Le désarmement extérieur passe par le désarmement intérieur. Le seul vrai garant de la paix est en soi.
Dalaï Lama
Si nous devenions violents, nous n'aurions plus rien à défendre.
Dalaï Lama
Une semaine potentiellement explosive s'ouvre au Tibet, avec la célébration de deux anniversaires symboliques de la lutte des Tibétains contre la tutelle de la Chine.
La Chine a renforcé le contrôle des frontières du Tibet et a déployé des troupes supplémentaires le long de la frontière, dans la région autonome du Tibet.
La région est sous tension alors que se profilent non seulement le premier anniversaire des émeutes de Lhassa, mais aussi le 50e anniversaire, le 10 mars, d'un soulèvement contre la présence chinoise, qui avait été écrasé par Pékin et durant lequel le dalaï lama s'était enfui en Inde.
La Chine redoute des infiltrations de Tibétains en exil en Inde ou au Népal dans sa région autonome du Tibet. Elle dénonce régulièrement les velléités présumées de " sabotage " et de " déstabilisation " de " la clique du dalaï lama ", chef spirituel des bouddhistes tibétains.
Les émeutes de Lhassa, l'an dernier, avaient succédé à des manifestations pacifiques de moines qui voulaient commémorer les événements de 1959.
Selon Pékin, les émeutiers ont tué 21 personnes. Les Tibétains en exil affirment, eux, que la répression a fait au moins 200 morts.
Ces dernières semaines, en dépit des mesures de sécurité renforcées dans les régions tibétaines, plusieurs incidents ont éclaté, selon les groupes de défense du Tibet.
Des groupes radicaux tibétains exilés en Inde ont annoncé hier qu'ils célébreraient dès aujourd'hui le 50e anniversaire du soulèvement raté contre la Chine au Tibet, suivi de la fuite du dalaï lama.
Ce dernier, chef spirituel du bouddhisme tibétain et réfugié depuis 1959 dans la bourgade indienne de Dharamsala (nord), a pourtant enjoint ses fidèles à se contenter de cérémonies et de prières sans faire trop entendre leurs voix.
Pour autant, " Dix mille personnes pourraient rejoindre notre mouvement visant à faire monter la tension avec la Chine ", a prévenu Tenzin Choeying, président du groupuscule des Etudiants pour un Tibet libre.
" Notre objectif à long terme demeure l'indépendance totale (du Tibet) face à la brutalité du régime chinois ", a-t-il rappelé, se démarquant ainsi de la stratégie autonomiste du dalaï lama.
Après la journée anniversaire de ce 50e anniversaire de la rébellion avortée du Tibet contre Pékin, le dalaï lama accuse la Chine d'avoir fait du Toit du monde un " enfer ".
Depuis son lieu d'exil de Dharamsala, dans le nord de l'Inde, le chef spirituel du bouddhisme tibétain a réitéré sa revendication d'une "autonomie significative" pour son pays natal.
"Ces cinquante dernières années ont été celles de la souffrance et des destructions pour le territoire et le peuple du Tibet", a dit le lauréat 1989 du prix Nobel de la paix, dans un discours prononcé devant son temple accroché aux contreforts de l'Himalaya.
"Une fois le Tibet occupé, le gouvernement communiste chinois y a mené toute une série de campagnes de violences et de répression (...) Les Tibétains ont littéralement vécu un enfer ", a accusé le bonze. "Conséquence immédiate de ces campagnes: la mort de centaine de milliers de Tibétains", a-t-il fustigé.
Pékin a répliqué en accusant le dalaï lama de ne pas distinguer "le vrai du faux" et de "propager des rumeurs".
" Aujourd'hui les Tibétains au Tibet vivent en permanence dans la crainte", a martelé le dalaï lama. Pour autant, le moine de 73 ans, homme politique pragmatique et fin diplomate, a toujours défendu une stratégie non-violente. "La justice prévaudra à propos de la cause tibétaine", a-t-il assuré. En novembre dernier, le dignitaire bouddhiste avait cependant lui même "reconnu l'échec" de son combat pour une autonomie " significative " du Tibet, après huit ans de négociations infructueuses avec Pékin.