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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 13:04

9782253141457FS.gif« La haine qu'ils éprouvaient tous les deux pour la petite était due en grande partie à ce qu'elle tenait de l'un et de l'autre ».

 

 

Je continue ma découverte de Gabriel Garcia Marquez, grâce à une amie qui m’en avait prêté trois… chance ! Car j’aime son écriture,… non j’adore… j’ai dévoré ce livre avec un énorme plaisir. Je le place au même niveau que Cent ans de solitude, simplement celui-ci est bien plus court et son écriture peut être un peu plus « accessible » pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de l’écriture si particulière de cet auteur.

On suit la vie de Sierva Maria quelques mois, du jour de ses 12 ans, où elle se fait mordre par un chien qui a la rage jusqu’à son décès. Va-t-elle la développer ou pas, nul ne le sait… mais on vit dans un pays où tout est prétexte aux croyances les plus fantastiques, les plus incroyables, où le réel côtoie intimement l’irréel… La vérité est souvent perdante devant les croyances, les légendes… Sierva Maria est une jeune marquise créole, pas aimée de ses parents et élevée par les esclaves noires… La bêtise et les croyances vont la faire passer pour possédée par le Malin et mener par son propre père dans un couvent, le couvent des emmurées vivantes, jusqu’aux séances d’exorcisme…

À lire… vraiment !

 

 

« On était le 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise, évêque, et la musique et la poudre tonnaient dans le patio des esclaves en l'honneur de Sierva Maria. Le marquis se frappa le front de la paume de sa main.

Mais bien sûr, dit-il. Quel âge a-t-elle ?

Douze ans, répondit Bernarda.

Douze ans, c'est tout ? soupira-t-il après s'être recouché dans le hamac, que la vie est lente ! »

 

 

Résumé de l’éditeur :

En 1942, au cours de travaux dans un couvent d'Amérique latine, sont mis au jour les restes d'une adolescente, Sierva Maria de Todos Los Angeles. Sa splendide chevelure mesure vingt-deux mètres de long... Le romancier du Général dans son labyrinthe aurait-il tiré cette étrange découverte de sa flamboyante imagination ? Réelle ou fictive, en tout cas, elle est le point de départ d'une singulière histoire d'amour, dans le cadre joyeux, coloré, décadent de Carthagène des Indes, au milieu du XVIIIe siècle. Fille unique du marquis de Casalduero, Sierva Maria a douze ans lorsqu'elle est mordue par un chien couleur de cendre, portant une lune blanche au front. Soupçonnée de rage ou de possession diabolique, enfermée au couvent par l'Inquisition, elle vivra avec son exorciste, Don Cayetano Delaura, une passion folle, destructrice, forcément maudite...

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio :

 

http://www.babelio.com/livres/Garcia-Marquez-De-lamour-et-autres-demons/7613

 

 

« La tresse, mal arrangée, se déroula presque jusqu'à terre. La sœur tourière refusa de croire qu'elle était naturelle. Le marquis voulut la rattacher. La petite l'écarta et l'arrangea toute seule avec une habileté qui surprit la nonne.

"Il faut la lui couper, dit-elle."

- C'est un vœu à la Sainte Vierge de ne la couper qu'au soir de ses noces" dit le marquis.

La sœur tourière se plia à l'argument ».

 

 

« Installé à son aise, l’évêque dit :

« Et bien, à présent raconte-moi ton rêve ».

Il était fort simple. Delaura avait rêvé que Sierva Maria était assise à une fenêtre face à un paysage de neige, et qu’elle détachait et mangeait un à un les grains d’une grappe de raisin posée sur ses genoux. Chaque baie ainsi cueillie repoussait aussitôt sur la grappe. Dans le rêve, la petite était à l’évidence depuis maintes années devant cette fenêtre infinie, occupée à terminer la grappe sans hâte aucune parce qu’elle savait que dans le dernier grain se trouvait la mort ».

 

 

« De près, Sierva Maria était couverte d’égratignures et d’ecchymoses, et le frottement des courroies avait laissé sa chair à vif. Mais le plus impressionnant était la blessure à la cheville, brûlante et suppurante à cause de la charlatanerie des guérisseurs.

Tout en l’examinant, Delaura lui expliqua qu’on ne l’avait pas amenée ici pour la martyriser mais parce que l’on soupçonnait qu’un démon s’était introduit dans son corps afin de lui voler son âme. Pour établir la vérité, il avait besoin de son aide. Mais il ne pouvait pas savoir si elle l’écoutait si elle comprenait que c’était là une supplique du cœur ».

 

 

« Il n'est de médecine qui guérisse ce que ne guérit pas le bonheur ».

 

 

« Nous sommes si loin, soupira-t-il;

- Loin de quoi ?

- De nous-mêmes, dit l'évêque. Te semble-t-il juste qu'il faille attendre jusqu'à un an pour apprendre qu'on est orphelin ? Comme il ne recevait pas de réponse, il épancha ses regrets : La seule idée qu'en Espagne la nuit soit déjà passée me remplit de terreur.

- Nous ne pouvons pas arrêter la rotation de la terre, dit Delaura.

-Mais nous pourrions l'ignorer afin qu'elle ne nous fasse plus souffrir dit l'évêque.

Ce n'est pas tant la foi que du cœur qui manquait à Galilée. »

 

 

« "Votre religion est celle de la mort et elle vous insuffle le courage et la chance de pouvoir l'affronter, dit-il. Ce n'est pas mon cas : je crois que la seule chose essentielle c'est d'être vivant" ».

 

 

« - Prenez garde, dit Delaura. Parfois nous attribuons au démon certaines choses que nous ne comprenons pas, sans penser que ce que nous ne comprenons pas peut venir de Dieu.

- Saint Thomas a dit, et à lui je m'en tiens : il ne faut point croire les démons quand même ils disent la vérité. »

 

 

« Les jours suivants, ils ne connurent d'instants de paix qu'ensemble. Ils causèrent des douleurs de la passion sans jamais se rassasier, s'épuisèrent en baisers, déclamèrent des poèmes d'amour en versant des larmes de feu, chantèrent à voix basse, roulèrent dans des abîmes de volupté, jusqu'aux limites de leurs forces : exténués mais vierges. Car il avait décidé de respecter ses vœux jusqu'au jour du sacrement, et elle avait accepté sa résolution ».

 

 

« Les gens vivaient avec les charognards et les porcs dans les cases d'argiles avec toits de palme, et les enfants buvaient l'eau boueuse des rues. Pourtant, avec ses couleurs vives et ses voix chantantes, c'était le quartier le plus gai, surtout au crépuscule, lorsqu'on sortait les chaises pour prendre le frais au milieu de la rue ».

 

 

« A l’aube du 27 avril, Sierva Maria s’abandonnait au sommeil après que Cayetano eut quitté la cellule, lorsque soudain on vint la chercher pour commencer les exorcismes. Ce fut un rituel de condamné à mort. On la traîna de force jusqu’à l’abreuvoir, on la lava à grands seaux, on la dépouilla avec brutalité de ses colliers, et on la revêtit de la robe barbare des hérétiques. La sœur jardinière coupa sa chevelure à hauteur de la nuque de quatre coups de cisaille pareils à quatre morsures, et la jeta au bûcher allumé dans le patio. Une sœur converse acheva de tondre les épis et n’en laissa qu’un demi-pouce, comme les cheveux des clarisses, sous le voile, et à mesure qu’elle les coupait elle les jetait dans le feu. Sierva Maria vit l’embrasement doré, entendit le crépitement du bois vierge, sentit l’âcre odeur de corne brûlée sans que frémît un muscle de son visage qui restait de marbre. Enfin, on lui passa une camisole de force, on la recouvrit d’un drap funèbre, et deux esclaves la portèrent dans la chapelle sur une civière à soldat ».

 

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commentaires

P
<br /> je sue sévère .. mais on ne peut pas se plaindre hein ! biz<br />
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