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18 avril 2015 6 18 /04 /avril /2015 20:44

 

 

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Pour retrouver mes billets lectures, mes coups de coeur.....

venez sur mon autre blog

Ma Passion les Livres

 

https://mapassionleslivres.wordpress.com/

 

à très vite !

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1 avril 2015 3 01 /04 /avril /2015 18:41

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« Souvent, elle repensait à ces instants et se disait qu'elle serait peut-être parvenue à changer le cours des événements si elle avait essayé de réagir tout de suite face à cette violence, si elle avait tenté de le quitter, de s'en aller et de ne jamais revenir, au lieu de se contenter de trouver des raisons et de se faire des reproches ».

 

 

Bon je ne vais pas forcément aller dans le sens de la majorité des critiques qui encensent Arnaldur Indriðason et ce roman en particulier. C’est la première fois que je lisais un polar d’Arnaldur Indriðason et de son commissaire Erlendur. Titre choisi pour coller avec un challenge littéraire donc pas le premier de la série. Bien sûr je voulais découvrir l’auteur depuis un petit moment.

Et bien, je me suis ennuyée. En tout cas assez fermement pendant une bonne moitié du livre. Il faut que je sois honnête, je ne sais pas si cela a beaucoup joué, mais je venais de lire les 2 aventures du commissaire Yeruldelgger de Ian Manook, et j’avais été enthousiasmée par son écriture pleine de « peps ». Evidemment, la « retombée » a été rude. J’ai même abandonné un moment cette lecture pour déguster le dernier Fred Vargas et son cher commissaire Adamsberg avant de la reprendre.

Je n’ai pas accroché à la personnalité d’Erlendur, même si dans la dernière partie du livre j’en ai appris un peu plus sur son histoire et il m’est apparu un peu plus sympathique,… à peine.

Par contre, j’ai apprécié l’histoire de cette jeune femme, jeune maman et jeune « veuve » du papa de sa petite fille handicapée après une maladie vers l’âge de ¾ ans. Elle a pour son plus grand malheur la malchance de tomber sur un homme qui lui apparait être la solution pour elles deux et une vie future harmonieuse. Sauf que cet homme est un monstre, un vrai, qui va la maintenir sous le joug de la terreur et de la haine, elle et ses enfants (la petite-fille et 2 garçons qui sont nés de leur union) par la violence tant physique que morale. On vit leur calvaire, ses tentatives pour s’en sortir, puis l’acceptation pour sauver la vie de ses enfants, surtout de Mikkelina la petite-fille que son beau-père hait tout particulièrement à cause de son handicap. Il la traite de débile alors qu’elle ne l’est pas. Cette partie du récit est particulièrement bien écrite et le rendu incroyablement plausible.

Le roman alterne entre l’histoire de cette famille qui remonte aux environs de la deuxième guerre mondiale et l’occupation de l’Islande par des militaires anglais puis américains et l’enquête d’Erlendur et de son équipe autour de la découverte d’ossements sur un chantier, ossements qui remontraient sans doute à cette même période de la guerre.

Ce polar est bien écrit, je n’ai juste pas accroché à l’équipe d’enquêteurs et à certaines longueurs. A vous de vous faire votre propre opinion.

 

 

« Sigurdur Oli et Elinborg s’étonnèrent de l’absence d’Erlendur sur le chantier. Certes, il était des plus imprévisibles et capable de tout, cependant ils savaient tous les deux que son centre d’intérêt principal était les disparitions humaines, présentes ou passées, et il se pouvait que ce squelette reposant dans la terre apporte la solution à l’énigme d’une disparition passée, qu’Erlendur prendrait un vif plaisir à résoudre en se plongeant dans de vieux papiers jaunis. Une fois midi passé, Elinborg tenta de l’appeler sur son portable ainsi que chez lui mais sans résultat ».

 

 

Résumé éditeur :

Dans un jardin sur les hauteurs de Reykjavik, un bébé mâchouille un objet étrange... Un os humain !

Enterré sur cette colline depuis un demi-siècle, le squelette mystérieux livre peu d'indices au commissaire Erlendur.

L'enquête remonte jusqu'à la famille qui vivait là pendant la Seconde Guerre mondiale, mettant au jour les traces effacées par la neige, les cris étouffés sous la glace d'une Islande sombre et fantomatique...

 

 

« Le mauvais esprit qui planait au-dessus de la maisonnée ne se résumait pas à de la violence physique. Les infamies qui sortaient de sa bouche produisaient le même effet que des gifles en plein visage ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Indriason-La-femme-en-vert/5149

 

 

« Ils se couchaient à terre derrière les buissons et entendaient les jurons et les imprécations de leur père, mêlés au bruit des assiettes cassées et aux hurlements désespérés de leur mère. Le plus jeune se bouchait les oreilles mais Simon, lui, regardait à l'intérieur par la fenêtre de la cuisine qui illuminait le crépuscule d'une lueur jaunâtre et se forçait à écouter les cris de sa mère.

Il avait maintenant arrêté de se boucher les oreilles. Il devait écouter s'il voulait faire ce qu'il devait accomplir ».

 

 

« Nous passons notre temps à attendre la fin du monde, ajouta ensuite Erlendur. Qu'elle se manifeste sous la forme d'une comète ou d'autre chose. Nous avons tous notre fin du monde personnelle. Certains vont même jusqu'à l'attirer. Certains la désirent. D'autres tentent d'y échapper. Ils la redoutent. Lui témoignent du respect. Ce n'est pas ton cas, ma fille. Tu ne t'abaisserais pas devant quoi que ce soit. Et tu ne redoutes pas ta petite fin du monde personnelle ».

 

 

« Toute cette violence physique, toute cette souffrance et ces coups, ces os cassés, ces blessures, ces bleus, ces yeux au beurre noir, ces lèvres fendues, tout cela n'est rien comparé aux tortures que l'âme endure. Une terreur constante, absolument constante, qui jamais ne faiblit. ...Elle essaie, en vain, de lutter mais peu à peu toute résistance l'abandonne et avec la résistance, c'est aussi son désir de vivre qui s'évanouit.. En fait elle est morte et elle erre à la recherche d'un échappatoire. Afin d'échapper aux coups, à cette torture de l'âme, et à l'existence de cet homme, parce qu'elle ne vit plus sa vie à elle et qu'elle n'existe plus qu'à travers la haine qu'il lui porte. Pour finir, c'est lui qui remporte la victoire. Parce qu'elle est morte. Et qu'elle est un zombie ».

 

 

« Lorsque Erlendur fut rentré chez lui, il s’assit dans le fauteuil, mort de fatigue. Il avait appelé l’hôpital pour demander des nouvelles d’Eva Lind et on lui avait dit que son état était stationnaire. On le contacterait dès qu’on constaterait une évolution. Il avait remercié avant de raccrocher. Ensuite, il était resté assis à regarder dans le vide, profondément pensif. Il pensa à Eva Lind allongée au service des soins intensifs, à son ex-épouse et à son existence toujours marquée par la haine, à son fils avec lequel il ne parlait jamais sauf en cas de coup dur.

Plongé dans ses pensées, il ressentit le profond silence qui régnait dans sa vie. Ressentit la solitude qui le cernait de toutes parts ».

 

 

« Il savait parfaitement que personne et surtout pas Dieu n’allait aider sa mère à se débarrasser de Grimur. Il savait parfaitement que Dieu était le créateur omnipotent et omniscient du ciel et de la terre, que c’était Dieu qui avait créé Grimur, comme tous les autres êtres, que c’était Dieu qui maintenait le monstre en vie et qui lui permettait de s’en prendre à sa mère, de la tirer par les cheveux sur le plancher de la cuisine et de lui cracher au visage. Et puis, parfois, Grimur en avait après Mikkelina, cette satanée débile, et il battait la mère en se moquant de la fillette. D’autres fois, il s’attaquait à Simon, lui donnait des coups de pied ou des gifles d’une telle force qu’une des dents de sa gencive supérieure aurait pu se déchausser et qu’il crachait du sang ».

 

 

« Y a-t-il quelqu'un pour condamner le meurtre d'une âme ? demanda-t-elle. Pouvez-vous me le dire ? Comment peut-on porter plainte contre un homme parce qu'il a assassiné une âme, est-il possible de le traîner devant un juge et de le faire reconnaître coupable ? »

 

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 17:03

http://media.rtl.fr/online/image/2015/0303/7776850183_la-couverture-du-nouveau-livre-de-fred-vargas.jpg

 

« Il vaquait, marchait sans bruit, il ondulait entre les bureaux, il commentait, arpentait le terrain à pas lent, mais jamais personne ne l’avait vu réfléchir. Il semblait aller tel un poisson à la dérive. Non un poisson ne dérive pas, un poisson suit son objectif. Adamsberg évoquait plutôt une éponge, poussée par les courants. Mais quels courants ? D’ailleurs d’aucuns disaient que, quand son regard brun et vague se perdait plus encore, c’était comme s’il avait des algues dans les yeux. Il appartenait plus à la mer qu’à la terre ».

 

 

J’ai entendu dire une critique littéraire que retrouver le commissaire Adamsberg de Fred Vargas c’est comme déguster un bonbon… C’est tout à fait ça… Plaisir à chaque fois renouvelé de retrouver ce commissaire ô combien atypique mais très attachant d’Adamsberg et son univers, tous ces personnages qui tournent autour de lui… Retancourt (Violette), armoire à glace au grand cœur, Danglard le cultivé aviné, Veyrenc avec ses mèches folles, La Boule, le chat de la brigade, Lucio qui continue de gratter sa piqure d’araignée etc. impossible de tous les nommer, mais c’est un vrai délice de les retrouver… et notre bon Adamsberg, fidèle à lui-même continue de dériver, de méditer, de pelleter les nuages au milieu de 2 enquêtes qui pourraient bien n’en faire qu’une mais qui paraissent aussi folles l’une que l’autre… D’un côté, on part à la suite d’une expédition de Français en Islande, au cercle polaire sur l’île de Grimsey, enfin tout à côté sur une île en forme de tête de renard où se trouve une pierre tiède avec des runes très anciennes dessus et qui rendrait immortel si on s’allonge dessus… mais endroit très dangereux à cause des brumes et de l’afturganga… je ne vous en dis pas plus ! Et d’un autre côté, on se retrouve en pleine révolution française, en pleine Terreur avec Robespierre… enfin plutôt une association qui fait revivre à l’identique toute cette période, en costumes etc. Bien mystérieux que tout cela, et surtout ponctué de morts… 2 morts « anciens » en Islande et plusieurs de nos jours à Paris, meurtres dissimulés en faux suicides avec une guillotine dessinée à chaque fois, près du mort.

La brigade d’Adamsberg est en ébullition et perplexe devant la complexité de toutes ces pistes aussi dissemblables… et beaucoup ne veulent pas suivre le commissaire dans ses pérégrinations qui le mèneront jusqu’en Islande… Il y a de la rébellion dans l’air menée par Danglard sous l’influence de… Robespierre lui-même !! si si

Comme à son habitude, tout cela laisse de marbre Adamsberg qui part avec Rétancourt et Veyrenc gratter ses pensées à la rencontre de l’afturganga en Islande au péril de leur vie.

Lisez pour connaître la suite et le final…. Tout finit par donner sens, Fred Vargas y arrive avec maestria !

Que vous dire ? Comme à chaque fois, j’ai eu grand grand plaisir à suivre Adamsberg et sa fine équipe dans ses enquêtes, toujours bien menées… J’ai beaucoup souri car Fred Vargas a une écriture malicieuse, pleine de poésie aussi et d’érudition. Grâce à Danglard on apprend énormément de choses sur la révolution, mais pas que…

Bref, je n’ai qu’un conseil, courrez vite lire Fred Vargas et ses « Temps glaciaires ».

 

 

« D'un regard Adamsberg coupa net le discours érudit que le commandant s'apprêtait à faire – il le sentait – sur l'écriture cyrillique. Et en effet, Danglard s'obligea à regret à abandonner l'histoire des disciples de saint Cyrille qui avaient créé l'alphabet ».

 

 

Résumé éditeur :

Adamsberg attrapa son téléphone, écarta une pile de dossiers et posa les pieds sur la table, s’inclinant dans son fauteuil. Il avait à peine fermé l’oeil cette nuit, une de ses soeurs ayant contracté une pneumonie, dieu sait comment. – le femme du 33 bis? demanda t-il. Veines ouvertes dans la baignoire ? Pourquoi tu m’emmerdes avec ça à 9 heures du matin, Bourlin? D’après les rapports internes il s’agit d’un suicide avéré.

Tu as des doutes? Adamsberg aimait bien le commissaire Bourlin. Grand mangeur, grand fumeur, grand buveur, en éruption perpétuelle, vivant à plein régime en rasant les gouffres, dur comme pierre et bouclé comme un jeune agneau, c’était un résistant à respecter, qui serait encore à son poste à 100 ans. – Le juge Vermillon, le nouveau magistrat zélé, est sur moi comme une tique, dit Bourlin. Tu sais ce que ça fait les tiques?

 

 

« Censé ne pas fumer, le commissaire prélevait des cigarettes dans les paquets de son fils, qu'il enfournait à même ses poches, où elles se tordaient, se vidaient, vivaient une vie nouvelle en liberté ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Vargas-Temps-glaciaires/682494

 

 

« Pierre, eau, oiseaux. Il s'inclina sur le banc qu'il avait choisi, mains croisées sous la nuque, surveillant le ciel, repérant les mouettes les plus dociles. Il était facile pour Adamsberg d'en choisir une, de grimper sur son dos, sans la serrer, d'orienter sa course et en dirigeant doucement les ailes, de survoler les champs, d'atteindre la mer, et là, de jouer à résister vent debout ».

 

 

« Elle portait sur son bras le gros chat blanc de la brigade qui, amorphe, reposait sur elle comme un linge propre plié en deux, détendu et confiant, ses pattes ballotant d’un côté et de l’autre. Retancourt était l’être préféré du chat, autrement nommé La Boule, boule qui pouvait atteindre quatre-vingts centimètres en extension. Elle s’apprêtait à aller le nourrir, c’est-à-dire le porter à l’étage où l’on déposait sa gamelle, car le chat – en parfaite santé – refusait de monter l’escalier lui-même et de se nourrir s’il n’avait pas de compagnie. Il fallait donc attendre près de lui qu’il ait avalé sa portion, puis le redescendre pour le poser sur son lieu de prédilection, la photocopieuse tiède qui lui servait de couche ».

 

 

« — Je me souviens, intervint Danglard. Est-ce l'histoire de cette dizaine de touristes qui furent piégés deux semaines par la brume ? Sur un îlot, tout au nord ? Ils avaient survécu grâce à des phoques échoués sur le rivage.

— Vous avez dit que vous ne saviez pas pour ma mère, réagit Amédée. Mais vous avez déjà enquêté, il faut croire ?

— Non. Je m'en souviens, c'est tout.

— Le commandant mémorise tout, expliqua Adamsberg.

— Comme Victor alors, dit Amédée en changeant de genou et tordant son autre pied dans ses doigts. Il a une mémoire anormale. C'est pour cela que mon père l'a engagé. Il n'a même pas besoin de notes pour rédiger le compte rendu d'une réunion. Et pourtant, la chimie, il n'y connaît rien.

— Et, reprit doucement Adamsberg, Mme Gauthier vous a fourni une autre version du décès de votre mère ? »

 

 

« Quand Adamsberg avait connu très tardivement son fils âgé de vingt-huit ans, Zerk disait un « accroche-bouchon », et usait d'autres termes étranges de ce type. Adamsberg s'était demandé si le jeune homme était intelligent, original, ou bien parfois alenti, limité. Mais comme il se posait la même question sur lui-même sans y accorder d'importance, il avait laissé tomber l'énigme.

— Il y a combien de chats ici, maintenant ? demanda Danglard en voyant passer des ombres délicates.

— La petite a grandi, dit Adamsberg, elle est très féconde. Six, sept, je ne sais pas, je les confonds tous, sauf la mère qui vient toujours se frotter contre moi.

— C'est toi qui l'as mise au monde et elle t'aime, hombre, dit Lucio. On a eu deux portées, ils sont neuf : Pedro, Manuel, Esperanza, commença-t-il en comptant sur ses doigts ».

 

 

« On disait qu'il y avait là-bas une pierre encore tiède, de la taille d'une stèle à peu près, et couverte d'inscriptions anciennes. Et que si l'on se couchait sur la pierre tiède, on devenait presque invulnérable, éternel quoi. Parce que l'on était pénétré par les ondes du cœur même de la terre ».

 

 

« — Son rôle ? demanda Adamsberg.

À quoi bon « jouer » la Révolution ?

— Nécessairement, dit Château. Tel membre va jouer Danton, tel incarnera Brissot, Billaud-Varenne, Robespierre, Hébert, Couthon, Saint-Just, Fouché, Barère, et à la suite. Il doit connaître par avance le discours qu'il a à tenir. Nous fonctionnons par cycles, sur deux ans : depuis les séances de l'Assemblée constituante jusqu'à celles de la Convention. Nous ne les reproduisons pas toutes ! Ou bien les cycles dureraient cinq ans, n'est-ce pas. Nous choisissons les journées les plus représentatives, ou mémorables. En bref, nous faisons vivre l'Histoire, scrupuleusement. Le résultat est assez impressionnant.

— Et qu'appelez-vous, dit Adamsberg, les séances « exceptionnelles » ? Comme celle de ce soir ?

— Celles où paraît Robespierre. Elles attirent beaucoup plus de monde. Il n'est présent que deux fois par mois car son rôle est long et épuisant. Et lui, on ne peut pas le remplacer. En ce moment pourtant, il joue toutes les semaines, nous avons pris du retard ».

 

 

« L'afturganga ne convoque jamais en vain. Et son offrande conduit toujours sur un chemin ».

 

 

« — Nous avons un autre élément, dit Veyrenc. Sa ressemblance inouïe avec Robespierre.

— On ne saura jamais, dit Danglard. Ni nous, ni la famille Château. Pas de comparaison ADN possible, les restes de Robespierre furent finalement dispersés dans les catacombes de Paris.

— Mais le plus important n'est pas la vérité, dit Adamsberg en calant de nouveau ses pieds sur le chenet. C'est que les Château y aient cru. Que le grand-père s'y soit accroché dur comme fer, comme ses ancêtres avant lui. Qu'ils aient maintenu la flamme, entretenu le culte. Dès lors, que croit notre François ? Qu'il est un descendant de robespierristes, comme il me l'a raconté, ou bien de Robespierre lui-même, en chair et en os ? Cela changerait bien des choses.

— Ce type ment comme un arracheur de dents, dit Veyrenc.

— S'il se pense descendant, dit Danglard, et s'il est notre tueur, pourquoi, je le répète, nous aurait-il écrit ?

— Tout comme son aïeul, dit Veyrenc. Parce que Robespierre ne tue pas en douce, comme un « hypocrite » brigand des bas-fonds. Parce qu'il exécute sur la place publique. Parce que ses morts doivent être exemplaires.

— Il y a donc bien un troisième bouchon, au fond de la bouteille, conclut Adamsberg à voix basse ».

 

 

« C'était juste la jambe qui s'était mise à pourrir d'un coup, sans raison, bleue et verte. Y a même eu un article dans le journal. Une heure de plus, et j'y passais. C'était l'afturganga, il avait essayé de me tuer.

— Qu'est-ce que l'afturganga ? demanda Adamsberg.

— Le mort-vivant, le démon qui possède l'île. Maintenant, t'as ton histoire, Almar.

— C'est pas pour moi, c'est pour eux.

— J'ai compris ça, dit Rögnvar en jetant un regard net et bleu à Adamsberg, qui lui tendit une autre cigarette et s'en alluma une ».

 

 

Assis sur son lit, Adamsberg ne s'était assoupi que par instants. Il attendit que la pendule de l'auberge sonne le quart de 8 heures pour descendre dans la salle et aider Gunnlaugur à porter Veyrenc jusqu'à leur table. Retancourt les rejoignit et s'assit d'un bloc sur sa chaise, les traits tout à fait reposés. Adamsberg versa le vin et leva son verre.

— À Violette, dit-il sobrement.

— À Violette, répéta Veyrenc.

— Votre chute sur la plage aurait pu nous être fatale, dit Retancourt en choquant son verre contre celui du lieutenant.

— Ce n'est pas ma chute, Retancourt. C'est l'afturganga qui m'a rattrapé. Rögnvar en est convaincu. Il ne me quittera pas avant de s'être assuré que la jambe ne va pas se gangrener d'un seul coup.

— Mais il a raison sur un point, dit Retancourt. C'est vrai qu'il n'y a pas âme qui vive sur ce rocher. Pas même des œufs de macareux sur la falaise. Pas même le museau d'un phoque à la surface des eaux. Je n'ai pas vu un sillage. Ils ont eu de la chance, les touristes, de haler des phoques, beaucoup de chance.

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25 mars 2015 3 25 /03 /mars /2015 19:00

http://ecx.images-amazon.com/images/I/81xkAmS0q3L.jpg

 

« - Jure-moi Louis…

- ?!

- … Que tu n’es pour rien dans cette histoire !

- Quelle histoire ? vas-tu m’expliquer ?

- Sais-tu pourquoi tu es de retour ?

- Dame oui ! J’ai eu une permission… Mais que…

- Si ton père a le courage de sortir, il te donnera la vraie raison !

- Cesse ces enfantillages Angèle ! N’es-tu pas heureuse de moi voir ? J’aurais…

- Arrête Louis !!

- Tu es là uniquement…

… Parce qu’Alban est parti à ta place !

Ton père !! Oui, ton père a acheté son numéro d’exempté ! Deux mille francs ! Voilà ce que vaut ta liberté !!

- ?! »

 

 

Je lis peu de BD, je ne suis pas une spécialiste… ce n’est pas que je n’aime pas, mais je n’y pense pas, et puis je lis beaucoup, on ne peut pas tout faire. Mais je fais actuellement un challenge lecture, et une BD est au programme. De plus, sur FB je suis la page de Patrick Prugne, et il a la gentillesse de poster régulièrement des planches de ses dessins qui sont superbes. Je les admire à chaque fois. Et hier j’ai craqué, j’ai acheté « Frenchman » de Patrick Prugne. Un pur plaisir ! Les dessins vus en vrais sont encore plus beaux si cela est possible. J’ai un vrai gros coup de cœur pour son univers, son travail. Et puis j’avoue que j’y suis d’autant plus sensible que les Indiens, les grands espaces, la nouvelle France etc. ça me parle, j’aime. Que dire de plus ? Les traits sont précis, détaillés, simples et magnifiques. Les couleurs toutes en pastels sont superbes ! Bref si vous ne connaissez pas, précipitez-vous.

Et puis, c’est la première fois que je vois cela, et c’est passionnant, Patrick Prugne fait œuvre de pédagogie si je peux dire, car il publie quelques unes de ses esquisses à la fin de l’album, nous présente ses différentes pistes, ses réflexions. Il explique son travail, ses recherches, comment il trouve les meilleurs plans pour ses cases, les cadrages, son scénario. Il nous apprend que le trappeur Toussaint Charbonneau, un de ses personnages, a réellement existé. Très intéressant et inédit pour moi. C’est peut-être son habitude, si tel est le cas, très bonne habitude et initiative.

Je vais me plonger dans d’autres volumes de Patrick Prugne dès que je peux.

 

 

http://www.bedetheque.com/media/Planches/PlancheA_136258.jpg

 

« - Un navire marchand hollandais doit appareiller du Havre dans trois jours pour La Nouvelle Orléans… Je serai à son bord !

- Je ne demande pas ça, Louis.

- Je sais, mais j’en fais une affaire d’honneur ! »

 

 

Résumé éditeur :

Un Normand en Louisiane

Octobre 1803... Dans un paisible village de Normandie, des sergents recruteurs arrivent tambour battant. A l’appel de leurs noms, les jeunes hommes de la région partent grossir les rangs de l’armée du premier consul Bonaparte. A l’autre bout du monde, la Louisiane vient d’être cédée par la France à la jeune nation américaine. Enrôlé comme tant d’autres pour assurer la “pacification” de ces contrées sauvages, Alban, un jeune paysan, doit bientôt embarquer pour la Nouvelle-Orléans. Ce garçon plein de fougue, encore imprégné des idéaux de la Révolution, fait parler la poudre pour défendre un jeune esclave. Arrêté, emprisonné, il risque l’échafaud. Un trappeur français, Toussaint Charbonneau, lui sauve la vie et l’entraîne avec lui dans une expédition qui changera le cours de leurs existences.

 

Après Canoë Bay, Patrick Prugne nous rappelle que la France a possédé un immense empire en Amérique du Nord, dont la Nouvelle-Orléans, fondée en 1712, était la capitale. Du Canada au golfe du Mexique, de la chaîne des Appalaches aux montagnes Rocheuses, la Louisiane française représentait l’équivalent de vingt et un Etats composant les actuels Etats-Unis ! L’histoire de ce pays, auquel le Roi de France avait donné son nom, est peuplée de coureurs des bois, de missionnaires et d’officiers perdus dans les immensités du Nouveau-Monde.

 

http://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne/sites/regions_france3/files/styles/top_big/public/assets/images/2013/09/22/prugne.jpg?itok=Aa-OwpiQ

 

 

 

« - Je n’ai pas mis longtemps à comprendre que ma survie dépendait de lui…

- Fais comme moi, souris et salue-les !

- Nous allions suivre la Ouachita river. Ce n’était pas le chemin le plus court, mais le plus sûr, d’après Toussaint…

… Et ma Normandie s’éloignait un peu plus ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Prugne-Frenchman/298169

 

 

« - Je… Je ne comprends pas ! Je ne l’ai pas entendu arriver…

- Apprends à regarder ma mule et écoute le vautour, ils t’avaient prévenu !

Et à l’avenir, évite d’aller pisser sans ton fusil !

On va prendre un peu de temps pour le dépecer, ce serait dommage d’abandonner une si belle peau…

- Ce que j’avais surtout appris pour l’avenir, c’est que lorsqu’un homme qui parle peu te dit qu’un ours rôde dans les environs, tu l’écoutes… »

 

http://img.xooimage.com/files68/4/b/0/frenchmanprugneext-2e4d507.jpg

 

 

« - Qu’avez-vous vu ?

- Tais-toi !

Les voilà, baisse-toi !

Des pawnees !...

… Leurs visages sont peints… Ils semblent sur le sentier de la guerre… Je n’aime pas ça !

On va attendre un peu avant de bouger ! Tiens ton fusil prêt ! »

 

 

http://www.yozone.fr/IMG/jpg/pawnee_2.jpg

 

« Ton ami et ses deux abrutis d’acolytes ont tué un guerrier et violé sa squaw !...

Les indiens ont vengé une mort par celles de deux blancs !... Ton ami est devenu le nouvel époux.

Les pawnees l’ont adopté ! Désormais, il est l’un des leurs. Tu ne peux plus rien pour lui !...

C’est comme ça ! C’est dans l’ordre des choses pour eux. Il a dû être courageux sous la torture pour être là, aujourd’hui. Avec le temps, il deviendra un indien ! »

 

 

http://www.ouest-france.fr/sites/default/files/styles/image-900x500/public/2015/02/25/lauteur-patrick-prugne-expose-la-mediatheque.jpg?itok=X9-bZQ6P

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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 13:16

http://www.lamanufacturedelivres.com/le_site/Grossir_le_ciel_files/droppedImage.jpg

 

« Gus vivait ici, depuis plus de cinquante hivers. C’était en décembre que ce pays l’avait pris et que sa mère l’avait craché sur des draps durs et épais comme des planches de châtaignier, sans qu’il se sente dans l’obligation de crier, comme pour marquer son empreinte désastreuse dans un corps ancestral, une manière de se cogner à la solitude, déjà, dans ce moment qui le faisait devenir quelqu’un par la simple entrée d’une coulée d’air dans sa bouche tordue. Des gens diraient plus tard qu’on n’aurait pas dû le secouer comme on l’avait fait pour lui extorquer le fameux cri et que, si dans le futur il s’était mis à parler plus volontiers aux animaux qu’aux hommes, c’était un peu à cause de ce retard à l’allumage ».

 

 

J’étais impatiente de démarrer la lecture de « Grossir le ciel » de Franck Bouysse, auteur que je ne connaissais pas car il m’avait été recommandé par ma cousine… et j’aime quand à l’inverse de l’habitude, ce n’est pas moi qui conseille, mais d’autres personnes qui me conseillent des livres à découvrir. J’adore quand l’échange va dans les deux sens, c’est cela aussi le plaisir de la lecture. Je suis donc allée voir comme d’habitude la note globale sur Babélio… excellente : 4.24 sur 5 (quand les livres atteignent la note 4… ils sont juste excellents et de vrais coups de cœur des lecteurs de Babélio !). Donc je suis partie confiante, m’attendant à un polar. Résultat, ce n’est pas un polar, mais ce n’est pas grave du tout…. je ne saurais pas dire d’ailleurs ce que c’est comme genre littéraire, mais c’est un livre, excellent, attachant, intéressant, bref à découvrir !

D’ailleurs, ce n’est pas plus mal que ça n’ait pas été un polar, car je sortais de la lecture des livres de Ian Manook avec son commissaire Yeruldelgger que j’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé (et c’est peu dire !)…. alors je pense que passer après, c’est très difficile (d’ailleurs c’est ce qui arrive pour un polar que je suis en train de lire, je m’y ennuie…. est-ce dû au livre en lui-même ou au décalage avec Ian Manook ? je ne sais pas).

Avant d’aller plus loin, je voudrais vous dire que j’ai beaucoup apprécié l’écriture de Franck Bouysse, une très belle écriture, parfois assez rude, mais en même temps très imagée. Poètique, délicate…

« Grossir le ciel », c’est le récit de la vie de Gus, paysan en pays Cévenol, qui n’a jamais quitté sa ferme, dont la vie est rythmée par son travail avec les bêtes, les champs, les réparations, les saisons, assez rudes, et une vie sociale très réduite : en fait, elle se résume à son chien Mars, et son voisin Abel qu’il « fréquente » depuis une vingtaine d’années. Ils sont tous les deux des hommes rugueux, des taiseux… mais ils entretiennent une sorte d’amitié, particulière, reflet de leurs caractères.

C’est l’histoire d’un monde rural en désuétude, de la solitude, de la vie rude dans un coin perdu… la vie de Gus n’a pas été bien joyeuse, pas aimé de ses parents, voire haï, un physique peu avantageux, beaucoup de moqueries, une vie sentimentale inexistante, bref, il préfère, et on le comprend, les animaux aux humains.

On va suivre Gus pendant un petit mois… un mois de janvier en plein hiver, bien rigoureux, depuis le jour du décès de l’abbé Pierre. Evènement qui touche profondément Gus alors qu’il ne le connait pas personnellement bien évidemment et que Gus est plutôt protestant, si on parle de religion… à partir de ce jour, sa vie bien « huilée » par ses habitudes et son travail, va commencer à dérailler petit à petit…. Et tous ces petits détails qui font virer peut à peu sa vie font aussi tout l’attrait de ce livre qu’on lit avidement.

Bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé. Je vais m’intéresser sérieusement à Franck Bouysse. Merci Domino !

 

 

« Que Gus aimait ce pays serait beaucoup dire, mais comme il n'avait rien connu d'autre, il s'était fait à l'idée d'y finir ses jours. Pas malheureux, pas vraiment heureux non plus. Sa place dans le vaste ordonnancement de l'univers étant donné qu'il était incapable d'en imaginer une autre ».

 

 

Résumé éditeur :

L’abbé Pierre vient de mourir. Gus ne saurait dire pourquoi la nouvelle le remue de la sorte. Il ne l’avait pourtant jamais connu, cet homme-là, catholique de surcroît, alors que Gus est protestant. Mais sans savoir pourquoi, c était un peu comme si l’abbé faisait partie de sa famille, et elle n est pas bien grande, la famille de Gus. En fait, il n’en a plus vraiment, à part Abel et Mars. Mais qui aurait pu raisonnablement affirmer qu’un voisin et un chien représentaient une vraie famille ? Juste mieux que rien. C’est justement près de la ferme de son voisin Abel que Gus se poste en ce froid matin de janvier avec son calibre seize à canons superposés. Il a repéré du gibier. Mais au moment de tirer, un coup de feu. Abel sans doute a eu la même idée ? Non.

Longtemps après, Gus se dira qu’il n aurait jamais dû baisser les yeux. Il y avait cette grosse tache dans la neige. Gus va rester immobile, incapable de comprendre. La neige se colore en rouge, au fur et à mesure de sa chute. Que s est-il passé chez Abel ?

 

 

« Le vieil homme était d’une ancienne famille de meuniers qui s’était éteinte avec lui. Ici, les lignées, elles s’éteignent toutes les unes après les autres, comme des bougies qui n’ont plus de cire à brûler. C’est ça le truc, la mèche, c’est rien du tout s’il n’y a plus de cire autour, une sorte de pâte humaine, si bien que l’obscurité gagne un peu plus de terrain chaque jour ; et personne n’est assez puissant pour contrecarrer le projet de la nuit ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Bouysse-Grossir-le-Ciel/646949

 

 

« — En tout cas, quoi que tu me demandes, j’ai plus rien envie d’ajouter à ce que je t’ai dit. Je te rappelle qu’on a ce troupeau à mener à l’étable.

— T’inquiète pas, je reviendrai pas sur le sujet, même si tu m’as pas vraiment contenté.

— Alors, parlons d’autre chose, ou de rien, ça sera mieux pour tout le monde, dit Abel en se tournant vers Gus, avec des yeux qui ressemblaient à des vitres sales par temps de pluie.

— Tu sais ce que je crois, Abel ? dit Gus en détournant son regard vers l’avant du troupeau.

— Comment veux-tu que j’le sache ?

— C’est que tu mens sacrément mal ».

 

 

Pour autant que Gus s’en souvienne, ses parents étaient comme chien et chat, et lui, il était bien souvent au milieu, à ne pas savoir qui avait raison ou tort. À ne pas savoir pourquoi il finissait toujours par prendre une torgnole de l’un ou de l’autre, et souvent des deux à la fois. Ils s’entendaient au moins là-dessus. Des roustes, Gus en avait pris des sévères par son père, des coups de ceinture, ou de branches de noisetier, qui faisaient mal sur le moment, mais dont la douleur physique, d’une certaine façon, donnait un sens à son existence, faisant comme des scarifications qui finissaient par s’effacer quand il aurait voulu en garder la marque. Tandis que sa mère, en plus de le rosser, disait des choses qu’on ne devrait jamais dire à un enfant, et encore moins au sien, des choses qui vous font penser qu’il vaudrait mieux être dans un trou recouvert de terre fraîche, que ce serait la meilleure place.

 

 

« Depuis ce jour, Ballac avait dû comprendre qu’il ne parviendrait jamais à faire déplacer Gus jusqu’à la mairie juste pour déposer un bulletin dans une urne. Le pasteur et son temple représentaient l’autre institution du village. On était en terre protestante et en pays de huguenots, qui avaient combattu contre les catholiques pour leur liberté et en avaient payé le prix. C’était Louis XIV qui avait commencé à faire la chasse aux camisards, et ses sbires avaient obéi au doigt et à l’œil, massacrant à tour de bras sur leur passage, sans faire de distinction entre les hommes, les femmes et les enfants. Après tout, c’était certainement une des raisons expliquant la méfiance des gens du cru, cette souffrance atavique, comme un caractère génétique supplémentaire dans l’ADN cévenol. L’église du village, quant à elle, tombait en ruine et il n’y avait pas grand monde pour s’en inquiéter ».

 

 

« Gus adorait quand ils étaient assis au coin du feu et que la mémé lui racontait des histoires anciennes venues de son passé à elle, qu’il n’avait pas connu et qui la rendait plus souvent triste que joyeuse. Gus ne s’y trompait pas à l’époque. Et ses silences. Des silences qui le calmaient comme rien n’avait jamais pu le faire aussi bien depuis. Il lui disait alors qu’elle était une fée pleine de rides et elle répondait en souriant qu’elle n’en était pas une, que les fées étaient toujours belles et jamais vieilles, que c’était à ça qu’on les reconnaissait ».

 

 

« Alors que le tracteur progressait, les roues arrière rejetaient des pelletées de poudreuse souillée, coincées dans les crampons, qui allaient s’écraser contre les garde-boue, ou sur la couche de neige tassée recouvrant la route. On aurait dit que Gus semait des graines tombées du ciel, pour les récolter à son retour sous forme de fruits gelés. Il agrippait le volant d’une main, pendant qu’il protégeait la seconde à l’intérieur d’une des poches de sa veste, et alternait de temps en temps, afin de ne pas en faire geler une plus qu’une autre. Ses cheveux flottaient en arrière et ressemblaient à des touffes de fleurs mâles de maïs agacées par le vent. Une brise glaciale venait lui cingler le visage, et il avait de la peine à garder les yeux ouverts. Par bonheur, aucun véhicule n’eut l’idée de se pointer en sens inverse, car le tracteur occupait toute la largeur de la route, et Gus n’était pas homme à envisager de mordre le bas-côté au risque de s’embourber ».

 

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17 mars 2015 2 17 /03 /mars /2015 21:23

http://1.bp.blogspot.com/-2N6MdMLwOlY/VHdp4t9dsJI/AAAAAAAAEJE/5ezB6B_RPDM/s1600/temps_sauvage.jpg

 

 

« Oyun n'avait pas souvenir de tels dzüüd dans son enfance. Le premier dont elle se souvenait était celui de 2001. Un hiver si rude et si long que sept millions de bêtes étaient mortes à travers le pays. Elle gardait en mémoire l'image de ces milliers de nomades encore fiers et solides quelques mois plus tôt, venus s'échouer pour mendier et mourir en silence, transis, dans les égouts d'Oulan-Bator. Les hommes avaient perdus tous leurs chevaux, les femmes tous les yacks et toutes les chèvres, et les enfants tous les agneaux et jusqu'à leurs petits chiots. Cet hiver-là avait tué en Mongolie plus d'âmes que les avions des tours de Manhattan ».

 

 

Bon et bien voilà, après la lecture du 2e tome des aventures du commissaire mongol Yeruldegger, « Les Temps Sauvages », je suis définitivement, irrémédiablement conquise par l’écriture de Ian Manook… et j’aime ces grands espaces, cette atmosphère qui oscille entre la violence parfois à l’état pur, et la poésie des paysages, des traditions, de l’humain.

J’aime comme Ian Manook, tout en nous emmenant tambour battant dans des intrigues où il vaut mieux, bien s’accrocher, nous parle de la Mongolie… celle éternelle des grands guerriers, des nomades libres sur la steppe, mais aussi de la Mongolie polluée, violente, pauvre, dénaturée par les traces de l’occupation soviétique, se cherchant désespérément un avenir.

J’aime ses personnages, avec leurs qualités, leurs forces mais aussi leurs défauts… et franchement Yeruldelgger n’est pas le dernier à ce petit jeu là… il en accumule quelques uns de défauts et perd les pédales à de nombreuses reprises… sa collègue et amie, l’inspecteur Oyun collectionne elle aussi dans un autre genre quelques belles conneries… J’ai aimé aussi son flic arménien vivant en France, baroudeur au grand cœur, Zarza, nouveau dans la galerie de personnages.

Je ne vous parle pas de l’histoire…. impossible à résumer. Ça part dans tous les sens et il ne faut pas s’endormir entre les lignes si on veut comprendre… mais que c’est bon, ça se tient… incroyable !

Dans mon billet sur le 1er tome, « Yeruldelgger », je vous avais dit que Ian Manook devait aimer passionnément la Mongolie. Ça transpire à chacun de ses mots… Confirmation dans ce livre, et je voudrais rajouter juste pour l’anecdote… que cet auteur doit être aussi très gourmand. Il nous parle encore assez souvent de la nourriture mongole, avec une gourmandise, une délectation qu’on ressent de manière incroyable (ceci dit, les spécialités mongoles ne m’attirent absolument pas… non non, rien que le thé salé au beurre de Yack, non merci !)… mais je crois qu’il est gourmand tout simplement, car il faut le lire nous parler de la gastronomie normande et on comprend ! lol

Bref, c’est un vrai plaisir de lire Ian Manook, et j’attends avec grande impatience le 3e volet des aventures de Yeruldelgger (ça y est, j’arrive à l’écrire sans trop réfléchir !).

 

 

« Mais ce qu’elle essayait d’imaginer de lui, c’était ce soldat seul dans son poste perdu au cœur de la steppe, sous un soleil de canicule déchiré par les orages secs de l’été. Par quoi est-ce qu’on commence à démonter jusqu’à la dernière vis un tracteur de mortier modèle 1939 de l’armée soviétique ? Quel caractère d’homme pouvait volontairement s’attaquer à une tâche aussi inutile ? Elle repensa à un roman italien que lui avait recommandé Yeruldelgger pendant une planque. Le Désert de je-ne-sais-quoi. Des Tartares peut-être. Des hommes perdus aux frontières de quelque part à attendre quelque chose. C’est ainsi qu’elle imaginait le jeune soldat, démontant et remontant son engin pour tromper l’ennui. Avec de temps à autre un regard inquiet vers l’horizon pour confirmer que rien n’arriverait jamais, comme un désir qu’on retient… »

 

 

Résumé éditeur :

Après le sujet des terres rares, ce nouvel opus des aventures de Yeruldelgger aborde la question des relations troubles de la Mongolie avec les pays voisins, ses affaires d’état, d’espionnage et de contrebande internationale.

Afin d échapper à un complot dont il est la cible, Yeruldelgger enquête sur la mort d’une prostituée et la disparition de son fils adoptif, tandis que ses équipiers cherchent à élucider deux morts très étranges. Leurs recherches les mènent aux confins de la Mongolie, de la Russie et de la Chine, ainsi qu’au Havre, où la découverte des cadavres de 6 jeunes garçons dans un container va donner à cette affaire une toute autre dimension.

 

 

« Il leur fallut plusieurs heures de marche et de romantisme français pour rejoindre le musée. Le professeur avait eu bien besoin de l’esprit des Lumières et de l’écoute de Grandgousier pour conjurer sa peur. Il se laissa glisser le long du pelage rêche incrusté de givre, enserra encore le cou du yack, puis le regarda disparaître dans la nuit d’un pas nonchalant mais sans hésitation. Il rentrait chez lui, et chez lui c’était n’importe où dans la steppe. Quand il eut disparu, le professeur aussi rentra chez lui. Il se laissa tomber dans son vieux fauteuil et la terreur de ce qu’il venait de vivre le secoua soudain de sanglots puissants.

Quand il parvint à se reprendre, après une longue gorgée d’artz, il chercha son portable et laissa un message à ce drôle de Yeruldelgger ».

 

 

Lien de la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Manook-Les-Temps-Sauvages/664908

 

 

« Le matin déjà, un brouillard jaune avait étouffé la ville… La deuxième ville la plus polluée du monde… même devant Mexico… une seule ville digne de ce nom au pays des steppes aux herbes ondoyantes, des troupeaux libres et sauvages et des lacs aux eaux pures et elle était plus dangereuse que Tchernobyl… Devait-il vraiment continuer à aimer ce pays qui courait à sa perte, avec la même arrogance qu’il avait chevauché, des siècles plus tôt, à la conquête de civilisations qui lui étaient cent fois supérieurs ? »

 

 

« Ce qui inquiétait le policier à mesure qu’ils approchaient du but, c’était la froidure et la noirceur du paysage autour d’eux. L’Otgontenger était un massif austère en hiver, mais plus que ses murailles de granit tailladées de failles et de ravines, plus que ses calottes glacées fracturées de séracs grisâtres, un air immobile et gris figeait aujourd’hui le décor dans une humeur funeste. Les lieux semblaient imprégnés à jamais du souvenir des victimes de l’Iliouchine et de leurs ultimes terreurs. Yeruldelgger en était intimement persuadé, tout comme il se convainquit assez vite que la montagne, ce jour-là, pleurait en silence un autre malheur. Peut-être était-ce ce qui rendait le Kazakh si taciturne. Lui aussi semblait devenir perméable à cette sensation étrange que la roche et la glace s’endeuillaient d’un tragique devoir. La première de se faire caveau, la seconde de devenir le linceul ».

 

 

« Méfie- toi d’un homme désespéré, mais tremble devant un homme désabusé. Surtout un flic désabusé ».

 

 

« Autour de la mine, à vingt kilomètres d'ici, la teneur en radon est cent fois plus élevée que les normes admises. En ville, on ne mesure plus depuis vingt ans, histoire de ne pas savoir. Mais je peux te dire qu'ici, on mange de l'uranium, on boit de l'uranium, et on respire de l'uranium. Et je ne te parle pas des métaux lourds et des boues toxiques dans laquelle tu patauges dès que tu descends du trottoir ».

 

 

http://culturebox.francetvinfo.fr/sites/default/files/styles/tvc_mea_1280_720/public/assets/images/2015/02/dans-quelle-eta-gere-ian-manook.jpg?itok=2lJ9NQq2

 

 

« La puissance soviétique a été capable, tu te rends compte ? Construire toute une ville et deux cents bornes de voies ferrées pour y amener jusqu'à cinquante mille Russes. Tu vois ce qu'il a fallu d'immeubles, de commerces, d'infrastructures pour exploiter cette putain de mine et leur piller leur uranium ? Enfin, je veux dire, ton uranium. Garder cette zone secrète, en virer les Mongols, l'effacer des cartes, l’interdire aux voyageurs. Pas étonnant qu'en retour, vous ayez été capables de vous venger comme ça ».

 

 

« Yeruldelgger s’assit à la table en bois, les pieds dans la neige au bord de la route, devant l’échoppe du vieil homme. Le bol de raviolis de mouton à la vapeur, gras et moelleux à souhait, fumait dans l’air glacé entre ses mains emmitouflées. Il tournait le dos à la bicoque du grand-père, une petite guérite de bric et de broc tout enturbannée de fumées d’huile des kuushuurs et de vapeurs des buzz. Quelques bières locales, des cannettes de Coca et des cigarettes de contrebande traînaient sur la planche qui faisait office de comptoir. Les buzz promettaient d’être délicieux. Il se souvint soudain de la dernière fois qu’il avait vu Colette et des kuushuurs savoureux qu’ils avaient partagés. C’était juste avant qu’il n’aille abandonner aux ours dans la forêt le corps blessé d’un salaud qui avait massacré une petite famille. Et maintenant Colette était morte elle aussi ».

 

 

« Les rares promeneurs le voyaient de loin, debout sur la plage face à la mer, immobile contre le vent puissant. Ils le prenaient pour un original d’abord, puis pour un fou et s’en moquaient entre eux, mais quand ils s’en approchaient, ils pressaient soudain le pas en silence, terrorisés par la force et la violence qui émanaient de cet homme au visage de barbare. Lui ne les regardait pas. Il devinait leur approche, sentait leur peur et les laissait passer derrière lui sans leur prêter attention. Il ne regardait que la mer impérieuse et immense et laissait monter en lui cette idée qu’il aimerait lui ressembler. Ne jamais renoncer, tout briser jusqu’à tout réduire en poudre de pierre, être trop grand pour être pris, pouvoir tout engloutir ».

 

 

"– On dirait qu’on lui a brisé la nuque, murmura Soulniz qui les avait rejoints et observait le corps du pêcheur.

– Et celui qui a fait ça a aussi brisé les reins de son chien, mais il avait une bonne raison.

– Comment ça ? s’inquiéta le flic.

Zarza s’agenouilla près du corps du labrador et lui ouvrit la gueule du bout des doigts.

– Ce n’est pas sa gueule qui saigne, c’est ça !

Il tira d’entre les crocs un petit bout de chair sanguinolente et le montra aux autres.

– Nom de Dieu, tu crois que…

– Oui. Le type attaque le marin, le chien défend son maître et mord l’agresseur. L’autre lui brise alors les reins pour se dégager, mais le chien ne lâche rien et le type part avec un bout de mollet en moins.

– Cette brute a vraiment fait ça ?

– C’est évident, client. Un témoin voit ce type plonger dans le port, et voilà que de l’autre côté du bassin quelqu’un massacre un marin et son chien. Ce n’est pas une coïncidence".

 

 

Interview de Ian Manook

 

 


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12 mars 2015 4 12 /03 /mars /2015 12:45

http://i.huffpost.com/gen/1413424/thumbs/o-LARRY-TREMBLAY-570.jpg?5

 

 

« Le parfum des fleurs est leur sang, lui avait dit un jour Shaanan. Les fleurs sont courageuses et généreuses. Elles répandent leur sang sans se soucier de leur vie. Voilà pourquoi elles se fanent si vite, épuisées d’avoir offert leur beauté à qui veut bien la voir ».

 

 

Ce petit livre percutant du Québécois Larry Tremblay, je ne l’aurais sans doute pas lu sans une critique, elle aussi percutante et très bien écrite, lue dans le magazine Lire. En la lisant, je savais que ce livre était indispensable. Il l’est.

Ce n’est pas un livre drôle, détendant… Non. Mais c’est un livre qui interroge, qui trouble, qui percute au cœur et à la raison… Il est criant d’actualité.

Les faits se déroulent essentiellement dans un pays dont on ne nous dira jamais le nom. Mais c’est sans aucun doute un pays du Moyen-Orient, en guerre, occupé… cela ressemble beaucoup à des pays dont on parle régulièrement aux informations.

C’est un livre qui nous parle de l’amour de son pays, de l’amour de sa famille, de l’honneur, mais aussi du mensonge, de la manipulation, de la violence, de la guerre, du sacrifice, de la douleur, de la peur….

Il nous touche au cœur car il y est question d’enfants… de jeunes enfants : Amed et Aziz, 9 ans, deux frères jumeaux.

Mon cœur de maman essaie de comprendre comment on peut sciemment sacrifier un de ses enfants… même pour des raisons qui paraissent légitimes… et ceci pour faire d’autres victimes qui en apparence sont des ennemis.

Je n’arrive pas à le comprendre, à l’accepter.

Ce livre ne justifie rien. Il raconte et renvoie à nos propres questionnements.

Il nous parle aussi des répercutions psychologiques à de tels actes, les souffrances incroyables des survivants.

Ce livre est très bien écrit, un peu court à mon goût, d’ailleurs la fin m’a vraiment prise par surprise. Le lisant sur une liseuse, je croyais avoir encore de nombreuses pages. Et non !

Excellent, à découvrir si on s’intéresse un peu à la vie de notre monde, à l’humain.

 

 

« Depuis que les garçons attendaient le retour de Soulayed, le temps était devenu étrangement long. Les minutes s'étiraient comme si elles étaient faites avec de la pâte. L'un des frères partirait à la guerre et ferait exploser les baraques militaires de la drôle de ville comme l'avait appelée Soulayed. Ils en parlaient sans arrêt. Sur qui le choix de leur père s'arrêterait-il ? Pourquoi l'un plutôt que l'autre ? Aziz jurait qu'il ne laisserait pas partir son frère sans lui, Amed affirmait la même chose. Malgré leur jeune âge, ils étaient conscients de l'honneur que Soulayed leur avait fait. Ils étaient subitement devenus de vrais combattants ».

 

 

Résumé éditeur :

Quand Amed pleure, Aziz pleure aussi. Quand Aziz rit, Amed rit aussi.

Ces frères jumeaux auraient pu vivre paisiblement à l’ombre des orangers. Mais un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents. La guerre s’empare de leur enfance et sépare leurs destins. Des hommes viennent réclamer vengeance pour le sang versé. Amed, à moins que ce ne soit Aziz, devra consentir au plus grand des sacrifices. Et tous payeront le tribut des martyrs, les morts comme ceux qui restent.

Larry Tremblay frappe encore un grand coup, mais vise cette fois le cœur, laissant au lecteur le soin de départager les âmes pures des fourbes, les fanatiques des héros. Un texte à la fois actuel et hors du temps qui possède la force brute des grandes tragédies et le lyrisme des légendes du désert.

 

Prix des libraires du Québec

Prix littéraire des enseignants AQPF-ANEL

Prix littéraire du salon du livre du Saguenay Lac St-Jean (catégorie roman)

Prix des lecteurs du Saguenay Lac St-Jean

 

 

« Les hommes dans notre pays vieillissent plus vite que leur femme. Ils se dessèchent comme des feuilles de tabac. C’est la haine qui tient leurs os en place. Sans la haine, ils s’écrouleraient dans la poussière pour ne plus se relever. Le vent les ferait disparaître dans une bourrasque. Il n’y aurait plus que le gémissement de leur femme dans la nuit ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio :

http://www.babelio.com/livres/Tremblay-LOrangeraie/535628

 

 

« — Oui, Aziz va mourir, je le sais comme toi. Je t’ai rapporté ce que le médecin m’a expliqué. Ce ne serait pas un sacrifice s’il portait la ceinture. Ce serait une offense. Et ça se retournerait contre nous. Et puis Aziz, dans son état, ne pourrait pas réussir. Il est trop faible. Non, Tamara, ça ne peut pas être Aziz. On n’envoie pas un enfant malade à la guerre. On ne sacrifie pas ce qui déjà est sacrifié. Essaie de le formuler avec tes mots, Tamara, tu arriveras comme moi à la même conclusion. C’est Amed qui partira.

Tamara pleurait et faisait non de la tête, incapable de parler ».

 

 

« Nous avons attendu qu’il prenne la parole, attendu, le cœur serré qu’il nous dise ce qui s’était passé de l’autre côté de la montagne. « Votre maison a donné à notre peuple un martyr, a commencé d’une voix cérémonieuse Soulayed. Que Dieu la bénisse ! Ahmed est à présent au paradis ; Il n’a jamais été aussi heureux. Son bonheur est éternel. Réjouissez-vous ! Oui, je connais votre peine d’avoir perdu un fils, mais réjouissez-vous, relevez la tête et soyez fiers. Et toi, a dit Soulayed en se tournant vers moi, toi, ne pleure plus, ton frère est avec toi, ne le sens-tu pas ? Il n’a jamais été aussi près de toi, oh non, jamais aussi près ». »

 

 

« Il était trop facile d'accuser ceux qui commettaient des crimes de guerre d'être des assassins ou des bêtes féroces. Surtout quand celui qui les jugeait vivait loin des circonstances ayant provoqué ces conflits dont l'origine se perdait dans le tourbillon de l'histoire. Qu'aurait-il fait, lui, dans de pareilles conditions ? Aurait-il été, comme des millions d'autres hommes, capable de tuer pour défendre une idée, un bout de terre, une frontière ? »

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10 mars 2015 2 10 /03 /mars /2015 17:54

http://www.albin-michel.fr/images/couv/7/4/9/9782226251947g.jpg

 

« Elle tenait à hauteur des yeux une petite coupelle qu'il savait rempli de lait de la dernière traite et, d'un geste croyant et respectueux, du bout des doigts, elle en aspergeait les quatre points cardinaux. Malgré le petit cadavre recroquevillé dans son coffre et les corps mutilés des trois Chinois qui l'attendaient à Oulan-Bator, Yeruldelgger ressentit une sorte de bonheur à appartenir à ce pays où on bénissait les voyageurs aux quatre vents et où on nommait les cercueils du même mot que les berceaux. Une sorte de bonheur... »

 

 

Yeruldelgger de Ian Manook… Un vrai gros coup de cœur !!!

Honnêtement je ne sais pas si avec un nom pareil et une couverture aussi peu attirante (avis très perso, mais c’est comme ça, je ne l’aime pas), j’aurais lu ce livre sans la critique d’un libraire sur France Info qui en a parlé avec beaucoup d’enthousiasme et qui a glissé que Ian Manook, peut être un nouveau Caryl Ferey. Alors là, toutes mes alertes se sont mises au rouge… je suis une fan inconditionnelle de Caryl Ferey… donc, il me fallait découvrir cet auteur. Et autant démarrer par son premier, « Yeruldelgger » du nom de ce commissaire mongol complètement atypique, meurtri, blessé par la vie, amoureux de son pays, la Mongolie, aux méthodes un peu particulières, bien à lui.

Je connais très peu la Mongolie, si ce n’est les images de grands espaces, des cavaliers mongols et des yourtes. Avec ce polar, on plonge dans ce pays un peu à la dérive, après une occupation soviétique, le « temps d’avant », des Chinois qui l’occupent maintenant, surtout économiquement parlant, un pays qui perd peu à peu ses traditions dans une urbanisation qui met une grande partie de la population dans la pauvreté. Mais aussi un pays avec des paysages grandioses et magnifiques, des traditions solides que certains veulent et essaient de préserver, un pays de femmes et d’hommes fiers, plein de générosité.

C’est tout cela que nous fait découvrir Ian Manook avec ce thriller qui alterne entre la violence et la poésie pure (certains passages sont superbes !). Ses personnages sont très attachants, torturés souvent, violents parfois, mais terriblement attachants. On sent tout au long de ses mots, à l’instar du commissaire Yeruldelgger, que Ian Manook aime profondément la Mongolie et sa culture. Et il nous entraine avec lui.

Et moi j’ai aimé suivre Yeruldelgger, Solongo, Oyun, Saraa etc. oui j’ai beaucoup apprécié, et j’ai plongé avec bonheur dans ce thriller de haute voltige et profondément humain.

Je vais vite lire la suite, « Les temps sauvages », qui vient de sortir !

 

 

« Mais elle avait changé. Son boulot sans doute, la mort et les corps, l’image de toutes ces âmes que Yeruldelgger ramassait pour les déposer sur sa table. Le silence de l’autopsie, la sérénité de la mort et la laideur des corps. Ces longues nuits penchées sur ces existences dépecées, à se demander où en était la sienne. Elle avait cru pouvoir éviter de répondre en ne faisant que vivre, à toute vitesse, à tout prix. Il avait fallu que la mort la rattrape pour comprendre qu’il ne servait à rien de la fuir. Un matin Yeruldelgger était entré dans sa salle d’autopsie en tenant le corps d’une enfant dans ses bras. Sa propre enfant à lui. Sa petite fille chérie. Sa Kushi adorée ».

 

 

Résumé éditeur 1 :

Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar de l’assassinat jamais élucidé de sa propre fille. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité. Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas.

Dans ce thriller d’une maîtrise époustouflante, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné des déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale jusqu’à l’enfer des bas-fonds d’Oulan-Bator. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Ecosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Ian Manook !

 

2014 Prix des lecteurs de Notre temps

2014 Prix Quais du Polar/20 Minutes

2014 Prix littéraire de l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon "Récits de l'Ailleurs"

2014 Prix SNCF du polar

2014 Grand Prix des Lectrices de "ELLE"

2014 Prix Polar historique du salon de Montmorillon

 

 

« - Regarde. Après la guerre en France, près de vingt mille femmes ont été tondues pour avoir pactisé avec les Allemands.

- Pactisé ?

- Oui, fréquenté, couché, aimé, si tu préfères !

- Vingt mille ! Je n'avais jamais entendu parler de ça.

- Que veux-tu, philosopha-t-il, dans notre monde c'est souvent "à chacun sa misère". D'après toi, combien de Français savent que dans les années vingt, notre Baron Fou a fait ébouillanter ou jeter dans les chaudières des locomotives des milliers d'hommes et de femmes ? Les guerres sont sales, et les victoires aussi ».

 

 

Résumé éditeur 2 :

Cinq ans plus tôt, Kushi, la fille de l'inspecteur Yeruldelgger a été enlevée et assassinée pour l'obliger à abandonner une enquête sur la corruption liée au rachat des terres de la steppe mongole.

La découverte du cadavre d'une autre fillette va le replonger dans les mêmes tourments. Dans un pays à l'histoire et aux paysages sauvages, une guerre sale d'argent et de pouvoir s'est déclarée autour d'une des richesses minières les plus rares et les plus convoitées de la planète.

Pour lutter contre les puissances qui veulent s'accaparer son pays, Yeruldelgger va puiser ses forces dans les traditions héritées des guerriers de Gengis Khan, dans les techniques modernes d'investigation, et dans la force de ses poings.

Parce qu'un homme qui a tout perdu ne peut rien perdre de plus. Il ne peut que tout reconquérir. Peu à peu, sans pitié ni pardon...

 

 

« – Une fille ? Tu parles d’un alibi ! Allez la chercher et bousculez-la un peu avec Chuluum pour vérifier.

– Écoute, Yeruldelgger, je ne préfère pas… je préférerais que tu y ailles toi-même.

Il leva la tête, mais elle évita son regard. Il n’avait jamais vécu une telle dérobade de sa part.

– Qu’est-ce que ça veut dire, Oyun ?

– Ne m’en veux pas, Yerul. C’est à cause de la fille…

– Quoi, la fille ? Qu’est-ce qu’elle a, la fille ?

– Elle a que c’est ta fille. C’est Saraa ! »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Manook-Yeruldelgger/525266

 

 

« - Tu lui manques de respect encore une fois et je t'attache par la queue à son cheval au galop, tu as bien compris ?

- Oui, commissaire; s'excusa le policier, penaud.

- Et la tienne, pas celle du cheval !

- De quoi, commissaire ?

- De queue !

- Compris, commissaire ».

 

 

« Solongo croyait aux esprits. A ces liens qui se tissent entre des êtres distants. Elle ne croyait ni aux superstitions ni aux sciences divinatoires. Juste aux mystères de ces connexions encore inexpliquées entre ce qui est en nous et ce que nous ignorons ».

 

 

« Quand il jugea Yeruldelgger assez loin pour ne plus être physiquement dangereux, Mickey apparut dans l’encadrement de la porte en essayant de se grandir autant que possible.

– Tu es mort, Yeruldelgger ! hurla-t-il de loin. Tu m’entends ? Professionnellement tu es mort ! Je te retire toutes tes enquêtes, tu m’entends ? Vous m’entendez vous autres ? Yeruldelgger ne travaille plus pour nous, c’est bien compris ? »

 

 

« Qu’est ce que tu regardes ! ? vociféra le gros flic.

- T’as d’beaux yeux tu sais ? répondit Yeruldelgger.

Il s’était toujours promis de placer cette réplique dans une situation comme celle-ci. Il l’avait apprise d’un film français qu’il avait vu pendant sa période ciné-club à l’Alliance française ».

 

 

« En quelques décennies, le régime d’avant avait décimé ceux qu’il appelait « les fainéants et les superstitieux ». Des cent mille moines que comptait la Mongolie, il n’en était bientôt resté que cent officiels à Oulan-Bator ».

 

 

« Les restaurants qui servent de la nage de mouton et du caillé de yaourt tiède devraient être inscrits au patrimoine national ».

 

 

« Oyun se demandait souvent pourquoi sa belle Mongolie semblait aussi délabrée. Partout, quand elle traversait les banlieues et les villages, elle ressentait cette impression étrange d'un abandon résigné. Comme si le quotidien des gens, dans ce pays immense et magnifique, s'étriquait dans un présent rabougri avec pour seule ambition de survivre aux jours qui passent. Elle ne savait dire si le pays de l'intérieur était un chantier à l'abandon, ou une construction en décomposition. Et elle gardait toujours ce sentiment étrange d'un passé et d'un futur sans vie qui laissaient les pauvres gens dans un présent sans ambition, fait de petits espoirs quotidiens. Ou de petits désespoirs... »

 

 

« En ressortant de l’autre côté face à l’étang constellé du reflet des étoiles, le policier reçut au cœur un coup beaucoup plus douloureux que ceux que lui avait portés le chauffeur. Il avait vécu autour de cet étang des années si heureuses avec Kushi, Saraa et Uyunga. Des nuits d’été, allongés dans l’herbe rase, blottis tous les quatre les uns contre les autres, à inventer des constellations et donner des noms idiots aux étoiles. L’émotion lui brisa les jambes et le força à s’arrêter pour reprendre son souffle. Il devina la présence d’Erdenbat, loin derrière lui, et se retourna. L’ombre le regardait depuis le ranch, immobile derrière l’immense baie vitrée de la bibliothèque. Yeruldelgger comprit à cet instant qu’il l’avait fait venir au ranch pour le faire souffrir d’une façon plus cruelle qu’en le faisant cogner par une brute ».

 

 

« Il ne croyait pas à grand chose, sinon à la paix des âmes. La vie était si lourde à porter et si dure à affronter que selon lui toute âme devait avoir droit à la paix, au repos et au respect en la quittant ».

 

 

« Il n’était plus habité que par le devoir intime, serein, calme de prendre la vie de ceux qui avaient pris ou essayé de prendre la vie de ceux qu’il aimait ».

 

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7 mars 2015 6 07 /03 /mars /2015 11:49

http://img.over-blog-kiwi.com/0/56/19/02/20140720/ob_e5699a_queen-2014-omni.jpg

 

« - Vous disiez, Mr Queen ?

- Oh ! rien !

- En tout cas, je dormirai plus tranquille grâce à vous inspecteur, soupira Jessie après un silence. Merci de m’avoir ramenée.

J’ai été heureux de cette rencontre, répondit le vieux monsieur avec une inexplicable mélancolie. Bonne nuit, Miss Sherwood.

- Bonne nuit, murmura Jessie qui se demandait si elle le reverrait jamais ».

 

 

J’aime beaucoup les polars et les thrillers, ce sont même mes lectures préférées, mais je ne connaissais pas Ellery Queen (pseudonyme collectif utilisé par deux écrivains américains, Manford (Emanuel) Lepofsky, alias Manfred Bennington Lee (1905–1971) et Daniel Nathan, alias Frederic Dannay (1905–1982)). Je remercie donc les éditions omnibus et Babélio qui m’ont envoyé « Le cas de l'inspecteur Queen » dans le cadre de l’opération Masse Critique, qui je le redis encore une fois, tant pis je me répète, est vraiment une excellente initiative. Merci merci.

Non je ne me suis pas trompée, l’auteur est bien Ellery Queen et le titre « Le cas de l’inspecteur Queen » du même nom. C’est ainsi. Les auteurs ont choisi le même patronyme pour leur pseudo et leur « héro ». En me renseignant un peu, je me suis aperçue qu’en fait, la série « Queen » a comme policier récurrent le jeune inspecteur Ellery Queen, or dans ce polar le personnage principal est son père, Richard Queen, inspecteur de police aussi, tout juste à la retraite. Qui s’ennuie profondément. Pendant l’absence de son fils, il est en vacances chez des amis, les Pearl, dont Abe qui est… vous l’aurez deviné, policier. C’est une grande histoire de famille.

En se promenant il fait la rencontre d’une nurse, Jessie Sherwood, chargée de s’occuper d’un beau petit bébé, Michael, nouvellement adopté par une famille très riche, les Humffrey. Cet homme vieillissant, solitaire et inactif, a le cœur qui se met à battre pour cette belle femme, encore jeune… mais bien sûr, vu son âge, il essaie de s’interdire toute rêverie romantique à son encontre.

Quelques jours plus tard, au grand désespoir de Jessie Sherwood, le bébé est retrouvé mort alors qu’elle revenait de quelques jours passés à l’extérieur de la propriété. Une taie d’oreiller tachée lui fait penser immédiatement que le bébé a été assassiné, étouffé. Mais cette taie d’oreille disparait mystérieusement… Une longue enquête se met en place, où aucune preuve ne vient plus étayer la piste du crime. Et l’affaire est classée comme accidentelle. Sauf pour Jessie Sherwood et l’ex-inspecteur Queen qui vont se lancer avec leurs propres moyens dans une enquête secrète pour trouver l’assassin. D’autres cadavres vont se retrouver sur leur long chemin vers la vérité.

Ce polar est bien écrit, l’intrigue bien pensée, mais j’ai trouvé, personnellement, le rythme un peu lent. On s’attache surtout aux difficultés auxquelles se heurtent ces deux personnes qui mènent l’enquête, sans les moyens officiels de la police, même si l’ex-inspecteur Queen a encore ses entrées. Et en parallèle, on suit également la psychologie de la rencontre de deux solitudes, qui ont trop de pudeur pour s’avouer l’attirance mutuelle qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Souvent, l’enquête n’est que secondaire.

Je pense que c’est peut-être une manière plus ancienne d’écrire les polars (publication de ce livre en 1956). Il est vrai que maintenant on est plus habitué à des intrigues qui « pulsent », très rythmées… que je préfère personnellement.

Cela n’enlève en rien à la qualité du récit d’Ellery Queen que je suis heureuse d’avoir découvert.

 

 

« - Vous ignorez donc ce que Michael signifiait pour moi ? insista le milliardaire, les yeux flamboyants.

- C’était tout votre espoir, je le sais. Mais… Vous m’aurez obligée à parler, Mr Humffrey ! Maintenant que le bébé n’est plus, vous voulez enterrer l’affaire avec ses restes. Tout, plutôt que de voir votre nom mêlé à une enquête criminelle ! Je ne parviens pas à comprendre les gens de votre espèce. Il y a des choses beaucoup plus graves que le respect d’un nom. Entre autres, laisser courir l’assassin d’un petit enfant.

- Vous avez terminé ?

- Oui, murmura Jessie.

- Non, un instant, Miss Sherwood….

Jessie avait atteint la porte. Elle se retourna, comme une bête prise au piège ».

 

 

Résumé éditeur :

Retraité de fraîche date, l'inspecteur Queen supporte mal l'oisiveté. Sa rencontre avec Jessie Sherwood l'oblige à reprendre du service...

L'inspecteur Queen dont il est question ici n'est pas Ellery, mais Richard, son père, qui se trouve appelé à résoudre une affaire à la seule lumière d'une déduction de son illustre fils.

 

 

« Combien de fois Jessie avait-elle voulu se forcer à lui téléphoner en substance : « Dick, nous avons, l’un et l’autre, passé l’âge du romanesque. Quittons-nous bons amis. Que chacun retourne à ses occupations : nurse Sherwood à ses bassins et ses sondes, Richard Queen à ses flâneries, au bord de la mer… »

« Oh ! Je ne devrais pas être ici ! songea-t-elle. Mrs Jones est sur le point d’accoucher, et je lui ai promis… »

Il était au fond du couloir, et l’appelait de la main.

Jessie n’avait pas entendu s’ouvrir la porte du bureau 622.

Elle s’avança rapidement.

Richard Queen avait l’expression tendue d’un inspecteur de police dans l’exercice de ses fonctions, et il tenait la porte entrebâillée.

- Je peux entrer maintenant, Richard ?

- Cela dépend de vous, Jessie. De votre résistance nerveuse, plus exactement.

- Comment ? Finner n’est pas dans son bureau ?

- Si. Mais il est mort ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Queen-Le-cas-de-linspecteur-Queen/369947

 

 

« Abe Pearl criait si fort, à l’autre bout du fil, que Richard Queen regarda la porte ouverte sur la chambre.

- Inutile de hurler, Abe, grommela-t-il. Je ne suis pas encore sourd.

- J’ai essayé de vous atteindre toute la soirée, Dick ! Où diable étiez-vous ? D’où m’appelez-vous, à cette heure ?

Le chef Pearl paraissait furieux.

- Je suis chez Jessie Sherwood, à New-York.

- Ecoutez, Dick. Roucoulez tant qu’il vous plaira, mais donnez-moi le numéro de téléphone de votre belle, afin que je puisse vous joindre. C’est vous qui avez levé ce lièvre, après tout !

- Epargnez-moi ce genre de plaisanterie, Abe, grogna le vieux monsieur. Je ne roucoule avec personne ».

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 19:48

http://www.seuil.com/images/couv/b/9782021089615.jpg

 

« Aujourd’hui, voici précisément 40 jours qu’Hanneke Sloet a été assassinée. 40 jours de dissimulation. Vous savez pourquoi elle a été tuée.

C’est mon cinquième message mais vous n’écoutez pas. À présent, vous ne me laissez plus le choix. Aujourd’hui, je vais tirer sur un policier. Dans les jambes. Et tous les jours, je tirerai sur un policier, jusqu’à ce que vous condamniez le meurtrier.

S’il n’y a pas de compte rendu dans le journal demain annonçant que vous avez rouvert le dossier Sloet, la prochaine balle ne sera pas dans la jambe ».

 

 

Déon Meyer… Cela fait un moment que j’ai l’intention de le lire. Pour moi il avait tout pour m’attirer : polar et Afrique du Sud. L’occasion s’est enfin présentée et comme je devais pour un challenge lire un livre avec un titre contenant un chiffre, j’ai commencé par « 7 jours ».

Au début du livre, on fait connaissance avec le Capitaine Benny Griessel, divorcé, ancien alcoolique, sobre depuis quelques temps et qui essaie comme il peut de tenir. Il a rencontré dans les réunions d’anciens alcooliques, la magnifique Alexa, ancienne star, dont il est secrètement amoureux. Le début du polar, comme Benny Griessel, a du mal à prendre son rythme. Entre ses états d’âme, personnels et professionnels, Alexa et une situation de crise où il se voit confier la réouverture d’une enquête sur un meurtre non résolue et dont la résolution pourrait arrêter un sniper qui tire chaque jour sur un policier, l’intrigue peine un peu. L’enquête tourne en rond… toute la première partie m’a paru bien longue… heureusement la deuxième partie accélère un peu pour aboutir à un bon final.

Soyons honnête, je ne peux pas dire que je sois complètement tombée sous le charme. J’ai aimé la situation en Afrique du Sud post apartheid, la cohabitation des différentes communautés au sein même de la police, les expressions en afrikaner ou xhosa… mais quand on a lu du Caryl Ferey, Maxime Chattam, Pierre Lemaître et/ou autres…. le rythme parait bien lent.

Je lirai sans doute un autre Déon Meyer, mais ça ne sera pas une urgence…

 

 

« On ne peut jamais réparer les dégâts.

Et le goût de l’alcool dans sa bouche. Mon Dieu, il le sentait encore. Quand elle l’avait embrassé, il n’avait pas pensé à faire l’amour, il avait eu une envie violente et soudaine de boire. Et d’être à sa place, dans ce monde doux et nébuleux de l’ébriété, où tout est arrondi et inoffensif, sans coins ni arêtes pour vous blesser.

Une alarme s’était déclenchée dans un coin de sa tête : il était mal parti.

Attention, Benny, ça ne fait pas encore un an que tu es sobre. Un couple d’alcooliques… ça multiplie le risque par deux.

Doc Barkhuizen était un homme intelligent ».

 

 

Résumé éditeur :

Un mystérieux imprécateur menace, dans un mail délirant, d’abattre un policier par jour tant que le meurtrier de la belle avocate d’affaires Hanneke Sloet n’aura pas été arrêté.

Et s’empresse de joindre le geste à la parole.

La police du Cap, prise de panique, charge Benny Griessel, déjà rencontré dans Le Pic du diable et 13 Heures, de rouvrir l’enquête, au repos depuis plus d’un mois.

Pas d’indices, pas de mobile, pas de témoins, juste quelques photos où la victime posait nue, une forte pression venue du sommet de la hiérarchie, et un sniper insaisissable manifestement décidé à poursuivre sa mission.

Fragilisé par la piètre opinion qu’il a de lui-même, déchiré entre le désastre de sa vie privée et son exceptionnelle conscience professionnelle, Griessel va devoir repartir de zéro.

À l’arrière-plan se dessine bientôt un paysage urbain d’intérêts politiques et financiers, de compromission et de corruption, qui ouvre bien des perspectives et nous indique plus d’une fausse piste. Jusqu’au stupéfiant coup de théâtre final.

 

 

« Pourquoi alors un meurtre sans vol ni agression sexuelle ?

La grande question : qui avait un mobile ?

Il commença sa fouille à l’étage, dans la seconde chambre, déjà habitué à ce qu’on ressentait, ce curieux mélange de voyeurisme et d’excitation ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Meyer-7-jours/489349

 

 

« – Mais c’est des conneries.

– Capitaine, intervint Mbali. S’il vous plaît. Quand un homme utilise des jurons pour étayer ses arguments, soit les arguments sont faibles, soit c’est l’homme qui est faible.

– Vous avisez pas de me sermonner, répondit Cupido, agressif.

Mbali l’ignora.

– Benny, tu crois qu’il a peur que quelqu’un l’identifie ?

– Peut-être que le sniper la connaissait. Il craint peut-être que quelqu’un fasse le rapprochement si les médias disent qu’il parle de communistes. Et il sait qu’on ne peut pas se permettre de diffuser cette information au public. Je ne sais pas. Il doit y avoir une raison.

Il dodelina de la tête, l’esprit confus, il n’arrivait tout simplement pas à formuler les choses correctement ».

 

 

« Il essaya de puiser un peu de confiance dans la satisfaction qu’il avait éprouvée plus tôt, mais elle l’abandonna quand il enfila la salopette, la perruque et la casquette, et grimpa dans le Chana.

Puis la tension monta, du plus profond de lui, s’étendit lentement comme une fièvre. Il commença à transpirer, les mains moites sur le volant, il eut envie de vomir et ses pensées se mirent à papillonner d’un risque à l’autre. Doute. Il n’avait pas l’étoffe qu’il fallait. Ils allaient lui mettre la main dessus.

Seule une volonté absolue l’empêcha de tout laisser tomber ».

 

 

« Il était dans la police depuis vingt-six ans, et, pour autant qu'il puisse en juger, les gens étaient exactement pareils qu'à ses débuts. Ils volaient et tuaient pour les mêmes raisons. Afrikaners, Anglais. Blancs, Noirs ou Métis. Et il soupçonnait qu'il en avait toujours été ainsi depuis des centaines d'années. Il y avait toujours eu des femmes qui réclamaient plus d'attention que d'autres. Son instinct lui soufflait que la vie, les actions des gens se résumaient à la vieille règle de criminologie : prédisposition, environnement et circonstances. La nouvelle Afrique du Sud n'y avait rien changé. Pas plus que Facebook, Twitter ou Linked Up ou In, quel que soit le dernier truc à la mode ».

 

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L'Histoire de France : des origines à 1789 pour les nuls

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