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13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 11:58

http://www.babelio.com/couv/cvt_Les-heures-secretes_5185.jpeg

 

« - Ma Léa, il ne vous manque que le chapeau à voilette et le face-à-main… Vous êtes parfaite !

- Mais vous, mon gendre, je vais vous faire une confidence : je ne me fais pas à votre barbouze de guérillero mexicain. Vous savez, lorsque je pense à vous, vous avez toujours seize ans, la peau douce et des culottes courtes. Le bon vieux temps, quoi… « Bon vieux temps »… vous ne trouvez pas que c’est une expression grotesque ? Tout compte fait, à y voir de plus près, vous ne me paraissez pas aussi frais que ça…

Dans cette déclaration d’affection détournée, il s’enchante d’apprendre qu’elle pense à lui parfois, perçoit des regrets voilés. Et, comme toujours, ce vouvoiement qu’il adore… Ils n’ont jamais voulu adopter le « tu », malgré la pression insistante de leur entourage. Surtout celle de Régine et Nathan. Quant à Etienne, il comprenait, lui, les beautés subtiles du « vous », il en était jaloux. C’était un romantique un peu désuet. Et il le serait resté s’il avait vécu ».

 

 

C’est un livre que j’ai lu très vite, en quelques heures… tout au long de la lecture j’ai ressenti une sorte de malaise qui ne s’est pas dissipé jusqu’à la fin (j’avais espéré une fin qui m’apaise, mais non).

Ce n’est pas tant le fait qu’il s’agisse d’un livre qui parle beaucoup de personnes décédées, de passé, de fin de vie, d’amours malheureux ou inaboutis… mais surtout le fait que le narrateur, homme de 70 ans est tombé amoureux à 16 ans de la mère de son meilleur ami, Etienne… qu’il va épouser la sœur de cet ami, Régine… l’a-t-il jamais vraiment aimé ? ou l’a-t-il épousé pour être auprès de sa belle-mère, Léa, objet de sa passion, de son amour… mais inaccessible par son âge, et aussi qu’elle soit mariée à Nathan. Amour toujours présent, alors que Régine, Etienne et Nathan sont morts… il ne reste plus que lui, 70 ans, et Léa, 90 ans… ils finissent après bien des questionnements, un mal être ambiant, par s’avouer leur amour mutuel…

Après cet aveu, Léa veut finir sa vie tranquillement sans plus revoir Pierre… Lui, comme l’adolescent qu’il a été, veut l’emmener à Venise…

Et en parallèle de tout cela qui est déjà malsain, en tout cas pour moi, une nouvelle voisine du narrateur, une jeune femme divorcée de 35 ans (âge de sa propre fille) avec un jeune enfant, fait irruption dans sa vie…

Et peu à peu, il en tombe amoureux et une relation entre eux se met en place.

Je trouve que sous prétexte de liberté, d’abandon des conventions etc., Pierre, le narrateur, transgresse beaucoup de choses, « d’interdits » auxquels je tiens.

Cette liberté se paie aussi au détriment, souvent, de l’entourage… Pourquoi Etienne s’est suicidé ? Et Régine, comment a-t-elle vécu tout cela ? Nathan ?

Et pour en rajouter, comme si cela ne suffisait pas, certains secrets douloureux, sulfureux, remontent à la surface de sa mémoire à la fin du livre sur son enfance…

Non, j’avoue que cette lecture m’a vraiment mise mal à l’aise, bien que très bien écrit.

 

 

« Dormir lui est devenu encore moins facile sans Régine. Malgré l'inévitable usure du désir, ils avaient toujours gardé le besoin de s'enrouler l'un autour de l'autre, de s'encastrer serait plus exact. Chaque nuit, leurs corps se retrouvaient, s'emboîtaient à la perfection, comme si bras, cuisses, fesses et ventres avaient gardé l'empreinte et la mémoire des gestes.

Même déjà profondément endormie, lorsqu'il venait enfin se coucher, vers trois heures du matin, Régine l'accueillait tout contre elle. Ils sombraient dans un sommeil mitoyen, dormaient serrés et dépendants du moindre souffle de l'autre, de son moindre sursaut. Pareils à des chiots, pareils à des enfants, ils ne formaient plus qu'un tout inextricable. Enchevêtrés, blottis bien au chaud, ils se sentaient rassurés jusqu'au matin. Sans doute chacun recherchait-il dans cette harmonie des corps et sans avoir jamais en besoin de le dire un tendre réconfort pour affronter ses propres ténèbres ».

 

 

Résumé éditeur :

Pierre a été libraire. Il est à la retraite, se sent vieux, rumine les occasions manquées de sa vie. Son épouse est morte brutalement dans des circonstances dont il se sent coupable.

Son fils vit aux USA. Ils communiquent par mail. Il ne voit jamais son petit-fils qui ne parle même pas français. Sa fille voudrait le prendre en main, mais ses intrusions l’embêtent.

Il y a une personne qui sauve Pierre de ses ronchonnements d’homme vieillissant : c’est Léa, sa belle-mère. Elle a 90 ans et vit dans sa maison de repos en province. Il va lui rendre visite en moto.

Léa a gardé sa grâce féminine. Elle est drôle, dit tout haut, avec provocation, ce que d’ordinaire on ne dit pas. Pierre est tombé amoureux d’elle quand il avait 16 ans. Il était le meilleur ami de son fils, et il a fini par épouser sa fille.

Le roman met en scène les relations entre Pierre et Léa, la découverte progressive et l’aveu, finalement, de leur amour.

Car Léa aussi a aimé Pierre quand elle était encore jeune et lui un adolescent. Cette passion réprimée qui s’avoue trop tard est bouleversante. Parallèlement, Pierre, que Léa incite sinon à refaire sa vie, du moins à la continuer (« Secouez-vous, mon p’tit ») fait la connaissance d’une voisine de 35 ans, divorcée avec un petit garçon et, ragaillardi par les leçons de Léa, accepte cette possibilité d’un second amour.

 

 

« A présent que Léa et lui viennent de mettre fin à un silence de plus de cinquante ans, il prend conscience que chaque personne, à l'instant où elle disparaît, emporte avec elle son énigme, laisse ceux qui lui survivent dans une profonde ignorance, dans d'obsédantes conjectures. Une tombe, un secret. C'est bien ainsi ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Brami-Les-heures-secretes/261735

 

 

« Il sait bien, et pour cause, que le choix des livres est personnel. A tel point que, parfois, on se sent indiscret de découvrir à la dérobée la bibliothèque d'un lecteur. C'est comme une violation, une effraction de l'intimité, un portrait chinois ».

 

 

« Depuis longtemps il se rend compte qu’il s’est souvent jeté dans le désespoir d’autrui pour étouffer le sien propre, pour sortir de la noirceur de son petit moi. Régine, fine mouche, qui qualifiait ses actes de bravoure altruiste de « pis-aller », lui avait même vanté les bienfaits d’une psychanalyse, mais ce genre de thérapie, il s’en méfiait. Il trouvait qu’il s’en sortirait toujours mieux seul qu’à s’apitoyer sur son sort, qu’à lécher les plaies de son enfance ».

 

 

 

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commentaires

P
<br /> je viens te déposer plein de bisous à cette heure pas secrète !! bizz ma Véro<br />
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D
<br /> Bonjour Véro,<br /> <br /> <br /> Un petit détour chez toi , toujours bien agréable d'ailleurs, J'espère que tu vas de mieux en mieux et que la souffrance s'estompe peu à peu.J'imagine que la lecture doit être encore plus source<br /> de passe temps et peut-être aussi un moyen de contourner ce handicap momentané que tu vis.<br /> Je te le souhaite en tout cas.<br /> Je pense souvent à toi qui vit des moments délicats dans sa vie et ça me permet de relativiser les miens.<br /> <br /> <br /> Bisous a++ Dominique <br />
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