esprit, donc je me suis lancée dans l’aventure. Et je ne le regrette pas.

La maman de Lydie Salvayre est donc Montse, née en Espagne, dans un petit village. Elle est d’une famille pauvre de paysans. Elle a un frère, José, qui lui fera découvrir la liberté de s’exprimer et les grandes idées libertaires de cet été 36.

Montse, qui a 70 ans aujourd’hui, et qui a perdu la mémoire pratiquement complètement, se souvient seulement de cette année 1936 et un tout petit peu 1937… souvenirs rescapés d’une mémoire défaillante. Et elle raconte à sa fille, avec son « fragnol », très teinté d’espagnol (je ne parle pas du tout espagnol, j’ai été parfois un peu déroutée).

Le récit est parfois entrecoupé de courts échanges entre la mère et la fille, de nos jours, et de petits passages consacrés à Bernanos qui a l’honnêteté intellectuelle et du cœur, de se révolter et de dénoncer les horreurs de cette guerre, le soutien inacceptable de l’Eglise dans ces massacres… Du coup, je pense que je vais essayer de lire « Les grands cimetières sous la lune » de Georges Bernanos. Mon regard a un peu changé sur cet auteur.

Montse est une jeune fille (elle n’a que 16 ans au moment où débute l’histoire), coincée dans une éducation ancestrale, stricte, pauvre… qui aspire à la vie, à la liberté, au bonheur. Et qui devra faire face courageusement aux évènements, souvent violents, survivre… pour finalement s’exiler avec sa toute petite fille dans les bras… rejoindre son mari Diego, épousé sans amour (ils trouveront une certaine harmonie néanmoins), et vivre en France. Elle a beaucoup de force, cette Montse et je suis admirative. On sent la même force chez sa fille, Lydie Salvayre (ce n’est pas elle qui a fait le voyage de l’exil avec Montse, mais sa sœur aînée. Lydie est née plus tard, en France).

Je suis vraiment très heureuse de l’avoir lu, humainement parlant mais aussi pour les notions d’histoire récente méconnue que ce livre évoque avec beaucoup de force. A découvrir absolument. Bravo pour le Goncourt.

 

 

« José, mon oncle, le frère de Montse, est un rouge, ou plutôt un rouge et noir.

Depuis que sa sœur lui a rapporté sa visite chez les Burgos, il ne décolère pas. Les rouges en 36 ne décolèrent pas. Encore moins les rouges et noirs.

José considère que sa sœur a été offensée. L’Espagne de 36 regorge d’offensés.

Elle a l’air bien modeste ! Elle a l’air bien modeste ! Mais pour qui il se prend ce cabrón ! Il va le regretter ce sinvergüenza ! On va la lui faire avaler sa putain de phrase dégueulasse ! On va lui faire fermer la gueule à ce burgués !

Depuis son retour de Lérima, José n’est plus le même. Il a dans le regard le reflet de visions inouïes, ineffables, et à la bouche des mots d’un autre monde qui font dire à sa mère On m’a changé mon fils.

Chaque année, entre la récolte des amandes au mois de mai et celle des noisettes en septembre, José s’en va faire les foins en tant que saisonnier dans une grosse propriété des environs de Lérima, pour un labeur qui dépasse ses forces et un salaire dérisoire mais qu’il est fier d’offrir à ses parents.

Depuis l’âge de quatorze ans, ses journées se consument en travaux des champs qui commencent à l’aube et ne prennent fin qu’à la tombée du jour. Sa vie est réglée de la sorte. Et il ne songe pas un seul instant à la remettre en cause, et il ne songe pas un seul instant qu’il soit possible de vivre autrement.

Mais cette année-là, lorsqu’il arrive à Lérima accompagné de Juan, il trouve une ville qui a chaviré jusqu’au vertige, morale culbutée, terres mises en commun, églises transformées en coopératives, cafés bruissant de slogans, et sur tous les visages une allégresse, une ferveur, un enthousiasme qu’il n’oubliera jamais ».

 

 

Résumé éditeur :

Deux voix entrelacées.

Celle, révoltée, de Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les Nationaux avec la bénédiction de l’Église contre "les mauvais pauvres".

Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et "mauvaise pauvre", qui a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours enchantés de l’insurrection libertaire par laquelle s’ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d’Espagne, des jours qui comptèrent parmi les plus intenses de sa vie.

Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent et qui font apparaître l’art romanesque de Lydie Salvayre dans toute sa force, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, porté par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.

 

 

« As-tu comprendi qui étaient les nationaux ? me demande ma mère à brûle-pourpoint, tandis que je l'aide à s'asseoir dans le gros fauteuil en ratine verte installé près de la fenêtre.

Il me semble que je commence à le savoir. Il me semble que je commence à savoir ce que le mot national porte en lui de malheur. Il me semble que je commence à savoir que, chaque fois qu'il fut brandi par le passé, et quelle que fût la cause défendue (Rassemblement national, Ligue de la nation française, Révolution nationale, Rassemblement national populaire, Parti national fasciste ...), il escorta inéluctablement un enchaînement de violences en France comme ailleurs.

L'Histoire, sur ce point, abonde en leçons déplorables. Ce que je sais, c'est que Shopenhauer déclara en son temps que la vérole et le nationalisme étaient les deux maux de son siècle, et que si l'on avait depuis longtemps guéri du premier, le deuxième restait incurable ».

 

 

Lien du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Salvayre-Pas-pleurer/633376

 

 

« Comme si de rien était, des prêtres distribuent à leurs ouailles des images de la sainte Croix entourée de canons (ma mère en conserve une dans sa malle à photos).

Comme si de rien n'était, des recrues carlistes portant le Sacré-Coeur de Jésus cousu sur leur chemise abattent au nom du Christ-Roi des hommes qu'un simple mot a déclarés suspects.

Comme si de rien n'était, l'épiscopat espagnol, vendu aux meurtriers, bénit la terreur que ces derniers instaurent in nomine Domini.

Et comme si de rien n'était, toute l'Europe catholique ferme sa gueule.

Devant cette hypocrisie immonde, Bernanos éprouve un dégoût innommable.

J'éprouve le même, des années après ».

 

 

« Il y a quelque chose, disait-il, de mille fois pire que la férocité des brutes, c'est la férocité des lâches ».

 

 

« Ces jeunes Don Quichotte, qui partent au combat chaussés de pauvres espadrilles et vêtus de pauvres vareuses en coton, ne connaissent rien de la guerre, de sa démence aveugle, de sa répugnante, de son atroce sauvagerie ».

 

 

« Il dit à Montse qu'il avait honte de la France, honte de l'Europe qui se couchait devant Hitler et honte de l'Eglise catholique qui tapinait avec les militaires ».

 

 

« IV. LES MÉTHODES D’ÉPURATION NATIONALE

L’épuration nationale exige une organisation et des méthodes rigoureuses.

Elle doit éviter de se perdre en subtilités superflues et dédaigner toutes les opérations qui retardent et compliquent son exercice, telle celle qui consisterait par exemple à distinguer les assassins des innocents. Et puis quoi !

Les équipes d’épurateurs, encore appelés les punisseurs de Dieu, opèrent de préférence la nuit, car l’effet de surprise est plus grand ainsi que la terreur qu’elles inspirent.

Mais elles peuvent agir également en plein jour, dans la rue, ou s’introduire par la force chez les suspects qui ont été dénoncés par des âmes impeccables ».

 

 

« L’évêque-archevêque de Palma a délégué là-bas l’un de ses prêtres en jupons qui, ses gros souliers pataugeant dans le sang, distribue les absolutions entre deux décharges, puis trace sur le front des morts à l’huile consacrée la croix qui leur ouvrira les portes du Ciel. Et Bernanos de noter : « J’observe simplement que ce massacre de misérables sans défense ne tira pas un mot de blâme, ni même la plus inoffensive réserve des autorités ecclésiastiques qui se contentèrent d’organiser des processions d’actions de grâce ». »

 

 

« Je n’avais jamais eu, jusqu’ici, le désir de me rouler (littérairement) dans les ressouvenirs maternels de la guerre civile ni dans les ouvrages qui lui étaient consacrés. Mais j’ai le sentiment que l’heure est venue pour moi de tirer de l’ombre ces événements d’Espagne que j’avais relégués dans un coin de ma tête pour mieux me dérober sans doute aux questionnements qu’ils risquaient de lever. L’heure est venue pour moi de les regarder. Simplement de les regarder. Jamais, depuis que j’écris, je n’avais ressenti une telle intimation. Regarder cette parenthèse libertaire qui fut pour ma mère un pur enchantement, cette parenthèse libertaire qui n’eut je crois d’autres équivalents en Europe, et que je suis d’autant plus heureuse de réanimer qu’elle fut longtemps méconnue, plus que méconnue, occultée, occultée par les communistes espagnols, occultée par les intellectuels français qui étaient presque tous à cette époque proches du PC, occultée par le président Azaña, qui espérait en la niant trouver un appui dans les démocraties occidentales, et occultée par Franco qui réduisit la guerre civile à un affrontement entre l’Espagne catholique et le communisme athée. Et regarder dans le même temps cette saloperie qui se manifesta du côté des nationaux franquistes et que Bernanos implacablement observa, cette saloperie des hommes lorsque le fanatisme les tient et les enrage jusqu’à les amener aux pires abjections ».

 

 

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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 18:37

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« Soudain Eleni s’arrêta net en plein milieu de la rue. Une pensée audacieuse venait de lui traverser l’esprit. « Je vais offrir un jeu d’échecs à Panis pour son anniversaire. Nous pourrons apprendre à jouer ensemble ».

Cette idée la frôla comme une robe de soirée satinée glisse sur l’épaule nue d’une danseuse dans la lumière scintillante des lustres. Elle ne déambulera pas sur les Champs-Elysées à la tombée de la nuit, elle ne prendra pas le café sur les grands boulevards et elle n’apprendra pas cette langue envoûtante. Mais elle jouera aux échecs avec son mari comme le font les femmes élégantes de Paris.

Ce fut le projet le plus audacieux et le plus fou qu’Eleni ait jamais conçu. Elle en eut le souffle coupé ».

 

 

C’est une amie qui m’a prêté ce livre en me disant « Il est délicieux, il va te plaire ». Et elle avait bien raison. C’est en effet, un livre délicieux, bien écrit, tout simple mais prenant et qui parle au cœur, par petites touches délicates. Dès les premiers mots, on s’attache à Eleni, femme de chambres à l’hôtel Dionysos sur l’île touristique de Naxos (Grèce). Une femme toute simple dont la vie est rythmée par son travail à l’hôtel, sa vie de famille (elle est mariée à Panis, et a deux enfants adolescents), ses bavardages avec son amie de toujours Katarina,… Sa vie se déroule agréablement, sans surprise sous le regard constant, bienveillant mais inquisiteur, des habitants de Naxos,… c’est la vie sur une île… tout le monde se connait depuis toujours et tout le monde sait tout sur tout le monde…

Un jour, en faisant la chambre d’un jeune couple de Français qui possède un échiquier d’échecs, sa vie bascule avec le désir de s’en procurer un et d’apprendre à jouer, avec son mari… qui se désintéresse complètement de ce jeu. Elle se tourne alors vers son ancien professeur, Kouros…

Petit à petit l’histoire prend forme, en même temps que la fascination d’Eleni pour les échecs. Derrière cette nouveauté dans sa vie, se dessine d’autres questionnements, d’autres désirs…. beaucoup moins anodins qu’en apparence.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce petit roman qui se lit rapidement, trop… on aimerait le déguster encore un peu. Cela m’a fait beaucoup de bien après la dureté du livre d’Eric Reinhardt « L’amour et les forêts ».

A découvrir sans hésiter.

 

 

« Kouros la regarda attentivement. Cette femme à la parole pauvre commençait à éveiller un certain intérêt chez lui. Il vit ce qu’il y avait d’héroïque dans cette façon de se lancer au cœur des choses et de ne pas en démordre.

- Si tu cherches un partenaire, ma petite Eleni, je serai prêt à me sacrifier, dit-il avec un sourire. Bien que je n’aie pas joué depuis longtemps, et qu’à mon âge, le cerveau rechigne à redéployer ses ailes.

Le visage d’Eleni s’éclaircit.

- Vous feriez ça, professeur ? Ce serait formidable, s’écria-t-elle, négligeant la dernière remarque de Kouros.

Le professeur hocha la tête tout en allumant sa cigarette. Il était lui-même un peu surpris par la proposition qu’il venait de lui faire ».

 

 

Résumé éditeur :

Dans l’île de Naxos, Eleni est femme de chambre dans un hôtel fréquenté par les touristes. La quarantaine négligée, elle mène une vie bien réglée entre son travail, un mari garagiste épousé à dix-huit ans, deux enfants adolescents et une amie d’enfance. Son seul espace de liberté, ce sont les chambres qu’elle fait chaque matin, les objets qu’elle y remarque, à travers lesquels elle imagine d’autres vies… Un jour, par un geste maladroit, elle renverse une pièce sur un échiquier sur lequel une partie est engagée. Sa vie bascule alors, car, de façon inattendue, elle se prend de passion pour ce jeu au grand dam de sa famille et des habitants de l’île plus qu’interloqués.

Ce premier roman nous donne à découvrir un formidable talent de narratrice.

 

 

« En bon fils de son père et de sa mère, qui ne lui avaient jamais enseigné autre chose, il pensa également que les femmes, par leur constitution, étaient sujettes à des sautes d’humeur incompréhensibles, et qu’il était plus prudent de les laisser seules dans ces cas là. En l’occurrence, cette croyance, fondée sur un concept douteux, arrangeait tout le monde ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Henrichs-La-joueuse-dechecs/11157

 

 

« Le lendemain, le travail sembla se faire tout seul. Eleni poussa son lourd chariot en chantonnant, salua les clients chaleureusement et fit les chambres avec le même dévouement que d'habitude. La seule ombre au bonheur qui la transportait de la sorte fut l'impossibilité de le partager avec quelqu'un. Une victoire ignorée perd toute sa saveur. L'immense joie qui habitait Eleni ce matin-là avait besoin de se répandre et d'exulter, comme l'oiseau recherche une branche où se poser pour chanter ».

 

 

« Précautionneusement, elle avançait son premier pion et pénétrait alors dans l'espace qu'elle avait fait sien, celui des soixante-quatre cases qui, pour quelques heures, se substituerait au monde ».

 

 

« Imperturbable, Eleni poursuivit son dragon semi-accéléré et mit Costa dans l’embarras au bout de quelques traits. Celui-ci fronça les sourcils et commença à jouer sérieusement. Il alluma une première cigarette. Les plages de réflexion se prolongèrent.

Elle se promit de ne pas sortir humiliée de cette rencontre. Elle en voulait à Kouros de l’avoir attirée dans ce traquenard, et sa colère l’aida à déployer ses forces.

Kouros, qui avait appris à connaître son amie, sourit de la voir ainsi, front baissé et regard fixe. Durant toute la partie, il ne dit pas un mot. Il se contenta d’observer les mouvements feutrés des figurines qui glissaient furieusement sur le damier. Costa se remit assez vite de sa surprise, mais il peina à prendre le dessus. Son jeu demeura défensif et manqua d’envolées. Au bout d’une heure et demie, Eleni le coinça. Sans être mat, il ne pouvait plus faire grand-chose. Ils convinrent d’en rester là ».

 

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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 17:45

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« J'ai eu envie de connaître Bénédicte Ombredanne en découvrant sa première lettre : c'était une lettre dont la ferveur se nuançait de traits d'humour, ces deux pages m'ont ému et fait sourire, elles étaient aussi très bien écrites, c'est un alliage suffisamment rare pour qu'il m'ait immédiatement accroché ».

 

 

Bon, je vous avoue que je suis un peu ennuyée et troublée pour faire la critique de ce livre. J’ai beaucoup aimé il y a quelques semaines la prestation d’Eric Reinhardt à la Grande Librairie sur France 5 et j’avais très, très envie de lire ce livre. Basé sur une histoire vraie d’une lectrice de cet auteur. En effet, comme tout auteur, Eric Reinhardt reçoit beaucoup de courrier de ses lecteurs, il le lit, apparemment répond parfois et très rarement rencontre un ou une lectrice. C’est ce qui s’est passé avec Bénédicte Ombredanne. La 1ère rencontre a été essentiellement fondée sur le livre de l’auteur qu’elle avait particulièrement aimé (le titre de celui-ci n’est pas donné, mais apparemment la rencontre s’est déroulée en automne 2007 donc j’en ai déduit que c’était « Cendrillon »). Ils ont continué à s’écrire périodiquement et ils se sont rencontrés une 2e fois, où elle lui a fait part de ce qu’était sa vie avec son mari (violence conjugale)… et surtout d’une journée merveilleuse, unique et splendide, d’évasion, de rébellion, d’amour dans ce marasme conjugal violent. Ils ont continué à s’écrire…. puis différents silences se sont installés… jusqu’au définitif.

Eric Reinhardt a voulu écrire sur cette rencontre très particulière qui a compté pour Bénédicte Ombredanne mais aussi pour lui, pour témoigner aussi de sa vie, au nom de toutes les femmes qui subissent la violence conjugale, le harcèlement de la part de leur conjoint…

Sur le papier cela ne pouvait que m’attirer… mais pour être honnête, le début du livre ne m’a pas plu, mais alors pas du tout… une écriture dérangeante, je ne comprenais pas grand-chose… ensuite, toute une partie sur un site de rencontres sur internet qui m’a non seulement ennuyée mais en plus je la trouvais déplacée, incohérente.

J’ai bien failli arrêter ma lecture, mais je repensais à la Grande librairie, et je me suis accrochée. Quelque part, je suis heureuse de l’avoir fait, car certains passages de ce livre sont beaux, pleins de poésie… d’autres sont très durs, perturbants… sur l’enfermement dans son propre couple, la violence au quotidien d’un conjoint, le dénigrement de sa propre personnalité… D’autant plus perturbant à lire quand on sait que Bénédicte Ombredanne est une jeune femme intelligente, pleine de vie, cultivée, professeur de français… On pourrait penser qu’elle puisse s’en sortir, dire non.

Tout le passage concernant sa journée avec Christian, son amant d’un jour, est superbe d’amour, de poésie, de sensibilité. J’ai aimé.

Et puis, sans que rien ne le présage, la dernière partie du livre a été pour moi d’une violence inouïe, intenable, presque insupportable car sur le cancer et tout ce qui va avec. Je préfère ne pas développer. Je ne savais pas que cela allait être abordé dans ce livre, sinon je ne l’aurais pas lu, trop de souvenirs personnels douloureux. Je ne peux décidément pas lire sur cette maladie. Donc pour moi, je n’avais plus qu’une hâte, finir ce livre pour en finir avec ça. Car la violence de cet homme est totale, incompréhensible de méchanceté… et c’est une histoire vraie….

La lecture de ce livre m’a beaucoup bouleversée, je n’en suis pas encore remise.

Je ne sais que vous dire… à lire, sans doute, car par moments l’écriture est très belle, et il rencontre un beau succès, mais je ne suis pas assez objective pour le conseiller sereinement.

 

 

« Je préfère le profond, ce qui peut se pénétrer, ce en quoi il est envisageable de s'engloutir, de se dissimuler : l'amour et les forêts, la nuit, l'automne, exactement comme vous ».

 

 

« Ce que cette lettre de Bénédicte Ombredanne me révélait, c'est que plusieurs personnes vivaient en elle qu'elle peinait à concilier. Il lui fallait les emmurer presque toutes dans le silence de son intimité, cela ayant pour conséquence qu'elle n'était pas parvenue à se déployer comme elle l'aurait voulu, ou selon ses désirs véritables, ou bien encore dans ses nuances les plus subtiles ».

 

 

Résumé éditeur :

À l'origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l'écrivain, l'entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte.

Récit poignant d'une émancipation féminine, "L'amour et les forêts" est un texte fascinant, où la volonté d'être libre se dresse contre l'avilissement.

 

 

« - C'est une bague que m'a laissée ma grand-mère, elle la tenait elle-même de la sienne, elle date du début du XIXe siècle. On y trouve la peinture d'un regard.

- La peinture d'un regard ?

- Un œil. Regardez. Cette bague a été faite pour une femme amoureuse d'un homme qui était déjà pris. Elle a fait peindre son œil plutôt que son portrait, afin que personne ne puisse l'identifier. C'était une pratique assez courante au XVIIIe siècle ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Reinhardt-Lamour-et-les-forets/620301

 

 

« Elle éclatait en sanglots. Elle se recroquevillait sur le sol de leur chambre, appuyée contre un mur. Elle avait mal au ventre, elle suffoquait d'angoisse, elle se sentait à la limite de la rupture. Mais rien, en elle, ne se brisait, ni ne rompait, malheureusement : cette résistance la condamnait à endurer, à vif, chaque nuit, sans pouvoir s'y soustraire, les interrogatoires interminables de son mari ».

 

 

« Parfois, face à ces hurlements, elle avait peur que la présence de son mari dressée devant ses yeux de toute la terrifiante hauteur de sa détresse ne se transforme soudain en force physique et que ce soit ses poings plutôt que sa syntaxe qui s’abattent sur son visage pour en défaire le silence — alors il arrivait que Bénédicte Ombredanne se dissimule le visage derrière ses mains, mais cette mesure de protection qu’elle adoptait précipitait son tortionnaire dans des colères plus effrayantes encore ».

 

 

« Mais en réalité elle ne percevait pas l'effondrement de son mari comme une victoire qui lui offrait la possibilité de faire évoluer leurs rapports, elle le vivait comme la preuve encombrante, honteuse, spectaculaire de sa culpabilité ».

 

 

« Quel bonheur que d'écrire, quel bonheur que de pouvoir, la nuit,souvent la nuit, s'introduire en soi et dépeindre ce qu'on y voit, ce qu'on y sent, ce qu'on entend que murmurent les souvenirs, la nostalgie ou le besoin de retrouver intacte sa propre grâce évanouie, évanouie dans la réalité mais bien vivante au fond de soi... »

 

 

« Ainsi, contrairement à ce que son mari s'efforçait de lui faire croire depuis des années, sa souffrance n'était pas le produit d'une imagination corrompue par la bêtise, les hormones, la complaisance, l'acrimonie - par les humeurs larmoyantes, insatisfaites, irrationnelles, d'un cerveau stupidement féminin, pour reprendre quelques unes de ses locutions favorites ».

 

 

« Les mots sont si gentils, étonnamment dociles et bienveillants, ils se laissent si facilement entrevoir et cueillir, je les ordonne sur le papier à la faveur de phrases que je trouve belles, qui se révèlent spontanément au fur et à mesure que j'avance....

Qu'ai- je fait pour mériter ça, tant de bienveillance de la part des mots et de la langue française, que j'ai pourtant tellement négligés ces dernières années, en me contentant d'enseigner ? »

 

 

« Elle avait fini par oublier que cet amour était un mensonge, pour la bonne et simple raison que ce mensonge était devenu la réalité sur laquelle elle bâtissait sa vie. Au bout de quelques années, la question de savoir dans quelle mesure on a un jour éprouvé de l'amour pour une personne n'a plus aucun sens, car les choses sont telles qu'elles sont et il faut bien s'en accommoder, quel que soit le nom qu'on peut leur donner, voilà tout ».

 

 

« Quand on dîne tous les quatre, il ne m'écoute pas, il ne me dit jamais le moindre mot qui pourrait amorcer une conversation, si je lui pose une question il l'élude ostensiblement, il se concentre exclusivement sur les enfants, avec lesquels il est toujours prévenant et onctueux. Il se préoccupe uniquement de leur bien-être, afin que par contraste je me sente vraiment nue, nue de toute affection, tenue pour négligeable. Encore moins qu'un animal, que l'on caresse, encore moins qu'une plante verte, que l'on arrose, encore moins qu'un objet, qu'on époussette, encore moins qu'une prostituée, que l'on rétribue ».

 

 

« Elle ne voulait plus vivre, elle voulait fuir la vie qu’il lui faisait subir, elle n’avait pas d’autre choix que de mourir, j’en ai acquis la conviction, c’est pour moi une évidence. Soit en se suicidant, ce qu’elle n’aurait jamais eu le courage de faire, soit en développant une maladie incurable. Bénédicte a toujours été en bonne santé, mais depuis qu’elle était mariée avec cet homme elle n’arrêtait pas d’enchaîner les maladies, ablation de la rate, phlébites aux deux jambes puis au ventre, cancer du sein, kystes aux ovaires, psoriasis, dépression nerveuse, cancer généralisé. Elle me l’a dit, à la fin de sa vie : Marie-Claire, c’est bizarre, du jour où j’ai été mariée avec cet homme, j’ai été tout le temps malade. On dit somatiser : on dit que les gens somatisent, qu’ils produisent des maladies en réaction aux coups qu’ils prennent, à leurs angoisses, aux contrariétés qu’ils rencontrent. La dureté de ce que ma jumelle devait supporter venant de son mari la faisait somatiser par des maladies graves. Il n’y avait aucune vie chez eux, aucun amour, rien. Même de la part de ses enfants. Elle est morte de désolation. Il l’a tuée. C’est évident qu’on peut le dire comme ça ».

 

 

« Nous nous sentions meurtris, meurtris mais tellement tristes et accablés, qu'aucun de nous n'a réagi. Car la seule réaction proportionnée à ce qu'il faisait, eut été sa mise à mort immédiate: si nous étions intervenus, ça aurait été pour le tuer, là dans la chambre à mains nues, avec un vase fracassé sur son crâne. Alors on est resté prostrés ».

 

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6 novembre 2014 4 06 /11 /novembre /2014 22:47

http://ancion.hautetfort.com/media/01/01/2107868295.jpg

 

« - C’est bon, la lumière vient de s’éteindre. Il lui faut combien de temps pour s’endormir, à ton avis ?

Maya rayonne, elle replie son plan de robot, se lève et répond avec enthousiasme :

- Avec le somnifère que j’ai glissé dans son verre de jus de goyave, elle s’est sans doute endormie avant d’avoir éteint la lampe de chevet.

Alex ouvre de grands yeux. Il tombe des nues.

- Tu viens aussi ?

- Il n’est pas question que je monte la garde pendant que tu cours les rues de Paris. On y va tous les deux, ou bien personne n’y va !

- Je t’adore, sœurette, s’écrie Alex en collant un bisou sur le front de Maya.

- Chut, reprend celle-ci en repoussant le bisou de son frère d’un large geste du coude, ce n’est pas le moment de réveiller Mamie !

Avec mille précautions, les deux enfants s’équipent pour leur sortie de nuit. Vêtements sombres, sac à dos dans lequel ils glissent l’ordinateur, une paire de jumelles, un appareil photo et des câbles en pagaille. Puis ils enfilent chacun leur casque car, ce soir, c’est à vélo que les deux explorateurs partent à l’aventure ».

 

 

J’ai reçu « Momies et compagnie » dans le cadre d’une opération Masse critique organisée par Babelio, spéciale littérature jeunesse. Avant d’aller plus loin, merci à Babélio d’organiser de telles opérations qui sont un régal pour les lecteurs, curieux de découvrir de nouveaux horizons et merci aussi aux éditions graine 2 pour m’avoir envoyé ce beau roman jeunesse.

Bon, ne souriez pas, je sais, je ne suis plus de « prime jeunesse » mais si on veut bien fureter un peu, on peut découvrir de vraies pépites dans cette littérature. Cela me renvoie à mon passé de libraire où j’ai eu la chance d’être la responsable d’un rayon livres pour enfants comme on disait, pendant quelques temps. J’y ai pris un réel plaisir. Et puis en choisissant ce titre, je me faisais plaisir aussi à double titre : ma passion pour l’Egypte et puis la nostalgie de mes lectures du « Club des cinq », d’« Alice détective » ou encore « les six compagnons »…

Ce roman d’aventure un peu fantastique (les momies se réveillent tout de même !) est très agréable à lire et un vrai suspens s’installe. J’ai aimé. Il a par ailleurs un petit côté didactique puisque le récit est agrémenté de notes explicatives pour certains lieux, personnages historiques ou autres… mais cela est fait de manière toujours intelligente, attrayante et parfois illustrée de dessins ou photos. Parfois ces petites notes sont des ressentis d’Alex ou de Maya, avec une belle écriture cursive. Petite touche délicate je trouve.

Le roman raconte l’histoire des vacances d’Alex et de Maya, frère et sœur, chez leur grand-mère, Mamie Mado, à Paris. Mamie Mado est un peu excentrique, férue de produits bio et de culture qu’elle veut absolument faire découvrir à ses petits-enfants. Ceux-ci se lancent dans une enquête sur un Russe, bizarre, entrevu dans le train qui revenait de Londres, qui réaliserait peut être un trafic de momies… Cela suffit pour éveiller la curiosité des deux enfants qui décident d’enquêter. Mais mener une enquête quand on est enfant et qu’on doit le faire sans que Mamie Mado le découvre… Pas facile. Mais ces 2 enfants sont plein d’imagination, ils sont intrépides et très doués… Chacun possède des compétences hors normes qui les aident beaucoup pour trouver la solution.

Bref, cette aventure se lit avec beaucoup de plaisir et on découvre beaucoup de lieux très intéressants de Paris : le Louvre, la Bibliothèque nationale, l’Opéra Garnier, la Tour Eiffel etc.

A lire et à conseiller.

 

 

« Quand il s’agit de s’instruire ou de faire découvrir des nouvelles choses à ses petits-enfants, Mamie Mado est toujours partante. Le Louvre, elle s’y rend pour un oui ou un non, sur un coup de tête, sur un coup de cafard, pour se remonter le moral ou pour se reposer en fin d’après-midi quand il fait trop chaud à Paris. Elle est membre des amis du musée depuis des années.

La tombe d’Osiris ? Bien entendu, elle voit très bien de quoi il s’agit. Dans l’aile Sully, la salle tout au fond. C’est tout simplement ma-gni-fi-que !

La traversée de Paris en métro amuse toujours autant Alex et Maya ».

 

 

Résumé éditeur :

Tout juste revenus de Londres, Alex et Maya arrivent à Paris pour passer quelques jours chez leur grand-mère. Dans l'Eurostar, un grand Russe plutôt louche attire leur attention. Que signifie ce drôle de hiéroglyphe tatoué dans son cou ? Et pourquoi sa valise a-t-elle la forme d’un sarcophage ? Alex est très intrigué mais Maya trouve surtout que son frère est un peu parano… Une petite enquête devrait décider de qui a raison.

Entre un vieux papyrus volé à un antiquaire parisien et les momies du Louvre qui disparaissent mystérieusement, nos 2 glob’enquêteurs vont mener l’enquête aux quatre coins de Paris, de l’Opéra au Champ-de-Mars, du Louvre à la Bibliothèque nationale, du métro aux catacombes… une visite qu’ils ne sont pas prêts d’oublier !

 

 

« En effet, la momie, après des années d’immobilité, se met soudain en mouvement, elle se redresse en prenant appui sur ses bras, comme un malade qui se relève dans son lit d’hôpital, se frotte les yeux, tourne la tête. Alex sent les poils se dresser sur ses avant-bras. C’est de la magie ! Personne ne s’est approché de la vitrine, personne n’est même entré dans la pièce. Maya avait raison, on dirait que la momie s’est tout simplement réveillée ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Ancion-Momies-et-compagnie/285473

 

 

« - Que vous vous intéressiez aux livres, je trouve ça très bien, mais que vous abandonniez votre grand-mère dans un couloir pendant des heures, ça ne va pas. Je vaux moins qu’un bouquin poussiéreux, c’est ça ?

- Mais non, Mamie, tu sais bien qu’on t’adore, lance Maya en collant un bisou sur la joue de sa grand-mère.

Son frère fait de même et Mamie Mado se relâche un peu. Elle a soudain une idée.

- Pour votre peine, on ne visitera pas l’opéra cet après-midi, il est trop tard. Mais on fera mieux, vous m’accompagnerez demain à l’opéra pour le ballet Casse-noisette. Je sais bien que vous préféreriez aller au cinéma voir un film fantastique, mais vous allez vous rendre compte que la danse est aussi un art époustouflant.

Alex et Maya ouvrent des yeux épouvantés, remplis d’effroi. Jusque-là, les ballets en tutus leur font plutôt l’effet d’un film d’horreur… »

 

 

« Dans ce costume, le Russe ressemble en effet au grand prêtre d’une religion occulte, à un malade mental en tenue d’apparat pour célébrer une messe noire. Il rejoint le centre de la cave et les quatre momies le saluent en inclinant la tête. Il se place entre elles et commence à leur parler dans une langue étrange, mélange d’arabe, de russe et d’un autre idiome aux sons gutturaux. Alex a beau tendre l’oreille, il ne parvient à comprendre que des bribes de la conversation. Mais ces quelques éléments suffisent à le glacer d’effroi. La cérémonie est prévue pour ce soir. Le programme est plutôt simple : les prisonniers seront égorgés les uns après les autres autour de la pyramide de fer tout au long de l’après-midi, puis le prêtre entonnera le chant sacré et, enfin, il sacrifiera « l’enfant aux yeux de verre » pour achever le rituel ».

 

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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 17:56

http://www.albin-michel.fr/images/couv/9/6/7/9782226259769g.jpg

 

« – Je vais te faire une pile de nourriture. »

Il m’ignora, les yeux rivés au sol, puis tendit la main et cueillit une fleur – nous étions assis au milieu d’un grand parterre de gaillardias. Il la brandit de façon à ce que tous les Indiens puissent la voir.

« Regardez cette gaillarde, dit-il, aussi appelée “soleil indien”. »

Ils l’ignorèrent.

Il poursuivit, plus fort. « Il est intéressant de noter que des plantes riquiqui, rabougries ou inutiles – comme le prunier du Mexique, le noyer du Mexique ou le pommier du Mexique –, tiennent leur nom des Mexicains, qui seront très certainement toujours des nôtres dans les siècles à venir, tandis qu’on nomme de belles plantes colorées en hommage aux Indiens, car ils seront bientôt éradiqués de la surface de la Terre. » Il les regarda. « C’est un grand compliment adressé à votre race. Encore que je ne me serais pas plaint si votre éradication était survenue un peu plus tôt. »

Personne ne prêtait attention à lui.

« C’est le destin d’un homme comme moi que d’être incompris. Goethe, au cas où vous vous poseriez la question ». »

 

 

Quand j’ai découvert la présentation de ce livre dans le magazine Lire, de suite j’ai été certaine qu’il me plairait. Et je ne me suis pas trompée. J’ai beaucoup, beaucoup aimé ce livre. Une grande saga familiale américaine écrite à 3 voix, à des époques différentes qui nous font vivre l’histoire de l’Amérique et plus particulièrement l’histoire du Texas, du Mexique…

Ici est retracée l’épopée de la famille McCullough. Au début on est un peu perdu, car on n’a pas encore toutes les clés, on ne sait pas trop qui est qui… et puis très vite, on comprend et on s’attache aux différents personnages.

En 1er lieu, il y a le patriarche, Eli, le fondateur surnommé « Le colonel » qui a vécu 100 ans. C’est la plus forte personnalité de la famille. Né en 1836, il vit avec ses parents et son frère et sa sœur, dans le sud, à la frontière, territoire très dangereux. Une nuit que le père, ranger, est parti en mission, ils sont attaqués par des Comanches. La mère et la sœur sont violées, tuées et scalpées sur place tandis que les 2 garçons, sont emmenés captifs par les Comanches. Durant le parcours épuisant, le frère d’Eli, Martin, est tué. Eli, seul, survit et petit à petit s’intègre à la tribu. Il y restera 3 ans. Son adolescence à la dure, c’est le moins que l’on puisse dire, forgera son caractère, sa vie….

Il aura 3 fils, et c’est le journal de l’un d’eux, Peter, que l’on découvre au fil des pages. Peter est tout le contraire de son père. Il est doux, humain, respectueux… Il devra vivre dans ces terres rudes, incompris par sa famille, son entourage… marqué à vie par la violence et l’injustice qu’il ne supporte pas, mais qu’il ne peut contrer.

Le 3e personnage que l’on suit est une femme, Jeanne-Anne, petite-fille de Peter qui connaitra son arrière-grand-père Eli, et qui sera fascinée par lui. Née en 1926, elle finira par hériter du ranch de sa famille et des terres qui seront bientôt exploitées pour le pétrole. Elle a du mal à trouver sa place dans cette famille, dans ce monde très masculin, mais elle veut y jouer un rôle… et pas seulement celui d’une épouse et d’une mère.

C’est un gros pavé… mais cela se lit tellement bien ! C’est passionnant, émouvant et on apprend pas mal de choses sur cette période des débuts des Etats-Unis.

J’avoue avoir eu une grosse préférence pour la partie concernant Eli… surtout quand il vit chez les Comanches. Bien sûr, c’est dur, pas édulcoré du tout, mais cela m’a rappelé les westerns que je regardais quand j’étais jeune avec mon papa. Et il est vrai que nous étions plutôt pour les indiens…. Nostalgie, nostalgie…

Très bien écrit, si vous vous laissez tenter, vous serez happés par la famille McCullough !!

Je vous le souhaite.

 

 

« La mémoire est une malédiction. Quand je ferme les yeux, je vois le visage de Pedro emporté par une balle, le trou dans la joue de Lourdes où perle un liquide clair comme une larme. La robe d’Aná trempée de sang. Dès que je dors, je me retrouve dans leur chambre. Pedro est assis dans son lit, il me montre du doigt tout en parlant une langue disparue et une fois plus près, je comprends que le son ne vient pas de sa bouche, mais de la plaie sur sa tempe. Quand je me réveille, je reste longtemps immobile, à espérer que mon cœur cessera de battre, comme si la mort pouvait m’absoudre de mon rôle dans cette histoire ».

 

 

Résumé éditeur :

Vaste fresque de l’Amérique de 1850 à nos jours, Le Fils de Philipp Meyer, finaliste du prestigieux prix Pulitzer 2014, est porté par trois personnages, trois générations d’une famille texane, les McCullough, dont les voix successives tissent la trame de ce roman exceptionnel.

Eli, enlevé par les Comanches à l’âge de onze ans, va passer parmi eux trois années qui marqueront sa vie. Revenu parmi les Blancs, il prend part à la conquête de l’Ouest avant de s’engager dans la guerre de Sécession et de bâtir un empire, devenant, sous le nom de « Colonel », un personnage de légende.

À la fois écrasé par son père et révolté par l’ambition dévastatrice de ce tyran autoritaire et cynique, son fils Peter profitera de la révolution mexicaine pour faire un choix qui bouleversera son destin et celui des siens.

Ambitieuse et sans scrupules, Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, se retrouvera à la tête d’une des plus grosses fortunes du pays, prête à parachever l’œuvre de son arrière-grand-père.

Il est difficile de résumer un tel livre. Porté par un souffle hors du commun, Le Fils est à la fois une réflexion sur la condition humaine et le sens de l’Histoire, et une exploration fascinante de la part d’ombre du rêve américain.

 

 

« J’aimerais décrire le lien de fraternité que je me suis découvert avec les Africains noirs maintenus en esclavage par mes compatriotes mais, malheureusement, je n’ai rien découvert du tout. Je ne pensais qu’à mes propres maux. J’étais un récipient vide attendant d’être rempli par la nourriture et les gratifications que les Indiens voudraient bien m’accorder, me tuant à la tâche du matin au soir dans l’espoir d’une portion supplémentaire, d’une marque de reconnaissance, de quelques minutes de paix.

Pour ce qui était de fuir, il y avait mille trois cents kilomètres de terres sauvages et désertiques entre le village et la civilisation. La première fois, ce furent les autres enfants qui m’attrapèrent. La seconde, ce fut Toshaway, qui me remit à ses femmes. Leurs mères et elles me battirent comme on rabat les coutures ; elles me lacérèrent la plante des pieds et débattirent longuement de savoir s’il fallait ou non me crever un œil. Je savais que la prochaine fois que je ruerais dans les brancards, je n’en réchapperais pas ».

 

 

Fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Meyer-Le-Fils/619892

 

 

« L'un dans l'autre, c'était le meilleur été de ma vie, et malgré la morosité générale, j'étais comblé comme jamais. Je risquais chaque jour de me faire tuer par des Blancs ou des Indiens ennemis, ou bien déchiqueter par un ours ou une horde de loups des plaines, mais il était bien rare que je fasse quelque chose contre mon gré. Là résidait peut-être d'ailleurs la principale différence entre Blancs et Comanches : les Blancs étaient prêts à sacrifier leur liberté pour vivre plus longtemps et mieux manger, les Comanches n'y auraient jamais renoncé ».

 

 

« Ça avait toujours été comme ça. On racontait l’histoire d’une belle jeune fille à qui un amant rendait visite chaque nuit (ce qui, en tant qu’hommes, nous était interdit, mais l’histoire remontait à d’autres temps) ; comme sa passion se muait peu à peu en amour, elle commença à s’interroger sur l’identité de ce galant dont elle connaissait chaque partie, mais pas le tout. À mesure que le temps passait, sa curiosité se mua en obsession, car elle voulait être avec lui de jour comme de nuit, sans plus jamais de séparation. Un soir, juste avant qu’il ne vienne à elle, elle se noircit les mains de suie de sorte à lui marquer le dos pour avoir la réponse. Au matin, lorsqu’elle se leva pour aller chercher l’eau de sa famille, elle vit l’empreinte de ses mains sur le dos de son frère préféré. Elle poussa un cri et s’enfuit de honte, et son frère, qui l’aimait plus que tout, s’enfuit après elle. Mais elle ne ralentissait pas et lui ne parvenait pas à la rattraper. Et c’est ainsi qu’ils parcoururent la terre entière, jusqu’à ce qu’elle devînt le soleil et son frère la lune, tous deux condamnés à ne partager le ciel qu’à des moments précis et à ne plus jamais pouvoir se toucher ».

 

 

« Puis elle se sentit coupable. Elle pensa à ses frères, qui étaient encore en Amérique, à s’entraîner en Géorgie. À coup sûr Clint allait vouloir crâner et se ferait tuer. Paul ferait plus attention, encore qu’il se laisserait facilement convaincre de prendre des risques, surtout si c’était pour tirer d’affaire un ami. Pourvu qu’il n’ait pas d’amis, sinon il se ferait sûrement tuer. Jonas s’en tirerait : c’était le seul de ses frères qui se comportât en héritier. Il ne prendrait aucun risque s’il y avait quelqu’un d’autre pour le prendre à sa place. Et il était officier ».

 

 

« Une fois la sécession votée, l’État se vida. La moitié des Rangers que je connaissais filèrent en Californie - ils n'allaient pas mourir pour que les riches gardent leurs nègres. Des tas de sécessionnistes partirent aussi. Sur les nombreux trains qui s'en allaient vers l'ouest, loin des combats, on voyait souvent flotter haut et fier le drapeau de la Confédération. Ces gens-là étaient favorables à la guerre, tant qu'ils n'avaient pas à la faire. J'ai toujours pensé que ça expliquait ce que la Californie est devenue ».

 

 

« Jonas manqua l’enterrement mais réussit malgré tout à rentrer d’Allemagne où la guerre, en pratique, était terminée. Elle faillit l’étouffer quand elle le retrouva à la gare ; elle ne savait trop à quoi s’attendre – un regard absent, de profondes cicatrices, une canne – mais il avait l’œil vif, l’air en forme et la démarche assurée.

En entrant dans la maison, tandis que leurs pas résonnaient dans la grande salle caverneuse, avec ses murs de pierre et ses dix mètres sous plafond, ses premiers mots furent : « Il faut qu’on te sorte d’ici, et vite. Tu n’auras pas une vie normale. Dans quelques semaines la guerre sera finie, je peux te trouver du travail à Berlin. Ce serait sans doute comme secrétaire ou quelque chose dans le genre, mais on pourrait habiter ensemble. »

Elle ne sut trop quoi répondre – proposition tentante mais parfaitement inconcevable : elle ne serait pas secrétaire. C’était à son frère de rentrer chez lui et non à elle de partir à l’étranger ».

 

 

« Les Américains...Il laissa son esprit vagabonder. Ils croyaient que personne n'avait le droit de leur prendre ce qu'eux-mêmes avaient volé. Mais c'est pareil pour tout le monde : chacun s'estimait le propriétaire légitime de ce qu'il avait pris à d'autres. Il ne valait pas mieux. Les Mexicains avaient volé la terre des Indiens, mais ça, il n'y pensait jamais : il ne pensait qu'aux Texans qui avaient volé la terre des Mexicains. Et les Indiens qui s'étaient fait voler leur terre par les Mexicains l'avaient eux-mêmes volée à d'autres Indiens ».

 

 

« Elle n’était pas bonne chrétienne, c’était ça, le problème. Les vrais croyants étaient motivés par leurs aspirations inassouvies dans cette vie-ci – l’argent, le bonheur, une deuxième chance. Mais tout cela, soit elle l’avait déjà, soit elle n’en voulait pas ; et puis elle avait toujours su que son plus grand talent consistait à voir les choses pour ce qu’elles étaient. À faire la part entre ses désirs et la réalité. Or la réalité, c’est que sa vie aurait une fin, tout comme celle de Hank en avait eu une. Elle ne le reverrait pas : ce qui faisait qu’il avait cessé d’exister à la seconde même de sa mort. Même le fameux tunnel de lumière, apparemment, n’était qu’un tour des neurones. Il n’y avait rien d’autre que le corps. Elle espérait se tromper, mais c’était peu probable ».

 

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 19:21

http://www.albin-michel.fr/images/couv/4/8/2/9782226244284g.jpg

 

« Quand vous avez traversé une pareille épreuve, vous pensez qu’il ne peut plus rien vous arriver.

C’est le piège.

Parce que vous avez baissé la garde.

Pour le destin, qui a un œil très sûr, c’est le meilleur moment pour venir vous cueillir.

Et vous rappeler l’infaillible ponctualité du hasard ».

 

 

Jusqu’au bout, ce Pierre Lemaitre m’aura happée, scotchée… vraiment un très bon écrivain qui sait écrire, mener une intrigue, surprendre… en plus il a beaucoup d’humour, un humour noir, mais qui me plait beaucoup.

Voilà j’en termine avec sa fausse trilogie Verhoeven… je me suis plongée avec délectation dans les enquêtes de ce commandant Verhoeven, quasi nain, excellent policier, mais avec plein de complexes, de talents aussi, de contradictions, de souffrances non réglées… et son équipe qui au fil des tomes, explose, s’éloigne, se recompose, s’entrechoque… oui j’ai aimé. Beaucoup… je vais faire une petite pause dans ma découverte de son univers, mais j’y reviendrai très vite.

Si vous aimez les thrillers, c’est un auteur incontournable… Continuez monsieur Lemaitre de nous étonner, de nous réjouir…

 

 

« Anne a été "blessée" lors d'une attaque à main armée dans le VIII° arrondissement et "molestée", lui a dit l'employée de la préfecture de police.

Camille adore ce mot, "molester". Dans la police, on l'adore. On adore aussi "individu" et "stipuler", mais "molester", c'est beaucoup mieux, avec trois syllabes on couvre une gamme qui va de la simple bousculade au passage à tabac, l'interlocuteur comprend ce qu'il veut, rien de plus pratique ».

 

 

Résumé éditeur :

Témoin d’un hold-up dans le quartier des Champs-Élysées, Anne Forestier échappe par miracle à la sauvagerie du braqueur. Détruite, défigurée. Bouleversé, le commandant Verhœven, qui est son amant, s’engage corps et âme dans cette enquête dont il fait une affaire personnelle. D’autant que le braqueur, récidiviste déterminé et d’une rare férocité, s’acharne à retrouver Anne pour l’exécuter… Les deux hommes s’engagent alors dans un face à face mortel dont Anne est l’enjeu. Verhœven, touché au plus secret de sa vie privée, devient à son tour violent, implacable, jusqu’à sacrifier tous ses principes… Mais en réalité, dans cette affaire, qui est le chasseur ? Et qui est la proie ?

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Lemaitre-Sacrifices/400448

 

 

« La pister et la retrouver devient un jeu d’enfant.

La tuer un exercice de style.

Anne met un pas dehors, elle est morte.

Il ne peut pas parler de cette visite à la divisionnaire. Sauf à avouer qu’il connaît Anne intimement et qu’il a menti depuis le début. Hier, rien d’autre qu’un doute. Aujourd’hui, rien d’autre qu’une suspicion. Devant la hiérarchie, ce sera indéfendable. On peut faire venir les techniciens du laboratoire scientifique, avec des gars comme ceux qui sont entrés ici, on ne trouvera rien, pas de trace, rien.

De toute manière, Camille est entré dans l’appartement sans commission rogatoire, sans autorisation, il est entré parce qu’il avait le moyen d’obtenir la clé, parce qu’elle l’a chargé d’aller chercher ses papiers de sécurité sociale, la voisine peut témoigner qu’il vient régulièrement et depuis longtemps…

La somme de ses mensonges commence à s’allonger dangereusement. Mais ce n’est pas ce qui fait le plus peur à Camille.

C’est de savoir Anne en état de survie. Et lui tellement impuissant ».

 

 

« Qu'est-ce que tu veux, j'ai une taille de caniche mais des aspirations cosmiques ».

 

 

« Être vexé c'est le pire, pour un homme comme moi. La colère, on fait avec, on finit pas se calmer, on relativise, mais l'amour-propre, c'est terrible les dégâts que ça peut faire. Surtout chez un homme qui n'a plus rien à perdre, un homme qui n'a plus rien à lui. Un type comme moi, par exemple. Pour une blessure d'amour-propre, il est capable de tout ».

 

 

« C’est attendre, impuissant, qui m’épuise. Moi, il me faut de l’action. L’oisiveté, ça me rend mauvais. C’était comme ça déjà, plus jeune. Avec l’âge, rien ne s’arrange. Il faudrait mourir jeune ».

 

 

« – Moi, ce que je veux savoir, c’est pourquoi tu fais, de cette enquête, une affaire personnelle !

– Je crois que c’est l’inverse, Jean. C’est une affaire personnelle qui est devenue une enquête. En disant cela, Camille comprend qu’il vient de toucher juste ».

 

 

« L’éternel mystère : comment prenons-nous nos décisions ? A quel moment avons-nous conscience de ce que nous avons décidé ? Quelle part d’inconscient entre dans la réponse de Camille, impossible à dire, sauf qu’elle est immédiate ».

 

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19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 15:27

http://www.comingsoon.net/gallery/21867/hr_Dracula_Untold_2.jpg

 

Il y a quelques jours nous sommes allés voir ce film, Dracula Untold… très sympa et à voir pour les amateurs du genre…

j’ai hésité à faire un billet car je n’ai pas trouvé beaucoup de détails inédits, croustillants lol

Mais bon, tant pis, j’en fais un pour que vous ne passiez pas à côté si vous aimez… Il passe encore au cinéma, alors profitez en ! On passe un bon moment avec Vlad. C’est un homme qui aime passionnément sa famille et son peuple et qui pour les sauver, va aller chercher une très grande force, mais à un prix terrible : devenir un vampire… un vampire qui a une âme et des bons sentiments… hé hé moi j’aime !

 

Film réalisé par Gary Shore et sorti au cinéma le 1er octobre 2014.

Avec Luke Evans (beau gosse, un petit quelque chose d’Orlando Bloom, il joue ici Vlad, le rôle principal, on l’a déjà vu dans Bilbo le Hobbit, sous les traits de Bard), Sarah Gadon (la jolie femme de Vlad), Dominic Cooper (dans le rôle de Mehmet, il a joué dans Mamma Mia, le fiancé de la fille de Meryl Streep) et Charles Dance (dans le rôle du Maître Vampire, la voix française est celle du Dr House lol)

 

 

http://soundvenue.com/wp-content/uploads/2014/10/Dracula-Untold.jpg

 

Synopsis et détails

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

L’histoire débute en 1462. La Transylvanie vit une période de calme relatif sous le règne du prince Vlad III de Valachie et de son épouse bien-aimée Mirena. Ensemble, ils ont négocié la paix et la protection de leur peuple avec le puissant Empire ottoman dont la domination ne cesse de s’étendre en Europe de l’Est. Mais quand le sultan Mehmet II demande que 1000 jeunes hommes de Valachie, dont le propre fils de Vlad, Ingeras, soient arrachés à leur famille pour venir grossir les rangs de l’armée turque, le prince doit faire un choix : abandonner son fils au sultan, comme son père l’a fait avant lui, ou faire appel à une créature obscure pour combattre les Turcs et par là même assujettir son âme à la servitude éternelle. Vlad se rend au pic de la Dent Brisée où il rencontre un abject démon et conclut un accord faustien avec lui : il acquerra la force de 100 hommes, la rapidité d’une étoile filante et les pouvoirs nécessaires pour anéantir ses ennemis, en l’échange de quoi, il sera accablé d’une insatiable soif de sang humain. S’il parvient à y résister pendant trois jours, Vlad redeviendra lui-même, et sera à même de continuer à protéger et gouverner son peuple, mais s’il cède à la tentation, il entrera le monde des ténèbres pour le restant de ses jours, condamné à se nourrir de sang humain et à perdre et détruire tout ce et ceux qui lui sont chers.

 

 

Voici la bande annonce :

 

 

 

 

 

Vu sur Allo ciné

Afin de se démarquer des nombreux films portant sur le personnage, les scénaristes de Dracula Untold ont choisi de s’inspirer du roman de Bram Stoker d'une part, puis d’orienter le récit sur les origines réelles de Vlad III l’Empaleur, lesquelles remontent au 14ème siècle. On retrouve donc dans le film, tant des éléments historiques (La menace de l’Empire Ottoman, le conflit avec Mehmet et les Turcs), que des ajouts fictifs.

 

Il va falloir que je lise enfin le roman de Bram Stoker…. pffff pas encore lu !

 

Gary Shore explique : "Nous souhaitions fouiller de nouvelles pistes qui ne soient pas conditionnées par ou asservies à la mythologie préexistante. C’est un film d’aventures. On voit Vlad prendre des décisions difficiles qui concernent sa femme et son fils. Ses actes sont la conséquence de ses choix dans des situations précises et il est motivé par la préservation de sa famille et de son peuple."

 

Charles Dance, qui joue ici le rôle du Maître Vampire à l'origine de la transformation de Vlad en Dracula, avait déjà interprété un suceur de sang dans Underworld : Nouvelle ère.

 

C'est le célèbre cascadeur Buster Reeves, connu pour avoir travaillé sur The Dark Knight Rises, qui a été chargé de chorégraphier les scènes de combat de Dracula Untold. Pour remplir sa mission à bien, il s'est énormément documenté et s'est renseigné sur des techniques de combat pratiquées en Transylvanie. Il raconte : "J’ai d’abord fait des recherches sur les techniques de combat en Transylvanie où on utilisait principalement de lourdes et larges épées, puis chez les Turcs, dont le style est influencé par leurs voisins asiatiques, avec beaucoup de mouvements circulaires. Nous avons combiné ces deux approches pour créer le style personnel de Vlad : la puissance et l’agilité du glaive avec la fluidité et la rapidité du cimeterre turc."

 

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3 mois

C'est le temps qu'il a fallu aux équipes de tournage et aux acteurs pour préparer la scène dans laquelle Vlad se confronte à un millier d'hommes, aidé par un "essaim" de chauves-souris. Pour l'anecdote, seulement 130 figurants étaient présents pour tourner la séquence, mais l'effectif a été décuplé au moyen d'effets spéciaux de pointe. Les chauves-souris quant à elles ont été ajoutées en post-production.

 

Quand bien même l'histoire de Dracula a pour cadre les contrées roumaines, ce sont les paysages nord-irlandais (pays dont est originaire le réalisateur) qui servent de décors au film. Les équipes de tournage ont été locataires de l'île britannique entre août et novembre 2013.

 

 

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18 octobre 2014 6 18 /10 /octobre /2014 17:59

http://www.salon-polar-drap.fr/wordpress/wp-content/uploads/2013/09/rosy-%C2%A7-John.jpeg

 

 

« Camille Verhœven a alors refait surface. Et comme tous les bons personnages, il a commencé par me poser une question embarrassante : quelle place cette nouvelle aventure pouvait-elle tenir dans une trilogie déjà achevée ?

On connaît ma passion pour Dumas. Cet homme qui avait tous les culots m’a soufflé une idée qui, à défaut d’être tout à fait convaincante, m’offrait l’occasion d’un nouveau clin d’œil à mes lecteurs : ma trilogie comporterait quatre volumes, comme Les Trois Mousquetaires qui étaient quatre. N’ayant jamais voulu me mesurer à Dumas (le combat ne serait pas égal), Rosy & John est un très court roman, un demi-volume. Ainsi, ma trilogie ne comprend-elle pas quatre tomes mais trois et demi.

On trouve toujours un arrangement avec la réalité, c’est le grand avantage des romanciers ».

 

 

Je continue la trilogie Verhoeven de Pierre Lemaitre…. enfin trilogie, pas vraiment car le filou, après avoir terminé sa trilogie, a écrit un petit roman, Rosy & John, qu’il a intégré entre Alex et Sacrifices…. heureusement que notre pote Fred, fan lui aussi de Pierre Lemaitre et qui nous a devancé dans l’aventure, m’a prévenu (Merci Fred !). Donc je viens de lire ce petit opus qui fait de la trilogie un « trois et demi ».

De fait, cela se lit très vite… toujours aussi bien écrit, on retrouve tous les personnages récurrents auxquels on s’est attachés. Ici le commandant Verhoeven est confronté à un poseur de bombes, assez atypique, qui est très calme, ne révèle quasi rien, malgré les pressions morales voire physiques… Il veut juste que l’on libère sa mère actuellement en prison pour avoir tué sa petite amie, et qu’on le libère lui-même et qu’on les mette tous les deux dans un avion en partance pour l’Australie avec de l’argent. Ni plus ni moins… Une bombe, enfin un obus plus précisément, a déjà explosé… et il en reste 6… les choses sont très sérieuses… intrigue haletante comme sait si bien le faire Pierre Lemaitre. La fin m’a un peu prise de court…. j’aurais aimé que ce roman soit un petit plus long… et oui quand on aime !

 

 

« Nous sommes le 20 mai, un soleil d'une douceur estivale s'est installé depuis quelques jours, il est 17 heures, pour un peu, on se croirait en juillet, il vous vient des envies d'apéritif en terrasse, il y a du monde partout, alors forcément, quand la bombe explose, c'est une catastrophe, mais c'est aussi une injustice...

En même temps, si le monde était juste... »

 

 

Résumé éditeur :

« La bombe a convenablement fonctionné ; sur ce plan, il a tout lieu d’être satisfait. Les rescapés tentent déjà de secourir les victimes restées au sol. Jean s’engouffre dans le métro. Lui ne va secourir personne. Il est le poseur de bombes. » Jean Garnier n’a plus rien à perdre dans la vie : sa mère est en prison, sa petite amie a été tuée et il n’a plus de travail. Face à ce jeune paumé, Camille Verhoeven doit agir avec plus de finesse que jamais : Jean est-il une vraie menace pour le pays tout entier, ou juste un loser atteint de la folie des grandeurs ?

En exclusivité pour Le Livre de Poche, Pierre Lemaitre signe ici une intrigue saisissante où chaque minute qui passe peut coûter des centaines de vies.

 

 

« Après les séismes, sur les gravats des maisons dévastées, on voit cela parfois, un berceau de bébé, une poupée, une couronne de mariée, des petits objets que Dieu semble avoir déposés là avec délicatesse pour montrer qu'avec Lui, tout doit se comprendre au second degré ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Lemaitre-Rosy-John/502848

 

 

« La rencontre imprévue qui va faire basculer votre vie, la plaque de verglas sournoise, la réponse que vous donnez sans réfléchir...Les choses définitives ne mettent pas un dixième de seconde à se produire ».

 

 

« Pendant que Camille s’entretenait avec les autorités, les collègues de relève l’ont un peu bousculé. Il se tient le ventre, il a un hématome assez large sur la joue gauche, une coupure profonde sur le front et du mal à respirer. « Il est tombé dans le couloir », a-t-on dit à Camille.

Pour les affaires de terrorisme, on dispose d’un arsenal juridique impressionnant, la garde à vue pourrait quasiment durer un siècle. On en profite, il n’est pas près de voir son avocat. De toute manière, Jean dit qu’il ne veut pas.

– On peut savoir pourquoi ? a demandé Camille.

– Pas besoin. Vous me donnez ce que je demande, je vous donne ce que vous voulez, c’est tout. Sinon, ça va faire des centaines de morts et je vais prendre la perpétuité. Je ne vois pas ce qu’un avocat va y changer…

Il tâte sa joue.

– Vos collègues se sont un peu énervés, mais vous avez besoin de moi pour trouver les bombes, alors…

Ce geste arrête net Camille.

– Parce que Jean va bien. Très bien même ; si on considère les circonstances ».

 

 

« Camille a lu son bilan psychologique. Pas glorieux. Niveau d'éducation très bas, capacités limitées, jugements peu éclairés, sujette aux décisions impulsives, affectivité désordonnée, exclusivement canalisée dans sa relation à son fils... Il l'observe et se voit confirmé dans son premier jugement. C'est une femme bête. Ce jugement est douloureux à porter, on est saisi d'une compassion gênante, on a presque honte de soi ».

 

 

« Le reste est sans intérêt.

Camille et Louis se regardent.

Si les vérifications confirment leur intuition, ils tiennent un premier fil.

Il va falloir ensuite tout dérouler, ce qui va prendre du temps, mais c’est la toute première éclaircie dans un ciel sacrément orageux depuis deux jours… »

 

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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 14:17

http://www.livredepoche.com/sites/default/files/styles/cover_book_focus/public/media/imgArticle/LGFLIVREDEPOCHE/2014/9782253166443-T.jpg

 

« Ils se serrent la main comme un matin ordinaire, comme s'ils n'avaient jamais cessé de travailler ensemble. Depuis qu'ils se sont retrouvés, la nuit dernière, ils ne se sont pas réellement parlé. Rien évoqué de ces quatre années. Il n'y a rien de secret, non, c'est de l'embarras, des douleurs et puis, qu'est-ce qu'il y aurait à dire devant un pareil échec ? Louis et Irène s'aimaient beaucoup. Camille pense que Louis s'est senti responsable lui aussi de cet assassinat. Louis ne prétendait pas au même chagrin que Camille mais il avait le sien. C'est incommunicable. Au fond, ils ont été écrasés par le même désastre, ça leur a coupé la parole à tous les deux. D'ailleurs tout le monde a été sidéré, mais eux ils auraient dû se parler. Ils n'y sont pas arrivés et, peu à peu, ils ont continué de penser l'un à l'autre, mais ils ont cessé de se voir ».

 

 

Excellent ! Je ne peux pas dire autre chose… quel thriller ! Franchement, plus je lis Pierre Lemaitre, plus je me dis que c’est vraiment un très bon. Là il m’a encore scotchée jusqu’à la fin.

Au départ, on a l’impression d’avoir affaire à un thriller « classique ». Alternance entre l’équipe de policiers chargée d’un enlèvement d’une jeune femme et Alex qui vient effectivement de se faire enlever et est enfermée nue dans une cage suspendue dans un hangar humide et froid. On retrouve ici le commandant Verhoeven, quelques années après le drame qu’il a vécu dans le précédent tome de la trilogie « Travail soigné ». Contraint par son divisionnaire, il accepte à contrecœur cette affaire qui lui rappelle beaucoup trop l’enlèvement de sa femme Irène. Il reconstitue une partie de son équipe d’alors (Louis et Armand). On suit donc aussi Alex, cette jeune femme qui fait tout pour comprendre pourquoi elle, survivre et se libérer. Et puis, le roman bascule vers une suite très inattendue jusqu’au dénouement lui aussi très surprenant et intéressant, que je n’ai absolument pas deviné… Intrigue haletante et super bien menée. C’est époustouflant. La psychologie d’Alex est vraiment très intéressante. Pour les amateurs du genre, à découvrir absolument.

 

 

« Ce qui l’a réveillée, ce sont ses gémissements. Au point qu’elle a pensé que c’était quelqu’un d’autre, une voix extérieure à elle. Des petits râles qui venaient du ventre, des sonorités qu’elle ne connaissait pas.

Et elle avait beau être parfaitement réveillée, elle ne parvenait pas à empêcher ces gémissements de s’échapper d’elle, au rythme de sa respiration.

Alex en est certaine. Elle a commencé à mourir ».

 

 

Résumé éditeur :

Qui connaît vraiment Alex ? Elle est belle. Excitante. Est-ce pour cela qu'on l'a enlevée, séquestrée, livrée à l'inimaginable ? Mais quand la police découvre enfin sa prison, Alex a disparu. Alex, plus intelligente que son bourreau. Alex qui ne pardonne rien, qui n'oublie rien, ni personne. Un thriller glaçant qui jongle avec les codes de la folie meurtrière, une mécanique diabolique et imprévisible où l'on retrouve l'extraordinaire talent de l'auteur de Robe de marié.

 

 

« - C’est une fillette, dit Louis.

- T’es pas bien ? Elle a au moins trente ans !

- Non, pas la fille. La cage. ça s’appelle une « fillette ».

Et comme Camille fronce les sourcils, interrogatif :

- Une cage où on ne peut pas tenir ni assis ni debout.

Louis s’est arrêté. Il n’aime pas étaler ses connaissances, il sait qu’avec Camille… Mais cette fois, Camille lui fait un signe agacé, allez, magne-toi.

- Le supplice a été crée sous Louis XI, pour l’évêque de Verdun, je crois. Il y serait resté plus de dix ans. C’est une sorte de torture passive très efficace. Les articulations se soudent, les muscles s’atrophient… Et ça rend fou ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Lemaitre-Alex/231564

 

 

« Alex est incapable de se retenir, elle hurle à s'en éclater les poumons.

Parce que c'est pour cette raison qu'il laisse des croquettes.

C'est n'est pas pour la nourrir. C'est pour les attirer.

Ce n'est pas lui qui va la tuer.

Ce sont les rats ».

 

 

« Il promenait un chien, une chose assise à ses pieds que Dieu a dû bricoler un jour d'intense fatigue. Camille et le chien se regardent et se détestent immédiatement ».

 

 

« Ils se connaissent depuis vingt ans, ils s'estiment, ils ne se craignent pas. Le Guen est un Camille qui aurait renoncé au terrain, Camille, un Le Guen qui aurait renoncé au pouvoir. Principalement, ce qui sépare les deux hommes, c'est deux grades et quatre-vingts kilos. Et trente centimètres. Exprimé de cette manière, ça semble énorme comme différence et c'est vrai que lorsqu'on les voit ensemble, c'est à la limite de la caricature. Le Guen n'est pas très grand mais Camille, lui, est très petit. Un mètre quarante-cinq, vous imaginez, il regarde le monde par en dessous, comme un enfant de treize ans ».

 

 

« Alors, une douche qu'elle termine presque froide, elle en tremble, dieu que c'est bon d'être vivante, une friction des pieds à la tête, la vie remonte, dieu que c'est bon quand ça fait mal de cette manière-là, un pull à même la peau, ça gratte, avant elle détestait, aujourd'hui c'est ça qu'elle veut, que ça gratte, ressentir son corps vivant, jusque sur sa peau ».

 

 

« Mille fois dans sa vie, Camille a compris ce que peuvent ressentir les criminels occasionnels, ceux qui ont tué sans intention, débordés par leur colère, leur aveuglement, il en a arrêté des dizaines. Des hommes qui ont étranglé leur femme, des femmes qui ont poignardé leur mari, des fils qui ont poussé leur père par la fenêtre, des amis qui ont tiré sur leurs amis, des voisins qui ont écrasé le fils d'un autre voisin, et il cherche dans sa mémoire le cas d'un commandant de police ayant sorti son arme de service pour tirer sur un juge, au milieu du front. Au lieu de ça, il ne dit rien. Il hoche simplement la tête ».

 

 

« Lorsque Alex s'est maquillée pour la première fois, sa mère a éclaté de rire, pas un mot, rien, juste ça. Alex a couru à la salle de bains, s'est essuyé le visage, s'est regardé dans le miroir, elle avait honte. Lorsqu'elle est redescendue, sa mère n'a pas dit un mot. Juste un sourire en coin, très discret, ça valait tous les qualificatifs ».

 

 

« J'ai une bonne nouvelle et une mauvaise. La bonne, c'est que la garde à vue est levée. La mauvaise, c'est que vous êtes en état d'arrestation pour meurtre ».

 

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